Le 21 mai 1961, alors qu’il est recherché par la police, que le droit de grève pour les ouvriers sud-africains est interdit et passible de trois jours d’emprisonnement, et que le régime ségrégationniste et raciste du pouvoir sud-africain blanc est sur le point de lui voler 27 ans de sa vie, Nelson Mandela, jeune avocat de 32 ans, accorde à Brian Widlake, journaliste de la chaine de télévision britannique indépendante ITN, une interview clandestine, la toute première de sa carrière politique.
BW : Que veulent vraiment les sud-africains ?
NM : Les sud-africains ont besoin du droit de vote, ils le veulent sur la base de un homme, une voix, ils veulent l’indépendance politique.
BW : Croyez-vous que les sud-africains puissent développer leur pays sans que les Européens soient mis à la porte ?
NM : Nous avons été très clairs dans notre déclaration politique que l’Afrique du Sud est la terre de nombreuses races.
BW : Y-a-t-il assez de sud-africains qui ont reçu une éducation ?
NM : Oui il y a un certain nombre d’Africains qui sont instruits et qui prennent part à la lutte politique du peuple sud-africain. La question de l’éducation n’a rien à voir avec la question du vote. En de nombreuses occasions à travers l’histoire il a été démontré que les gens peuvent bénéficier du droit de vote même s’ils ne sont pas instruits. Bien sûr ils la souhaitent cette éducation. Et nous pensons que c’est bien. Mais on n’a pas à vouloir être instruit pour avoir le droit de savoir, mais on a le droit d’avoir certains droits fondamentaux, certaines aspirations, certaines exigences. De toute façon cela n’a rien à voir avec l’éducation.
BW : Est-ce que vous envisagez d’autres campagnes pour encourager la non coopération ?
NM : Oui, la récente résolution nous donne l’occasion de nouvelles campagnes de non coopération avec le gouvernement, et nous réfléchissons actuellement à la possibilité de mettre en place notre réponse à cette résolution.
BW : A l’heure actuelle le gouvernement ne vous donne pas le type de participation que vous souhaitez parfois, est-ce que cela peut engendrer la violence de votre part ?
NM : Il y a bon nombre de gens qui ressentent que la réaction du gouvernement qui veut nous faire rester à la maison, loin de toute mobilisation générale, y compris dans la communauté blanche, avec un déploiement de force à travers le pays, malgré notre déclaration solennelle selon laquelle cette campagne à travers le pays a été menée sur des bases pacifiques et non violentes en harmonie avec le but de nos luttes politiques. Nombreux sont ceux qui pensent qu’il est inutile et presque futile pour nous de parler de paix et de non violence face à un gouvernement dont l’unique réponse a été une répression sauvage contre des gens sans défense et sans armes. Nous considérons que le moment est venu pour nous de considérer, à la lumière de nos aspirations, est de rester chez nous, puisque les méthodes dont nous avons demandé l’application sont méprisées.
Quelques liens d’une part sur les derniers développements de la santé de Nelson Mandela et d'autre part sur sa fiche biographique.
http://www.bbc.co.uk/news/world-africa-12305154
http://en.wikipedia.org/wiki/Nelson_Mandela
http://www.guardian.co.uk/world/2013/jun/10/nelson-mandela-life-in-focus
http://topics.nytimes.com/top/reference/timestopics/people/m/nelson_mandela/index.html?8qa