Aujourd’hui considérée comme une chanson enfantine, le bon roi Dagobert est une chanson parodique française datant du XVIIIe siècle. Elle évoquait deux personnages historiques : le roi mérovingien Dagobert Ier et son principal conseiller, Saint Éloi, évêque de Noyon.
« Le bon roi Dagobert
A mis sa culotte à l'envers
Le Grand Saint Éloi
Lui dit : Ô mon Roi !
Votre Majesté
Est mal culottée
C'est vrai, lui dit le Roi,
Je vais la remettre à l'endroit »
Ainsi donc, déjà, au VII°siècle, les rois comme Dagobert, bénéficiaient des conseils de leurs proches, comme ceux de l'Évêque Saint-Eloi. Et ceci pas seulement pour leur tenue. C'était là, sous une forme embryonnaire, les premières figures du Conseil d'État.
La pratique se poursuivit tout au long de l'Ancien Régime, au travers des belles figures de la monarchie absolue de Saint-Louis et de Louis XIV, pour trouver sa forme aboutie sous le consulat de Napoléon Bonaparte, où la Constitution de l'an VIII, en 1799, mit en place un Conseil d'État, c'était la formule officielle, « chargé de rédiger les projets de loi et les règlements d'administration publique ».
Installation devant les trois consuls du Conseil d’État au Petit Luxembourg en Décembre 1799
Sous la Ve République, cette institution centrale est toujours chargée de conseiller le Gouvernement, examinant les projets de loi avant leur passage en Conseil des Ministres et devant l'Assemblée Nationale.
Mais, chose nouvelle depuis le quinquennat actuel, cette fonction régalienne n'est plus assumée seulement par ce corps de magistrats publics, conseillers d'État ou maîtres des requêtes, mais par des officines privées, dites de conseil, et rémunérées pour cela par l'argent public. Officines privées quelques fois d'origine étrangère, nous allions dire de nationalité étrangère mais que viendrait faire là le terme de nationalité.
Sous couvert de produire une expertise neutre et scientifique, ces cabinets de conseil orientent les politiques dans un sens qui n'est pas neutre du tout et qui vise à toujours plus de performance, en gros à produire plus pour moins cher. Un vrai bouleversement. C'est là le « new publicmanagement » des logiques néolibérales appliquées en entreprise et qui ont peu à peu gagné le secteur public.
Nous apprenons incidemment, à quelques jours d'une importante échéance, que l'État Français aurait payé environ 1 milliard d'euros à l'entreprise McKinsey pour concevoir sa politique, notamment en matière sanitaire, ceci en doublon de l'administration publique. Et officiellement, pour organiser la logistique de la campagne vaccinale de l'année 2021.
Choix déjà bien douteux : l'entreprise McKinsey a été condamné l'année dernière aux États-Unis à l'amende de 573 millions de dollars, en raison de son rôle dans la commercialisation élargie de l'Oxycontin, un opiacé terriblement addictif et responsable, c'est une estimation, d'environ 200000 décès par overdose.
Plus troublant encore, McKinsey aurait participé à l'élaboration du programme présidentiel d'Emmanuel Macron en 2017 et son directeur associé en France, un certain Karim Tadjedinne serait un proche du Président. Leur collaboration remontant à leur participation commune à la fameuse Commission Attali de 2007 (du nom de son rapporteur) institué par Nicolas Sarkozy pour « la libération de la croissance en France ». Peut-être la croissance des bénéfices, cela n'était pas précisé.
Cerise sur le gâteau, la coupe était pleine, sur le milliard d'euros encaissé en France, McKinsey n'aurait payé aucun impôt. Le bon Saint-Eloi aurait- il chanté « Votre Majesté est bien culottée » ?
Ou bien, « Votre Majesté va se prendre une déculottée ».
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