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Billet de blog 5 mai 2022

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Chronologie de la France en 1789

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Source: Inprecor

  • 28 millions d'habitants.
  • 80 % des habitants sont des ruraux et, pour la grande majorité d'entre eux, sont voués au travail de la terre. Manque de grains suite aux mauvaises récoltes de l'année précédente.
  • Entre 1771 et 1789, les salariés subissent une baisse de leur salaire réel de 25 %.
  • On exploite les mines de houille, comme celle d’Anzin. La compagnie des mines d'Anzin emploie 4.000 ouvriers, 600 chevaux, 12 machines à vapeur qui servent à pomper l’eau dans les mines. Seules les usines du Creusot et d’Indret près de Nantes emploient la houille. Les autres utilisent du coke (pyrolyse de la houille).
  • Construction du théâtre des Tuileries.
  • Lavoisier publie son Traité élémentaire de la chimie. Les termes hydrogène, oxygène, azote et soufre apparaissent. Claude Chappe et ses frères débutent à Brûlon (Sarthe) leurs recherches concernant un moyen de communication à longue distance qu'ils vont appeler "télégraphe aérien".

Janvier 1789

1er janvier 1789

Une pétition féministe, La pétition des femmes du tiers état est adressée au roi.

L'abbé Sieyès, vicaire général de l'évêque de Chartres, publie une brochure qui a un grand succès, Qu'est-ce que le Tiers Etat ?.  

L'abbé Sieyès

Il écrit : "Il est constant que les députés du clergé et de la noblesse ne sont point représentants de la nation ; il sont donc incompétents à voter pour elle" “1° Qu’est-ce que le Tiers-Etat : tout. 2° Qu’a-t’il été jusqu’à présent dans l’ordre politique : rien. 3° Que demande-t-il ? : à devenir quelque chose.”

24 janvier 1789

Le pays est au bord de la banqueroute.

Louis XVI réactive une vieille tradition de la monarchie française mise en sommeil depuis 1614, il convoque les États généraux. C’est une cérémonie où le roi organise la mise en scène du consentement.

Elle occupe tous les esprits. L'appel aux trois ordres (noblesse, clergé, Tiers-Etat) éveille l'espoir.

27 janvier 1789

Lors des Etats généraux de Bretagne, des jeunes nobles et de jeunes bourgeois s'affrontent violemment à Rennes.

Février 1789

Rédaction par Olympe de Gouges d'un texte véhément ayant pour titre Réflexion sur les hommes nègres qui est un véritable manifeste anti-raciste en faveur de la diversité des cultures et des êtres.

Mars 1789

Début de la procédure d'élections des représentants aux Etats généraux. Le système électoral aboutit à une représentation très sélective du tiers état, formée essentiellement de possédants, le plus souvent hommes de loi[1].

Les députés recueillent les voeux de leurs électeurs pour les réunir dans des cahiers de doléances.

Robespierre, 31 ans, fait partie des 12 députés élus par les habitants d’Arras. Il participe à la rédaction de cahiers de doléances.

Printemps 1789

Rédaction des cahiers de doléances (40.000) dans les réunions provinciales qui préparent les États généraux. Moment clé de la politisation du pays. Les cahiers manifestent un formidable espoir. Les bourgeois savent utiliser la concordance partielle des aspirations paysannes avec les leurs.

Avril 1789

Le peuple, qui voit chaque jour sur les routes circuler des chariots chargés de grain et de farine, commence à exercer la "taxation populaire" : on se sert et on paye (ou pas) au prix que l'on estime juste.

Le 18 avril, émeutes à Paris, rue de Montreuil (le duc d'Orléans, franc-maçon est soupçonné de les avoir fomentées).

Le 26 avril, Robespierre, à 31 ans, est élu député du Tiers, parmi les huit députés de l’Artois.

Le 27 et 28 avril, les ouvriers du Faubourg Saint-Antoine pillent et incendient la fabrique de papiers peints de l'industriel Réveillon accusé (peut-être à tort) de vouloir baisser les salaires. La troupe tire : 300 morts et arrestations.

Attroupement au Faubourg Saint-Antoine le 28 avril

Mai 1789

Effervescence prérévolutionnaire.

Le 2 mai, les députés des États généraux sont présentés au roi.

Solennelle procession qui fait défiler les élus des trois ordres jusqu'à l'église Saint-Louis de Versailles où est organisé un service solennel.

