03 octobre 2017- NPA 34
Parmi les réactions au discours télévisé du roi ...
"En tant que responsable d'un groupe parlementaire représentant plus de 5 millions d'Espagnols, je dis au roi qui n'a pas été élu : pas en notre nom" (Pablo Iglesias pour Podemos)
"Aucune solution. Aucune mention des blessés. Aucun appel au dialogue. Discours irresponsable et indigne d'un chef d'Etat" (Ada Colau, maire de Barcelone, dirigeante de Catalogne en Commun)
"Adieu monarchie" (Gerardo Pisarello, Catalogne en Commun)
Police ici, police là-bas, les mêmes sales besognes...
Paroles à méditer. Leur auteur, Albert Boadella, célèbre dramaturge catalan, fondateur de la célèbre troupe Els Joglars qui défia à maintes reprises la censure franquiste, a connu une triste évolution politique le menant à s'aligner sur la droite la plus opposée à la revendication nationale catalane. Il n'empêche, ce qu'il dit ici est frappé au coin du bon sens politique :
"Les journaux français poussent des cris d'orfraie mais, quand, en France, il y a une manifestation, la police et la Garde Civile espagnoles sont, comparées à la policefrançaise, des enfants de choeur".
Ce qui, pour nous, à la différence de ce que veut dire Albert Boadella, ne doit pas amener à minorer la gravité des brutalités policières de dimanche en Catalogne sud. Seulement à saisir les éléments de continuité transfrontière dans les comportements policiers que le qualificatif de "franquiste" appliqué au gouvernement de l'Etat espagnol ferait oublier trop facilement.
La vice-présidente du gouvernement de Madrid porte plainte
Soraya Sáenz de Santamaría, en charge des territoires et, à ce titre, en première ligne de responsabilité pour les évènements de dimanche, veut ainsi dénoncer les propos tenus par le célèbre ancien joueur du Barça, le bulgare Hristo Stoichkov à la télévision américaine qui dénonçait qu'"elle avait envoyé la police cogner des gens innocents". Dans la foulée, en brandissant la photo de Soraya Sáenz de Santamaría, il a déclaré : "Son grand-père, un franquiste. Son père, un franquiste. Elle, une franquiste. Son fils,pareil". Ce sont ces paroles qui lui valent la plainte en question.
0h
"Un Chef d'Etat, pour qui personne n'a jamais voté, appuie sans réserve le Parti Populaire. Fin de la monarchie" (tweet de Xavier Domènech, dirigeant de Catalunya en Commun, le parti de Ada Colau)
"Le roi ne nous considère plus des citoyens de l'Etat espagnol" (Joan Bagué, sénateur et dirigeant du PDeCAT, le parti du président de la Generalité)
Les jeunesses socialistes prennent à contrepied le secrétaire général du PSOE : "Nous prenons aujourd'hui la route. Santé et République"
Ledit secrétaire général a, dans un premier temps, retenu l'esprit de concorde qu'aurait manifesté le monarque. Désormais la réaction des autres dirigeants du PSOE, sans désavouer celui-ci, déplorent qu'il se soit abstenu d'en appeler au dialogue ! Les socialistes au service minimum, ce qui ne fait pas oublier qu'ils ont soutenu le gouvernement contre la mobilisation catalane. Après les évènements de dimanche ils ont trouvé que c'était allé trop loin et, oui, dialogue, blabla...
"FeliPPe" s'est borné à tweeter le remuant député de ERC (sociaux-démocrates catalanistes républicains), Gabriel Ruffian, tandis que son camarade de parti, le député Joan Tardá, tweetait un très concis "Philippe VI comme Philippe V". Cinglante allusion à l'occupation de Barcelone par les troupes de Philippe V d'Espagne, le 11 septembre 1714, qui mit fin à la révolte catalane contre les Bourbons d'Espagne. Ce jour, le 11 septembre, est, depuis 1980, la date nationale de la Catalogne, la Diada.
23h
Le roi d'Espagne donne le feu vert au coup d'état contre la Generalitat. La riposte ? Dégage vers les poubelles de l'histoire !
Cliquer ici Ce fantoche, représentant d'une monarchie qui n'a aucune légitimité populaire, n'a eu, dans une brève allocution télévisée, que des mots appelant au retour à l'ordre constitutionnel. Sa police qui dimanche a réprimé à la franquiste ? Rien à dire sur le sujet ! Le retour à l'ordre, que le retour à l'ordre, c'est-à-dire implicitement l'activation de l'article 155 de la constitution qui permet au gouvernement de Madrid de destituer le gouvernement d'une région autonome à son profit...Il est hautement significatif que ce personnage, emblématique d'une institution corrompue, ait procédé à un tel rappel au droit, à la démocratie et au supposé intérêt général, le jour où s'est produite une grève générale exceptionnellement réussie en Catalogne qui montre que le peuple catalan est majoritairement mobilisé contre le régime en place et en faveur de sa liberté! Ce régime n'est certes pas franquiste, il est indexé sur les logiques capitalistes "modernistes" de l'Union Européenne, mais il recycle les méthodes policières, jamais éradiquées, des temps de dictature. Il les offre en modèle aux démocraties toujours plus antidémocratiques de ladite Europe pour casser toute tentative de ripostes à leurs mesures antipopulaires/liberticides. Hollande-Macron nous ont donné un avant-goût ultra-policier-capitaliste de cette internationale de la matraque...
