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Billet de blog 2 juin 2021

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Inde: le soulèvement paysan appelle a la révolution totale le 5 juin

Le mouvement paysan a donné une suite à la journée noire du 26 mai, entraînant derrière lui, syndicats, partis et d'autres organisations, couvrant l'Inde de drapeaux noirs. Ce sera le 5 juin. Ils l'on baptisée journée des sit-in de la révolution totale.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

par Jacques Chastaing

Le 26 mai, le mouvement paysan a pris l'initiative d'une journée noire, entraînant derrière lui, syndicats, partis et d'autres organisations, couvrant l'Inde de drapeaux noirs, des logements aux voitures, des entreprises aux écoles, pour montrer le désaveu large et profond du gouvernement Modi par l'ensemble de la population en passant ainsi par dessus les problèmes sanitaires que le covid pose aujourd'hui dans les rassemblements de masse.

Le mouvement paysan a donné une suite à cette journée, le 5 juin. Ils l'on baptisée journée des sit-in de la révolution totale.

Ce jour-là, les paysans appellent les indiens à bannir socialement les dirigeants du BJP (parti de Modi) et ses alliés partout dans le pays. Ils veulent empêcher tous les responsables des partis du gouvernement ou associés à avoir une quelconque activité sociale ou politique ce jour-là, que ce soit une inauguration, un meeting, une commémoration, une conférence de presse, un déplacement... quoi que ce soit.

Le mouvement paysan pratique déjà ce bannissement social depuis plusieurs mois dans deux États où il est particulièrement implanté, au Pendjab ou en Haryana. Ce qui amène parfois des dirigeants du BJP ou ses alliés à ne pas pouvoir sortir de chez eux, bloqués par des manifestants qui font le siège de leurs logements jusqu'à ne pas pouvoir marier des responsables ou militants BJP parce que les familles le refusent. Cette fois-ci, les paysans appellent à faire de même sur l'ensemble du pays, c'est-à-dire, à empêcher quasiment le gouvernement à fonctionner, un premier pas avant la mise à la porte.

La formule de "révolution totale", outre son sens direct de dégager Modi et le système capitaliste qu'il défend, fait référence à un très gros mouvement social en 1973-1974 contre Indira Gandhi, alors à la tête du pays, qui avait conduit à la "dégager" avant que celle-ci, pour échapper à sa destitution, ne se lance dans un coup d’État en 1975 et ne suspende toutes les libertés publiques.

Voilà donc ce qu'il y a dans la tête des uns et des autres et ce qui va être dit le 5 juin sous la formule de "sit-in de la révolution totale", pas tout à fait la révolution mais sa préparation. Le renversement du pouvoir par la rue et en même temps le risque d'un coup d'Etat par Modi.

Sauf que le gouvernement n'a jamais été aussi chancelant qu'aujourd'hui avec une autorité qui fond de jour en jour, et où sa gestion catastrophique du covid, pas de préparation, pas assez de tests, sous-déclaration des morts, pas de lits, de service médical, pas d'oxygène, gestion lamentable des vaccins qui donne le sentiment qu'il n'y a plus de gouvernement, cristallise toutes les révoltes contre sa destruction du secteur public, des protections sociales et des libertés qui restaient.

L'image de Modi en homme fort s'effondre au fur et à mesure des coups de boutoir du mouvement paysan qui ne cesse pas depuis 6 mois et se renforce même encore ces derniers jours malgré le covid où des colonnes et des colonnes de paysans arrivent tous les jours à Delhi et occupent à des centaines de milliers ces campements de la révolution aux portes de la capitale que sont Singhu, Tikri, Ghazipur et d'autres. C'est encore sa magistrale défaite électorale au Bengale occidental, au Tamil Nadu ou en Uttar Pradesh qui a dégonflé le bluff mussolinien (Modi vient d'un parti, le RSS dont le modèle est Mussolini) des prouesses et promesses électorales du Premier ministre et de son parti et qui fait que maintenant la moitié des Etats et territoires de l'Inde n'est plus sous le contrôle du BJP et ses alliés.

Un coup d'Etat est toujours possible, mais dans cette situation de faiblesse du gouvernement, cela pourrait juste transformer la lente agonie du pouvoir en chute révolutionnaire brutale.

Le 5 juin, jour des sit-in pour la révolution totale, annonce en tous cas, ce qu'ont répété plusieurs dirigeants du mouvement paysan depuis le 26 mai, il est temps que le gouvernement fasse ses valises et cette journée va en être la première étape où tout le monde pourra en mesurer la préparation.

En complément tous les jours le dossier Soulèvement en Inde et la rubrique Asie/Océanie de la Revue de Presse Emancipation!

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