Cette série de « billets » (six au total) cherche à RÉSUMER le chapitre « l'inconscient et ses mythologies » de l'ouvrage Psychologie de la vie quotidienne de Jacques Van Rillaer (JVR) [1].
Aussi érudit [2] qu'agréable à lire, le chapitre en question resitue historiquement l'émergence de la notion d'inconscient.
Il expose également de nombreux aspects de l'évolution des connaissances sur le sujet, celles de la psychologie scientifique en particulier, souvent peu connu dans notre « beau pays » ; et pointe le « danger » d'invoquer cette notion à tout propos.
C'est peu de dire qu'au final, le concept d'inconscient en sort « dépsychanalysé » [3]...
Plan du billet :
Il est, par nature, calqué sur celui du chapitre.
Il comprendra donc le sous-chapitre suivant [4] (les numéros de sous-chapitres apparaissant dans cette note ont été ajoutés pour la clarté de la lecture ; ils n’existent pas dans l’ouvrage) :
VI. FORCE ET FRAGILITÉ DE LA MÉMOIRE
Toute la vie psychique s'appuie sur la mémoire.
Les mécanismes de la mémorisation ont évolué, chez l'Homo sapiens, tout au long de la phylogenèse. Mais si l'on peut s'émerveiller de notre capacité actuelle à nous souvenir, condition indispensable à la survie de notre espèce et à nos étonnantes réalisations intellectuelles, il importe toutefois de reconnaître l'imperfection de cet « outil d'un merveilleux secours » (Montaigne). Les observations recueillies par la psychologie scientifique, depuis plus d'un siècle, démontrent clairement une fréquence d'erreurs et d'illusions dans l'évocation des souvenirs, que les non-spécialistes ne peuvent imaginer.
Acquis essentiel de la psychologie contemporaine, cette mise en évidence du manque de fiabilité d'une partie importante de nos souvenirs est profondément déstabilisante et suscite beaucoup de résistances. À méconnaître cet acquis, des innocents sont condamnés sur la base de témoignages erronés formulés de bonne foi, des patients en psychothérapie accusent à tort des parents d'avoir commis des abus sexuels, des adultes ni fous ni débiles s'imaginent avoir vécu des vies antérieures ou avoir été victimes de sévices commis par des extra-terrestres.
Qu'oublions-nous et pourquoi ?
Certains croient que tous les événements de l'existence sont conservés dans le cerveau et que des circonstances ou des techniques particulières permettent de faire revenir à la conscience une infinité de souvenirs apparemment oubliés. Ainsi le pionnier de la psychothérapie par le ressouvenir, Moritz Benedikt (1880 – voir billet n° III de cette série), décrivait le cerveau semblable à une plaque photographique enregistrant intégralement toutes les impressions, même celles auxquelles nous ne prêtons pas attention et croyait possible de les retrouver grâce à l'hypnose.
Comme Benedikt et Breuer, Freud a toujours pensé que la plus grande partie de nos souvenirs, même ceux de la prime enfance, sont conservés intacts dans l'Inconscient : abandonnant la pratique de l'hypnose, il a persisté à croire que celle-ci permet de faire ressurgir les souvenirs de façon idéale, ajoutant qu'une cure psychanalytique aboutit au même résultat.
Que se passerait-il si, effectivement, nous gardions à notre disposition la plupart de nos souvenirs ? Il n'est pas du tout évident que ce serait un avantage, comme le montre l'existence de personnes présentant une mémoire exceptionnelle : voir le livre que le psychologue russe Alexandre Luria a consacré à la mémoire phénoménale d'un journaliste, Shereshevskii, qu'il a suivi pendant trente ans.
Dans la première étude scientifique du fonctionnement de la mémoire (1885), Ebbinghaus a mis en évidence que nous oublions bien plus que nous ne retenons.
Des lois établies dès la fin du XIXe siècle ont été confirmées par d'autres chercheurs travaillant sur d'autres matériaux et dans d'autres contextes. Des psychologues ont étudié la « mémoire autobiographique » (années 1970) : l'évolution des souvenirs personnels à travers le temps. On peut en retenir que plus les souvenirs sont anciens, moins facilement nous pouvons les récupérer (la majorité des souvenirs aisément disponibles se rapportent aux deux dernières années) et qu’une part très importante a disparu de la mémoire. Le rappel d'un souvenir et la précision des détails dépendent de l'événement comme tel — en particulier son importance pour nous-mêmes ou pour la collectivité — et du contexte dans lequel nous nous trouvons au moment de son évocation (exemple de la « madeleine de Proust »).