Le 5 mai, ouverture des Etats généraux à Versailles, dans une salle construite à la hâte derrière l'hôtel des Menus-Plaisirs. Les États généraux, institution ancienne, n'ont pas été convoqués depuis deux siècles (1614).

Ils cristallisent vite toutes les tensions.

  • 291 députés du clergé : 211 curés et 48 évêques
  • 270 de la noblesse
  • 578 roturiers du Tiers-Etat qui représentent 96 % de la population française. Il sont plutôt jeunes. 400 hommes de loi, intelligentsia bourgeoise, surtout provinciale, négociants, avocats, juristes, vaste fourre-tout. Les agriculteurs sont représentés par une cinquantaine de gros propriétaires terriens. La députation ne comprend ni artisans ni paysans ordinaires, la majorité de la population n'est donc pas représentée par les siens. Au début des Etats-généraux, tous les députés du Tiers-Etat sont royalistes, pour eux le “bon roi” est le père du pays.

Le roi cherche une solution à la crise financière.

Les députés du Tiers-Etat veulent le vote par tête et des débats en commun. Ces revendications perturbent le déroulement des Etats-généraux tel qu’il était prévu par la monarchie. Le roi refuse le vote par tête et impose le vote par ordre qui donne toujours la majorité au clergé et à la noblesse. Il interdit le compte-rendu des séances dans les journaux.

Le 18 mai, première prise de parole de Robespierre aux Etats généraux[2].

Le 23 mai, déclaration de paix au monde.

Olympe de Gouges écrit un texte : Le Cri du sage, par une femme.

Juin 1989

Disette de pain, émeutes et troubles en province où l'on a recours à l'armée.

Les députés du tiers-état entrent dans une lutte pour se faire reconnaître comme la voix collective de la nation.

10 juin 1789

L'abbé Sieyès présente devant l'Assemblée des Communes (le Tiers Etat), une motion pour la vérification des pouvoirs des députés des trois ordres par les assemblées réunies : c'est instituer la souveraineté nationale.

17 juin 1789

Au cours d'une séquence politique majeure, les députés du Tiers Etat, rejoints par certains députés des deux autres ordres, considérant qu'ils représentent à eux seuls presque la totalité de la nation, se proclament “Assemblée nationale”. L'Assemblée se donne le droit de collecter des impôts.

19 juin 1789

Le clergé, par 149 voix contre 137, décide de se joindre à l’Assemblée nationale du Tiers-Etat.

Louis XVI suspend alors les assemblées. Il fait fermer la salle où siègent les députés du Tiers, la salle de l'hôtel des Menus Plaisirs.

20 juin 1789

Le matin, il pleut sur Versailles, un orage d’été menace. Les députés se rendent devant l’hôtel des Menus Plaisirs et ils trouvent porte close. On leur refuse l’entrée sur décision du roi. Il faut trouver un autre lieu, abrité.

Les députés se rendent dans la toute proche salle du Jeu de Paume de Versailles.

Salle des Menus Plaisirs et salle du jeu de Pomme

Les 300 députés du Tiers-Etat, à l'unanimité moins une voix, prêtent le Serment du Jeu de Paume de ne pas se séparer jusqu'à l'établissement de la Constitution au royaume sur des fondements solides. Bailly, le président de la toute récente Assemblée nationale, prononce le Serment.

C’est un coup de force symbolique contre la monarchie absolue.

 David, Bailly prononce le serment du Jeu de Paume

Le serment est retranscrit par deux secrétaires en deux exemplaires sur lesquels tous les députés apposent leurs noms.

23 juin 1789

Coup de force du roi au cours d'une séance royale. Le roi condamne le serment du Jeu de Paume.

Un émissaire du roi, le marquis de Deux-Brézé venu apporter l'ordre de dissolution de l'Assemblée signé par Louis XVI, somme les députés du tiers de se disperser et de se réunir par ordre. Ils refusent. Mirabeau prononce : "Nous sommes ici par la volonté du peuple et nous ne quitterons nos places que par la puissance des baïonnettes".

Mirabeau fait décréter qu'aucun député ne peut être poursuivi devant les tribunaux pour les opinions qu’il a manifesté. Robespierre demande qu’une procédure criminelle contre l’un d’entre eux ne puisse être ouverte sans l'assentiment de l’Assemblée.

27 juin 1789

Le roi cède et demande aux députés de la noblesse et du clergé de rejoindre l'Assemblée Nationale.

