Le Premier ministre pas sitôt désigné, les Ministres ensuite nommés, le bashing a déjà commencé. Je laisse à la droite le soin de régler ses comptes, mais des insoumis aux frondeurs, ceux qui s’autoproclament incarnation de la « vraie » gauche ont fait part de leur vertueuse indignation : quel scandale ! Voilà qu’il est fait appel à des personnalités venant de la gauche, de la droite, et même du centre. Il ne faut pas avoir la mémoire courte…
Citons deux exemples relatifs aux deux plus grands hommes d’État que la France a connu depuis 1945 :
- MENDES-FRANCE a fait entrer dans son Gouvernement, en qualité de Secrétaire d’État aux Affaires étrangères, le Marquis de MOUSTIER, de droite, Député, Président du Conseil général du Doubs. Il fit aussi appel au père de M. RAFFARIN, qui fut Secrétaire d’État à l’Agriculture. 2 centristes démocrates-chrétiens firent partie du Gouvernement, tout comme 6 autres élus de droite, et 4 gaullistes. Le Gouvernement MENDES fut renversé début février 1955 par la coalition du PC et de la droite la plus réactionnaire alors qu’il fut soutenu par 45 députés gaullistes – et non des moindre – comme MM. CHABAN-DELMAS, FOUCHET, et Pierre DE GAULLE. Trois députés du Doubs sur 4 avaient voté la confiance : outre le Marquis DE MOUSTIER, ce fut le cas bien sûr de Jean MINJOZ, mais aussi de M. Auguste JOUBERT, alors Député de Droite, futur Président du Conseil général.
- En 1958, le Général DE GAULLE de retour au pouvoir fut soutenu par une écrasante majorité de droite. Cela ne l’empêcha pas de faire appel au socialiste André BOULLOCHE, par la suite Député-maire de Montbéliard, pour prendre en charge le très important Ministère de l’Éducation nationale.
Les critiques que l’on entend aujourd’hui rappellent étrangement celles qui ont visé Jean MINJOZ quand en 1965 il a élargi son Conseil municipal à l’équipe des centristes démocrates-chrétiens animée par André REGANI. Le Maire ne put par la suite que se féliciter de cet élargissement… plutôt bénéfique dans les projets mis en œuvre à l’époque dans notre Ville de Besançon.
Il faut observer que dans la plupart des intercommunalités, les responsabilités sont partagées entre droite et gauche. Quant au nouveau Premier ministre, il faut croire qu’il est capable de dépasser les clivages politiques traditionnels, puisque, au Havre qui fut longtemps un des plus importants bastions communistes, il fut en 2014 réélu Maire dès le premier tour, alors que 5 listes étaient en compétition.
Joseph PINARD