L'oubli d'une très large partie des informations dont nous avons conscience à un moment donné a une fonction : éviter une sorte d'embouteillage cognitif (voir ci-dessus la vie difficile du journaliste étudié par Luria).
L'oubli de détails a une fonction adaptative : nous disposons de schèmes de pensée nous permettant de survivre dans un monde où nous devons parfois réagir très rapidement.
Que retenons-nous de nos premières années ?
Quand nous arrivons à la fin de l'enfance, une large part de nos souvenirs est à jamais perdue. C'est en particulier le cas de tous les événements des premières années de la vie ; ce phénomène dans lequel Freud voyait l'exemple par excellence du refoulement selon lui semblable à celui qu'il dit avoir observé chez les névrosés pour des événements plus tardifs est appelé « l'amnésie infantile ». Dans les deux cas, l'oubli serait la conséquence du refoulement de souvenirs d'expériences sexuelles. Freud affirmait : « sans l'amnésie infantile, il n'y aurait pas d'amnésie hystérique », convaincu que les événements sexuels refoulés constituaient un « centre d'attraction » pour des souvenirs ultérieurs refoulés à leur tour.
Pour les psychologues scientifiques, d'autres explications (fondées sur la distinction de plusieurs systèmes cérébraux) sont davantage plausibles. Les résultats des apprentissages de la petite enfance constituent la « mémoire implicite » (Graf et Schacter).
Des expériences passées, devenues totalement inaccessibles à la conscience, président à l'élaboration de significations générales (« mémoire sémantique »), d'habitudes et d'habiletés (« mémoire procédurale »).
La totalité des événements concrets survenus avant l'âge de deux ans devient indisponible à la conscience quelques années plus tard, le bon fonctionnement de la mémoire « événementielle » ou « épisodique » supposant une maturation neuronale, notamment de l'hippocampe, non réalisée avant deux ou trois ans.
Quand on voudrait oublier, désespérément
Nietzsche et Darwin ont observé ce que les psychologues appellent aujourd'hui « l'oubli motivé », tendance à oublier davantage les événements qui nous sont désagréables que ceux qui suscitent du plaisir. Si elle existe, cette tendance joue-t-elle pour tous nos souvenirs ?
Selon la psychanalyse, il s'agit d'une tendance générale. La théorie freudienne se fonde précisément sur deux lois qui s'y rapportent : (a) les expériences pénibles, en particulier les expériences sexuelles de l'enfance, sont refoulées et oubliées ; (b) elles demeurent actives dans l'inconscient et sont la cause des troubles observables du comportement.
Cette conception de Freud est en contradiction avec le principe darwinien de l'évolution des espèces (les animaux et les êtres humains disposent d'un mécanisme grâce auquel ils gardent en mémoire les situations très pénibles, car ces souvenirs permettent de se préparer à mieux réagir si des situations de ce type réapparaissent. Refouler et oublier systématiquement les expériences traumatisantes les rendrait dangereusement vulnérables).
Des expériences conduites, de façon contrôlée, par des psychologues scientifiques n'ont pas confirmé les conceptions freudiennes…
Sans recourir à la doctrine freudienne du refoulement, on peut expliquer facilement que les souvenirs d'expériences désagréables soient moins fréquents que les souvenirs agréables : à moins d'être déprimés ou pessimistes, nous préférons songer à des expériences plaisantes. Celles-ci sont donc davantage répétées (au sens scolaire du terme) et dès lors mieux retenues.
Les souvenirs d'expériences très douloureuses et de traumatismes se distinguent nettement des souvenirs un peu désagréables.
Les premiers (d'une importance vitale, nous l'avons vu), loin d'être facilement refoulés et oubliés, généralement envahissants ou obsédants, engendrent d'importantes souffrances pendant de longues périodes (ex. : souvenirs de survivants des camps nazis).
Les recherches menées sur l'« état de stress post-traumatique » des vétérans du Viet-Nam ont montré que si la majorité de ces derniers évoluait favorablement, aucun d'entre eux, ayant vécu des situations très traumatisantes, n'a fini simplement par les oublier. Au contraire, tous ont subi périodiquement le retour de souvenirs intrusifs, qu'ils ont essayé en vain de « refouler ».
