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Billet de blog 30 décembre 2013

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When I'm Sixty-Four

Lorsque le superbe album des Beatles Sgt Pepper’s Lonely Hearts Club Band est sorti en 1967, un titre avait amusé, attendri et inquiété, When I’m Sixty-Four. Amusé parce qu’à cette époque toute proche du sommet de leur gloire, les Beatles semblaient presque immortels aux yeux de leurs admirateurs, la suite, bien sûr, prouva que non

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Lorsque le superbe album des Beatles Sgt Pepper’s Lonely Hearts Club Band est sorti en 1967, un titre avait amusé, attendri et inquiété, When I’m Sixty-Four. Amusé parce qu’à cette époque toute proche du sommet de leur gloire, les Beatles semblaient presque immortels aux yeux de leurs admirateurs, la suite, bien sûr, prouva que non ;  attendri parce qu’un groupe en pleine jeunesse se livrant à une considération brute sur la vieillesse avait quelque chose d’indéfinissable et sympathique ; inquiété parce que la limite de soixante-quatre ans qu’il fixait de façon aléatoire semblait synonyme de lointaine déchéance physique, intellectuelle et sociale dans ces années Wilson incertaines.  De plus, Will you still need me, will you still feed me, when I’m sixty-four? posait crûment la question éventuelle de la dépendance.

Un des éditorialistes du NYT, Roger Cohen, a développé une réflexion approfondie, dans l’édition du 24 décembre, sur When I’m Sixty-Four pour constater que l’espérance de vie — qui, incidemment, était de 72 ans au Royaume-Uni, en 1967, année de la sortie de l’album mentionné plus haut — a sérieusement augmenté pour diverses raisons. Parmi lesquelles les progrès de la médecine, de la vaccination et de la recherche sont les facteurs majeurs d’une montée progressive de l’espérance de vie qui donnent à penser au journaliste du NYT que, désormais, le seuil de 120 ans peut être aisément atteint et dépassé. Perspective qui devrait redonner de l’espoir au prince Charles de monter un jour sur le trône, à moins que ce ne soit l’inverse si son délabrement physique est trop important. Roger Cohen a prolongé son analyse, qui, jusque là était sérieuse et intéressante, en dissertant sur l’immortalité, qui serait une source de motivation ! Mais il y a un écueil majeur dans l’éditorial du NYT.

En effet c’est une considération purement occidentale et, serait-on tenté de dire, une considération de classe. Car, si, en 1967, l’espérance de vie au Royaume-Uni était bien de 72 ans, elle n’était que de 68 ans pour la classe ouvrière, ce qui donne plus de relief et de véracité à la chanson de Paul McCartney, qui n’était pas encore Sir. Par ailleurs Roger Cohen ne tient guère compte de la réalité de 2013 et de la division du monde en pays riches et pays pauvres, et notamment de la situation des pays durement touchés par le sida et ravagés par les guerres civiles et les interventions de puissances étrangères à travers la planète. Ainsi dans les pays dits développés, en 2013 il fait bon vivre en Suède, au Japon, en France, en Suisse où l’espérance de vie moyenne est de 82 ans, chiffre supérieur  à celui de l’Allemagne et du Royaume-Uni (80), des pays de l’UE (79) et des Etats-Unis (78). En revanche, When I’m Sixty-Four continue d’être un rêve inaccessible en Centrafrique, en Afghanistan et au Soudan, où l’espérance de vie n’excède pas 48 ans, ainsi qu’au Mali, au Zimbabwe et au Malawi, où l’on ne peut guère espérer dépasser 51 ans.

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