A l'ordre du jour dans l'Etat espagnol, oui, la mise en déroute de cette institution monarchique, un processus destituant/constituant, la lutte pour unerépublique des peuples d'Espagne auto-organisés sur la base de leurs droits sociaux et politiques, la fin de ce régime de corrompus qui imposent les pires mesures austéritaires. Que mille Catalogne éclosent dans l'Etat espagnol ! Solidarité sans condition avec les Catalan-es contre ces représentants du capital ! Cette solidarité c'est notre meilleure contribution à notre propre lutte contre les amis et complices européens de Rajoy et de Felipe machin. A commencer par "notre" Macron !
Grève générale très suivie ce 3 octobre
16h45
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90% des commerces de détail de la Catalogne sont touchés par la grève.
37 routes sont coupées par les manifestant-es. En particulier des voies principales comme les autoroutes AP-7, A-7, A-2 ou C-31. Le trafic routier est désorganisé, voire paralysé par d'énormes bouchons.
Des tracteurs aussi sont entrés en action.
11h
Elle est appelée, indiquent les médias, par les syndicats CGT, IAC, COS et Intersindical CSC, ce qui confirmerait ce qui se pressentait hier, le retrait des deux principaux syndicats les Commissions Ouvrières et l’UGT. Il apparaît cependant que la grève est très suivie, en particulier dans les transports, les commerces, les ports ou l’agriculture. La CGT indique que de nombreux piquets de quartiers ou de villes, organisés en comités de grève locale mènent des opérations de popularisation de la grève dans les rues et les zones industrielles.
Des barricades ont été érigées dans des zones industrielles de Lleida (Lérida) qui ont provoqué la fermeture d’entreprises. Les petits commerces sont touchés par un pourcentage très élevé de fermetures dans les principaux centres urbains de Catalogne tandis qu’à Barcelone le fonctionnement des transports publics est réduit au minimum aux heures de pointe (entre 6h30 et 9h30 et entre 17h et 18h) et les possibilités de déplacement en journée s’annoncent incertains. Le métro de Barcelone fonctionne à 40% et les autobus à 30%. Les trains de banlieue et les trains régionaux tournent à 33%.
Dans le secteur privé des patrons ont pris l’initiative de fermer leur entreprise. Même chose pour des coopératives. A Barcelone c’est le petit commerce qui est le plus touché tandis que les grandes enseignes restent ouvertes. Toujours à Barcelone ce sont seulement 4 marchés municipaux sur les 39 que compte la ville qui sont ouverts.
Les ports de Barcelone et de Tarragone sont aussi pratiquement à l’arrêt car la grève est presque en totalité suivie chez les dockers des grands bateaux selon leur syndicat. Dans le secteur agricole également la grève est suivie : les travailleurs du riz du Delta de l’Ebre ont prévu d’interrompre la récolte.
Le secteur le plus touché concerne les universités de la région qui sont toutes fermées.
Il faut rappeler que cette grève générale a été appelée pour protester contre l’attitude de la police dimanche pendant la tenue du référendum et en défense du « droit à décider » (droit d’autodétermination). Cette grève est soutenue, entre autres formations politiques, par les anticapitalistes indépendantistes de la CUP.
Cette grève générale se combine avec une « grève civique ». Celle-ci est appelée par le puissant Comité pour la démocratie qui a joué un grand rôle dans l’organisation pratique du référendum car il regroupe nombre d’associations sportives, de quartiers… très utiles pour contourner les opérations de police contre le référendum. Cette grève civique est suivie par le club de foot du Barça, les journalistes de Ara, ceux de TV3 et de la Radio de Catalunya ; la Généralité (Autonomie catalane) a, par ailleurs, annoncé qu’elle ne procèdera à aucune retenue de salaire pour fait de grève parmi ses personnels. De fait ce sont toutes les institutions politiques (en particulier les mairies) qui relaient cet appel à la « grève civique » appelée aussi "grève du pays".
Données prises de divers sites d’infos en langue espagnole
Communiqué du secrétariat permanent de la CGT de Catalunya de ce matin (traduit et transmis par Pierre du NPA 31) : http://www.cgtcatalunya.cat/spip.php?article12627
A 0 heure, a commencé la grève générale en Catalogne, qui devrait être massive, tant par la participation aux piquets de grève du matin, que par les fortes manifestations du soir dans les grandes villes.
Aujourd'hui, il n'est pas question de « sauver le pays », une figure de rhétorique non pertinente inventée par les CCOO et l’UGT pour cacher leur inaction et ne pas soutenir la grève de 24 heures de ce mardi convoquée par les syndicats CGT, IAC, COS et I-CSC. Ainsi, ils ont encore une fois déçu les millions de travailleurs qui en ont marre de l'arrogance de l'Etat, des réformes du travail et de la souffrance accumulée.
Aujourd'hui, le peuple qui lutte pour ses droits fait la grève générale, un droit gagné par la classe ouvrière, qui agit pour la défense de nos intérêts et de nos droits. En dépit de l'intoxication des soi-disant « syndicats majoritaires », le peuple catalan ira en masse dans les rues pour de nombreuses raisons : la défense des emplois promue dans les appels syndicaux et aussi contre la férule militaire qui a versé notre sang dans les écoles où étudient nos fils et et nos filles.
Ce matin, au lever du soleil, l'aube de la liberté illumine une journée de grève générale qui remplira les rues et les places de la dignité des travailleurs. Ce que craignent les patrons et les États.
Les rues seront toujours nôtres.
Secrétariat Permanent du Comité Confédéral de la CGT de Catalunya
3 octobre 2017
Infos à suivre