Qu'en est-il chez les enfants ?
Les traumatismes vécus durant les deux premières années sont, quelques années plus tard, irrémédiablement oubliés. Par contre, des recherches (Malmquist (1986), Eth et Pynoos (1994)) ont confirmé qu'à partir de l'âge de trois ans, les expériences très pénibles sont gardées en mémoire et réapparaissent facilement.
Qu'en est-il des souvenirs d'expériences d'inceste et autres abus sexuels vécus durant l'enfance ?
Elles apparaissent généralement moins traumatisantes que le spectacle, en état d'impuissance, de la mise à mort du père ou de la mère. Certains enfants qui subissent une situation définie comme outrageante, selon les normes du monde occidental adulte, ne la ressentent pas comme scandaleuse ou traumatisante. Spanos, qui a fait une revue de la littérature spécialisée, conclut que certains abus subis durant l'enfance s'oublient pour les mêmes raisons que d'autres événements courants : ils n'ont pas été vécus comme vraiment importants.
Contrairement à une idée largement répandue, les recherches rigoureuses montrent que les abus sexuels ne provoquent pas toujours, chez tous les enfants, de graves dommages. Certes c'est souvent le cas, mais les enfants les plus perturbés, parmi ceux qui ont subi des abus, proviennent le plus souvent de familles caractérisées également par d'autres graves dysfonctionnements.
Les enquêtes méthodiques et soigneuses sur les enfants victimes d'inceste et autres abus sexuels convergent : les souvenirs de ces événements ne sont nullement refoulés et oubliés, du moins si les enfants ont plus de trois ans et si les expériences ont été réellement traumatisantes. Chez les enfants choqués, les images mnésiques sont d'autant plus vivaces, fréquentes et envahissantes que les événements étaient graves et que ces victimes ont essayé de réprimer ces souvenirs.
Les études qui ont porté spécifiquement sur des enfants sexuellement abusés et menacés par des adultes pour qu'ils gardent le silence montrent que ces victimes se souviennent particulièrement bien des sévices. L'interdiction de parler renforce les souvenirs et les rend encore plus intrusifs.
En 1995, les psychiatres américains Pope et Hudson ont fait une revue critique des recherches sur le refoulement des traumatismes sexuels. Ils concluent : « L'expérience clinique dont on dispose actuellement ne permet pas de conclure que des personnes puissent refouler les souvenirs d'abus sexuels. Cette constatation est étonnante, car beaucoup d'auteurs ont supposé que des centaines de milliers, voire des millions de personnes ont enfoui en eux des souvenirs de ce type. »
Se souvenir c'est construire
Une des chercheuses actuelles les plus réputées en ce qui concerne le fonctionnement de la mémoire, Elisabeth Loftus, a réalisé les expériences les plus célèbres sur les déformations de souvenirs. Impliquée personnellement dans cette recherche elle raconte un faux souvenir personnel, illustrant ainsi que les souvenirs ne sont pas des informations figées, entreposées dans un endroit précis, d'où elles ressortent sans altération après des périodes plus ou moins longues.
Dans les années 1980, les psychologues croyaient volontiers qu'une forme de rappel était particulièrement fidèle : les souvenirs-flashes, les images qui demeurent en mémoire après un événement inattendu et choquant. Mais même s'il semble que les souvenirs-flashes sont nettement plus durables et plus fiables que la plupart des souvenirs d'événements de la vie ordinaire (sans doute parce qu'ils sont régulièrement évoqués, rappelés, au cours des années qui suivent), ils peuvent être déformés (cf. expérience de Neisser et Harsch (1992)). Des études ultérieures ont bien confirmé la faible corrélation entre l'exactitude des souvenirs et la conviction de leur adéquation.
Les faux souvenirs
Les déformations des souvenirs sont particulièrement importantes chez les enfants. Contrairement à l'adage, plus les enfants sont jeunes, plus des fabulations sortent de leur bouche. Jean Piaget enseignait : « La mémoire de l'enfant de deux à trois ans est encore un mélange de récits fabulés et de reconstitutions exactes, mais chaotiques. » et attirait l'attention sur les souvenirs inventés.