Une vague de fêtes, d'illuminations et de Te Deum gagne les différentes villes du pays.

Le roi paraît se ressaisir. Il ordonne de concentrer 20.000 hommes de troupes (régiments suisses et allemands) autour de Versailles. Et si un coup de force se préparait ?

Juillet 1789

5 juillet 1789

La censure, symbole de l'absolutisme monarchique est abolie.

8 juillet 1789

L’Assemblée demande le retrait des troupes assemblées autour de Paris et de Versailles par le roi.

9 juillet 1789

L'Assemblée nationale se proclame Assemblée nationale constituante sans remettre en cause la personne royale. C’est le premier acte révolutionnaire, il proclame la fin de la monarchie absolue : la France aura une Constitution et le roi devra partager le pouvoir avec une assemblée de députés représentant la Nation.

24 députés, dont Mirabeau, Robespierre, Piéton et Bizot, apportent au roi une pétition de l’Assemblée demandant le retrait des troupes cantonnées autour de Paris.

11 juillet 1789

Le roi, pressé par ses frères et Marie-Antoinette, renvoie son ministre Jacques Necker favorable aux réformes et de ce fait assez populaire.

L’Assemblée va-t-elle être dissoute par la force ?

12 juillet 1789

Camille Desmoulins, jeune avocat inconnu de vingt-neuf ans, juché sur une chaise du café de Foy au Palais-Royal,  prend, après d'autres, la parole et appelle le peuple parisien à l'insurrection armée.

Le peuple redoute la disette (hausse du prix du pain) et les bourgeois la banqueroute.

Manifestation à Paris. Le buste de Necker est promené par le peuple dans les rues de Paris. Il est mutilé par des soldats royaux au cours d'échauffourées.

13 juillet 1789

Devant les actes de pillage qui se multiplient, les électeurs parisiens s'emparent de l'Hôtel de Ville et constituent une nouvelle municipalité en y installant un comité permanent de la Commune de 120 membres. Ce comité est présidé par l’astronome Bailly.

Ils décident de former une milice bourgeoise pour maintenir l’ordre, la Garde nationale constituée à partir de la milice. Ils lui donnent pour chef  le populaire Lafayette.

La Fayette, chef de la Garde nationale

Les armureries sont pillées. Les gardes françaises, 3.000 hommes avec leurs armes dont des canons, se joignent au peuple.

Manifestation en faveur de Necker et du duc d'Orléans dirigée par Legendre.

14 juillet 1789

Au matin, une foule populaire et de bourgeois s'empare de 12 canons et de 30.000 fusils entreposés aux Invalides.  Pour se procurer de la poudre et des munitions et éventuellement d’autres armes en vue de leur défense, les Parisiens (800 à 3.000 gardes français sans officiers) se dirigent vers la Bastille.

La Bastille est défendue par une garnison de 32 Suisses et  82 invalides sous le commandement du marquis de Launey.

Cette forteresse antique est le symbole de la monarchie absolue puisque le roi l'utilisait comme prison les sujets enfermés par “ lettres de cachet “. Elle ne contient plus en fait que sept prisonniers de droit commun.

Le gouverneur de la prison, Launey, fait tirer sur la foule. Après un siège de quelques heures, la Bastille capitule. 100 morts du côté des assaillants et un seul mort de l'autre côté. Launey et le représentant du roi à Paris sont exécutés avec six de leurs hommes. Peu après, Flesselles, le prévôt des marchands est exécuté.

La démolition de la Bastille est aussitôt entreprise pour consacrer la victoire du peuple sur l’arbitraire royal.

La prise de la Bastille. La scène représente l’arrestation de Launey par les gardes françaises qui ont obtenu la reddition de la Bastille en apportant les canons que l’on voit au premier plan (Carnavalet).

15 juillet 1789

La prise de la Bastille met fin provisoirement aux velléités de réaction du roi. Le roi recule et annonce à l'Assemblée qu'il a donné l'ordre de retirer les troupes de Paris et de Versailles et de les renvoyer en province.

Le marquis de Lafayette est nommé à la tête de la Garde nationale.

16 juillet 1789

Louis XVI rappelle Necker.

17 juillet 1789

Louis XVI se rend à Paris, à l'Hôtel de Ville pour consacrer par sa présence les faits accomplis. Il est forcé par Bailly d'arborer la cocarde tricolore, symbolisant la réconciliation de la ville et du roi. La couleur blanche est entre le bleu et le rouge qui sont les couleurs de Paris. C’est le triomphe de l'insurrection parisienne.

