Jess Phillips a trente-quatre ans et fait partie des plus jeunes députés de la chambre des communes du Royaume-Uni. Militante travailliste de longue date et titulaire d’un doctorat en gestion du secteur public de l’université de Leeds, elle a forcé le respect et l’admiration, en mai dernier, en redonnant au Labour la circonscription de Birmingham Yardley, au sud-est du grand Birmingham, dans le West Midlands, détenue par Estelle Morris de 1992 à 2005, puis conquise, en 2005, par John Hemming des LibDems, qu’elle a écrasé avec une avance de plus de 7000 voix. Jess Phillips fait partie du cabinet fantôme de Jeremy Corbyn au titre de l’éducation avec Lucy Powell, députée travailliste de Manchester Central. Elle est au cœur de l’actualité comme victime du machisme, de la profonde sottise et de la violence masculines. Jess Phillips a réagi, sur son compte Twitter®, avec une véhémence pleinement justifiée à la suggestion de son collègue conservateur Philip Davies, député, depuis 2005, d’une circonscription, Shipley dans le West Yorkshire, qui oscillait entre Labour et Tories depuis cinquante ans.
Davies a donc appelé de ses vœux un débat à la chambre des communes à l’occasion de la journée internationale de l’homme, qui est programmée pour le 19 novembre prochain. Suggestion sur laquelle Jess Phillips a ironisé en affirmant que, dans cette société « c’est tous les jours la journée de l’homme », tout en ajoutant qu’elle fait partie d’une commission parlementaire où elle est la seule femme. La députée travailliste a alors reçu, sur Twitter, des bordées d’injures et surtout des menaces de viol. Elle a reçu de très nombreux soutiens de collègues, hommes et femmes, des deux partis majeurs qui l’encouragent à déposer plainte devant ce qui est une atteinte gravissime et inadmissible à la liberté, à l’égalité et au respect des femmes. Le Guardian et l’Independent ont réagi comme il convenait en pareille circonstance. Quant au Times et au Telegraph, non seulement ils ont minimisé ce grave incident, mais, en plus, ils ont choisi deux titres qui font porter la responsabilité à Jess Phillips avec des choix sémantiques plus que douteux et extrêmement révélateurs : defiant MP et What’s so funny about a men’s rights debate? Il ne semble pas inutile de rappeler deux choses aux rédactions et aux lecteurs du Times et du Telegraph.
D’une part le viol est un crime et la menace d’un crime ne saurait constituer, en aucun cas, une alternative au débat démocratique — à ce propos on attend toujours la réaction du premier ministre David Cameron. D’autre part, il semble utile de rappeler à tous ces fascistes potentiels la lecture de la « une » et de l’article du New York Times Magazine du 26 juillet 2015, intitulés The Empty Chair, qui montrait trente-cinq des quarante-six femmes violées par le comédien américain Bill Cosby, la chaise vide symbolisant la place réservée à toutes celles qui ont peur et ne se sont pas encore fait connaître.