Des psychologues ont fait la démonstration de la facilité de suggérer des faux souvenirs chez des enfants. Loftus a réalisé une expérience qui a servi de modèle à beaucoup d'autres, confirmée par des recherches plus rigoureuses (par exemple Ceci (1994, 1995)). Ces recherches montrent que plus les interrogatoires sur des événements inexistants sont répétés, plus les interrogés ont tendance à produire des faux souvenirs.
Il suffit parfois de poser des questions sur des faits inexistants pour susciter leur visualisation mentale et leur souvenir. Chez des personnes qui souffrent d'altérations cérébrales — en particulier dans la partie frontale de l'hémisphère droit —, les fabulations sont très fréquentes. Les réactions des jeunes enfants, dans des tests cognitifs, présentent de nombreuses similitudes avec ces malades.
Il y a un siècle environ, Hippolyte Bernheim mettait déjà en garde les enquêteurs et les juges contre ce qu'il appelait les « hallucinations rétroactives », les souvenirs illusoires de faits qui n'ont jamais existé et que l'on peut facilement faire apparaître chez des personnes suggestibles.
Des recherches psychométriques sur des adultes, qui produisent facilement de faux souvenirs, ont mis en évidence les caractéristiques suivantes : des troubles de l'attention et de la mémoire, une grande imagination, la capacité de produire des images mentales très vives et accompagnées de réactions émotionnelles, une forte suggestibilité, la facilité à se laisser hypnotiser.
Avec ce que nous savons aujourd'hui, on ne s'étonne guère que Freud, alors qu'il croyait que l'hystérie et le trouble obsessionnel étaient causés par le refoulement d'expériences sexuelles de l'enfance, ait retrouvé de telles scènes chez n'importe quel patient, parfois au prix de « plus de cent heures de travail ».
Il affirmait (1896) avoir découvert chez tous ses patients hystériques une ou plusieurs expériences sexuelles précoces. Il distinguait alors trois groupes de « coupables » : d'autres enfants (le plus souvent un frère ou une sœur), des adultes de l'entourage (« bonne d'enfant, gouvernante, proche parent ») et des adultes étrangers à l'entourage. Après 1897, lorsqu'il aura remplacé la théorie de la séduction par celle du fantasme et qu'il croira à l'universalité des sentiments « œdipiens », il retrouvera chez toutes ses patientes « hystériques » des fantasmes mettant en scène des séductions par le père, des fantasmes qu'elles auraient créés dans l'enfance et qu'elles auraient ensuite refoulés.
L'histoire de la psychanalyse illustre, de façon exemplaire, la facilité avec laquelle des psys peuvent générer, à partir de leur théorie, des souvenirs — d'événements ou de fantasmes — qui servent ensuite de preuve pour la vérité de la théorie.
L'hypnose démystifiée
Dans les années 1970, des évènements médiatisés ont suscité un certain engouement pour le recours à l'hypnose par des policiers et des juges d'instruction américains. Des psychologues (Orne, …) ont alors réalisé des recherches expérimentales sur la valeur des souvenirs retrouvés en état hypnotique.
L'hypnose est une sorte de jeu de rôle, induit par une personne, l'hypnotiseur, chez quelqu'un qui croit à la réalité de l'hypnose et qui accepte de se conformer aux suggestions de l'hypnotiseur. Contrairement à ce que suggère l'étymologie du mot « hypnose », l'état dans lequel se trouve l'hypnotisé n'est pas le sommeil (« hypnos », en grec), ni un état de conscience proche. Les observations électro-encéphalographiques l'ont clairement démontré. L'état hypnotique est comparable à celui que nous connaissons tous lorsque nous sommes totalement absorbés dans un livre, un concert ou un film. On peut d'ailleurs noter que les personnes facilement hypnotisables se caractérisent par une forte capacité de s'absorber entièrement dans des activités et dans des productions imaginaires.
L'histoire de l'hypnose remonte au moins jusqu'à la pratique du magnétisme par le médecin autrichien Franz Mesmer, à la fin du XVIIIe siècle.