Émigration du comte d'Artois, frère de Louis XVI et des partisans de la manière forte.

L’annonce des événements de Paris provoque dans la plupart des villes des mouvements analogues. Des municipalités nouvelles se constituent, appuyées sur des milices urbaines.

Dans les campagnes, les ressentiments accumulés se débrident. Les clôtures sont détruites, les forêts mises au pillage, les terres communales envahies, les redevances seigneuriales refusées et les privilèges nobiliaires méconnus.

Les paysans constituent 80 % des 28,5 millions de Français.

Les paysans pauvres se retournent contre les châteaux et demeures féodales, brûlant les archives (les terriers) recensant les impôts seigneuriaux. Émeutes paysannes réclamant l'abolition des droits seigneuriaux sur les récoltes. Plusieurs centaines de châteaux sont pillés, notamment en Maine et Picardie. La répression contre les émeutiers, organisée par les nobles, est violente.

A travers plusieurs provinces se manifeste un curieux phénomène de psychologie collective. Des rumeurs de complots et d’invasions étrangères provoquent la Grande peur (- 06/08) dans les campagnes. Les paysans ont peur des représailles, d’un complot aristocratique et étranger, des "brigands" qui détruisent les récoltes. Ils s’arment à la hâte tandis que fuient femmes et enfants.

23 juillet 1789

La grande peur arrive à La Flèche.

30 juillet 1789

Le 30 juillet, retour triomphal de Necker à Paris.

La Constituante crée sa propre police, le Comité de recheches.

Août 1789

L’ébranlement venu de Paris a mis en mouvement la masse paysanne. Cette révolution populaire va, par contrecoup, faire faire un nouveau pas à l’Assemblée constituante.

L’ancien parti patriote se scinde en plusieurs tendances. Il s’en détache le groupe des Monarchiens inspiré par le dauphinois Mounier. Celui-ci voudrait donner au roi un veto absolu et contenir la chambre législative par une chambre haute, comme en Angleterre.

4 août 1789

Dans la soirée, deux nobles libéraux, le vicomte de Noailles et le duc d’Aiguillon, viennent proposer à la Constituante l’abandon des droits seigneuriaux. Entraînés par une émulation de générosité,  les représentants de tous les corps privilégiés - clergé, noblesse, magistrature, province, villes, corporations - viennent tour à tour offrir en holocauste leurs droitrs particuliers. La séance se poursuit jusqu’à trois heures du matin, dans une atmosphère d’enthousiasme larmoyant.

Les députés de l'Assemblée suppriment partiellement les privilèges des servitudes personnelles : mainmorte, corvée, droit de justice, péage, chasse, pêche grenouillage : obligation de battre l'eau des étangs pour faire taire les batraciens et assurer le repos du seigneur.  

Suppression de la dîme (perçue par le clergé sur les récoltes, fixée en principe au dixième).

Il est mis fin au système féodal. Les droits féodaux sont rachetables. L'obligation de rachat des droits féodaux par les paysans maintient le joug féodal sur tous les paysans pauvres, les conditions de rachat sont impraticables[3].

L'effroi devant le soulèvement des campagnes et la remise en cause des droits des propriétaires pèsent lourd au moment d'un vote non dénué d'arrières-pensées[4].  Quand la séance prend fin par un Te Deum dans la chapelle du château, il ne reste plus rien de l’ancienne société française fondée sur l’inégalité. C’est la fin de l'Ancien régime, l’Assemblée nationale a détruit entièrement le régime féodal.

A partir de là, des mouvements révolutionnaires vont naître un peu partout en Europe.

21 août 1789

Naissance du futur mathématicien Cauchy.

24 août 1789

Robespierre proclame la liberté de presse illimitée.

26 août 1789

L'Assemblée Constituante proclame la Déclaration des Droits de l'Homme et du citoyen (encore en vigueur aujourd'hui puisqu'elle fait partie du "bloc de constitutionnalité"). C’est le préambule de la future constitution, le catéchisme de la foi nouvelle, codifiant les idées fondamentales des philosophes du XVIIIe siècle. Elle est inspirée par le Bill of rights américain. "Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droit".

Mirabeau se saisit de cette phrase pour demander la fin de l'esclavage.

