Hier 3 avril, s'est tenu un important meeting à Ludhiana dans l'Etat de l'Haryana entre des représentants de la coordination paysanne SKM, et des représentants de syndicats ouvriers, étudiants, enseignants, employés et de non syndiqués.
Ils ont décidé d'une part de remplacer les paysans qui occupent les campements des portes de Delhi depuis 4 mois mais qui doivent repartir chez eux pour la période des récoltes, par des ouvriers, employés, étudiant et enseignants et d'autre part surtout de créer une première coordination de paysans, syndiqués ou non, d'ouvriers, d'employés, d'étudiants et d'enseignants. Le premier meeting public de cette coordination aura lieu le 7 avril.
Pour le moment, cette nouvelle coordination ne sera effective dans un premier temps que dans le Pendjab avant de s'étendre en fonction des possibilités aux autres Etats et au niveau national.
Ce n'est qu'un pas mais un pas très important qui témoigne dans quel sens travaille le SKM (Front Uni Paysan qui anime le soulèvement depuis le 8 décembre 2020) et dans quel sens pousse la base populaire, ouvrière, étudiante, enseignante et paysanne... celui de l'unification de toutes les forces populaires pour dégager Modi et le capitalisme.
L'idée d'une coordination paysans-ouvriers qui passe par dessus la tête des directions syndicales ouvrières, était dans l'air depuis plusieurs jours, dans la logique de la situation générale où le soulèvement paysan a une influence de plus en plus large qui va au delà des paysans. On a vu largement la nécessité d'une telle coordination à partir du 26 mars 2021, jour d'une grève générale commune des directions syndicales ouvrières et de la coordination des paysans mais où les principales confédérations syndicales qui y appelaient sous la pression de leurs bases s'étaient défaussées au dernier moment sous la pression des forces du capital.
Les éléments factuels et actuels qui ont certainement pesé dans cette prise d'initiative de Ludhiana, sont d'une part l'appel des fédérations syndicales des banques publiques à de nouvelles grèves contre leur privatisation (la dernière grève des 15 et 16 mars avait réuni plus d'un million de grévistes et les directions syndicales n'ont guère l'habitude d'aller au delà d'une journée d'action sans suite) et d'autre part ce qu'on pressentait depuis des semaines, une véritable marée humaine aujourd'hui contre la privatisation de l'aciérie Vizag (400 000 personnes en vivent) qui est descendue dans la rue (ou plutôt sur la plage) de Visakhapatnam, la capitale de l'Andhra Pradesh de 5 millions d'habitants où se situe l'usine.
Cela fait plusieurs mois que la lute contre la privatisation a commencé avec déjà 3 grèves générales au niveau de l'Etat, mais cette-fois, à l'appel des ouvriers grévistes, les paysans sont venus en soutien. La prochaine étape devant être une coordination ouvriers/paysans pour diriger la lutte.
Par ailleurs, la détermination des paysans ne faiblit pas.
Ainsi, ont-ils décidé que face à la période actuelle des récoltes, les paysans des villages proches des campements de Delhi, travailleraient la nuit et occuperaient le jour avec des allers et retours quotidiens tandis que les villages plus éloignés enverraient chacun 40 personnes chaque semaine pour occuper les campements de Delhi par roulement, tout cela organisé par les structures de démocratie directe, les panchayats qui continuent à étendre leur influence et notamment maintenant à l'Etat du Gujarat, l'Etat à la botte de Modi, source de son pouvoir .
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Marée humaine au soir à Visakhapatnam contre la privatisation de l'aciérie Vizag. Manifestation qui a lieu sur la plage de la ville pour avoir la place d'avancer ; Mahapanchayat à Abohar dans le Pendjab ; meeting de dénonciation à la porte Ghazipur de Delhi de la tentative d'assassinat de Rakesh Tikait



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