Au cours du XIXe siècle, ces pratiques connurent des phases de popularité et d'éclipses. Vers 1880, l'hypnose fit une percée décisive dans plusieurs pays européens. Elle fut à la fois une pratique de spectacle populaire, un objet de recherche scientifique et une forme de thérapie. Vingt ans plus tard, elle était discréditée dans les milieux scientifiques. Des savants réputés avaient montré son manque de fiabilité et les limites de son efficacité. Ainsi, Heidenhain (1880) mettait en garde contre les illusions et les « hallucinations » que l'hypnose induit chez certaines personnes. Bernheim (1889) — qui avait pratiqué l'hypnose intensivement depuis cinq ans — expliquait que l'on peut facilement suggérer des faux souvenirs à la faveur de l'hypnose et ajoutait que la personne hypnotisée, lorsqu'elle est revenue à l'état ordinaire, peut croire avoir vu ou fait ce que l'hypnotiseur lui a suggéré. Il finit par déclarer que l'état hypnotique n'est rien d'autre qu'un état de suggestion.
À partir des années 1950, l'hypnose a suscité un regain d'intérêt chez des psychothérapeutes, des médecins et des chercheurs scientifiques. Aujourd'hui, grâce à de nombreuses recherches expérimentales — en particulier celles de Sarbin, de Barber et de Spanos — l'hypnose est une pratique démystifiée, dont un des principaux mérites est de permettre de réduire la douleur au cours de soins dentaires, de l'accouchement ou d'examens médicaux pénibles.
Quant aux recherches expérimentales sur le fonctionnement de la mémoire en état d'hypnose, elles aboutissent aux conclusions suivantes. Une partie des souvenirs produits dans cet état correspond à des événements passés, mais une autre partie est tout simplement imaginée. On ne dispose malheureusement pas d'un moyen fiable pour distinguer les vrais souvenirs et les pseudo-souvenirs hypnotiques. D'autre part, un processus particulièrement préoccupant est que les souvenirs hypnotiques apparaissent sous la forme d'images visuelles vivaces, c'est-à-dire le type de contenus cognitifs qui s'accompagne d'un fort sentiment de véracité. Les personnes suggestibles sont tout disposées à croire à la réalité de ce qu'elles ont visualisé en état d'hypnose. Plus l'hypnotiseur insiste pour retrouver des souvenirs, plus des souvenirs apparaissent, des vrais souvenirs mais également des souvenirs inventés en vue de se conformer aux demandes de l'hypnotiseur.
En conclusion, les meilleurs chercheurs contemporains aboutissent aux mises en garde faites, il y a plus d'un siècle, notamment par Heidenhain et Bernheim. L'hypnose n'est nullement un sérum de la vérité, c'est un jeu imaginaire dans lequel une personne peut se montrer particulièrement réceptive aux suggestions d'une autre. En termes péjoratifs, on a pu dire que l'hypnose c'est « deux personnes en train de se mentir, chacune faisant semblant de croire ses propres mensonges et ceux de son partenaire » (Thomas Szasz).
NOTES :
[1] Odile Jacob (2003), 336 pages (pp. 149 à 222, pour le chapitre résumé).
[2] Ce seul chapitre, qui compte 74 pages, comporte 170 (cent soixante-dix) notes de bas de pages !
[3] La « dépsychanalysation » de ce concept n'est pas anodine dans notre pays où tout élève de Terminale reçoit un enseignement de philosophie dans lequel, comme le rappelle plaisamment ici(p. 3) l'éditorialiste de « Côté Philo » : « Aucune autre notion (au programme que celle d'inconscient, NDJLR) ne sert de prête-nom à un auteur. » !
Cette série de billets permettra, je l'espère, de rétablir un peu de faits dans un monde largement peuplé de légendes... et de mythologies.
[4] Les 11 sous-chapitres s'intitulent :
I. L'INCONSCIENT, IL Y A PLUS DE 300 ANS
II. L'INCONSCIENT À L'AUBE DE LA PSYCHOLOGIE SCIENTIFIQUE
III. EXEMPLES DE RECHERCHES SCIENTIFIQUES SUR L'INCONSCIENT AU XXème SIÈCLE
IV. BUVEZ COCA-COLA : ACHETEZ MES CASSETTES
V. EVENEMENTS SANS SOUVENIRS, SOUVENIRS SANS EVENEMENTS
VI. FORCE ET FRAGILITE DE LA MEMOIRE
VII. L'EPIDEMIE DES FAUX SOUVENIRS D'ABUS SEXUELS
VIII. L'EXPLORATION DE VIES ANTERIEURES
IX. LES ENLEVEMENTS PAR DES EXTRATERRESTRES
X. POURQUOI IMAGINONS-NOUS DES SOUVENIRS ?
XI. DU DANGER D'INVOQUER L'INCONSCIENT