Honoré-Gabriel de Riqueti, comte de Mirabeau (1749-1791). Sa jeunesse orageuse lui vaut l’exil, l’emprisonnement par lettre de cachet et même une condamnation pour rapt et vol. Élu député aux Etats généraux par le Tiers-État d’Aix, il se révèle comme le plus puissant orateur et le plus clairvoyant des hommes politiques.

Libéralisation du commerce des grains. Le prix du blé peut être fixé sans limite légale, ce qui profite aux gros producteurs mais rend difficile l'approvisionnement des paysans pauvres et des villes, d'autant plus que les prix flambent sans tarder.

Septembre 1789 

Une crise nouvelle se dessine au cours du mois. Le roi, encouragé par un certain nombre de députés qui trouvent que l’on va trop loin, refuse de sanctionner les décrets issus de la nuit du 4 août.

Le roi décide une nouvelle fois de concentrer les troupes autour de Versailles.

A Paris, l’agitation populaire est entretenue par les difficultés de ravitaillement. Paris a faim.

Robespierre : “Nommez vos députés pour un temps très court, après ils doivent rentrer dans la foule des citoyens dont ils subissent le jugement impartial”.

Le 20 septembre, vote pour qu'il y ait une chambre unique.

Le 21 septembre, vote à la Constituante pour le droit veto suspensif du roi pour quatre ans en échange de sa signature des décrets du 4 août. Le droit de veto dévolu au roi apparaît à Robespierre comme un “monstre politique”.

Octobre 1789

Les Parisiens craignent toujours une attaque des troupes royales et sont indignés par le refus de Louis XVI d'approuver la décision du 4 août.

Les députés extrémistes s’entendent avec les meneurs parisiens pour provoquer une autre journée qui forcerait la main du roi.

Au cours des Journées d’octobre, les femmes font prendre un tournant décisif à la Révolution.

1er octobre 1789

Banquet à Versailles dans la salle de l'Opéra où des gardes du corps fêtent l'arrivée des officiers du régiment de Flandre et acclament la reine et en foulant au pied (dira-t-on) la cocarde. La nouvelle tombe sur Paris en ébullition[5].

Lundi 5 octobre 1789

Le matin, une expédition populaire de six à sept mille femmes de Paris, venues de la Halle et du Faubourg Saint Antoine, encadrées par des hommes déguisés en cotillons, se dirigent vers Versailles. Elles se sont emparées de canons à l'Hôtel de ville, se rendent, au son du tambour de Reine Audu, armées de piques et de faux, à Versailles où siège l'Assemblée constituante, pour obtenir du pain et contraindre le roi à accepter les décisions de l'Assemblée.

Elles sont suivies dans l’après-midi par les gardes nationaux de Paris, entraînant leur chef La Fayette.

Les femmes, arrivées à Versailles, envahissent l’Assemblée. Le roi reçoit une délégation, promet de sanctionner les décrets et de faire donner du pain, ce qui paraît calmer momentanément les émeutiers.

Mardi 6 octobre 1789

Le matin, des hommes de main forcent par surprise l’entrée du château, massacrent quelques gardes du corps et parviennent jusqu’aux appartements de la reine qui se sauve de justesse après le roi. La Fayette, survenant avec des gardes nationaux, réussit à faire évacuer le château mais la foule rassemblée dans la cour réclame maintenant à grands cris la venue du roi à Paris. Louis XVI paraît au balcon avec la Reine et La Fayette et annonce qu’il y consent.

Sous la pluie, en fin de journée, le roi et Marie-Antoinette ("le boulanger, la boulangère et le petit mitron")  sont contraints de venir aux Tuileries. La famille royale se trouve désormais placée sous le contrôle des Parisiens.

Lafayette négocie pour gagner la confiance de Louis XVI. Une nouvelle étape s'ouvre où tout semble possible.

Pour Robespierre, "il n'appartient à aucune puissance qui émane de la nation de censurer une condition qu'elle se donne".

Louis XVI contresigne les 17 articles de la Déclaration des Droits de l'Homme.

12 octobre 1789

Robespierre propose “de prononcer sur le champ la liberté de tous les prisonniers illégalement détenus”, dont les victimes des lettres de cachet.

19 octobre 1789

L'Assemblée quitte Versailles pour s'installer dans la salle du Manège sur le bord du jardin des Tuileries. Versailles n’est plus le théâtre de la révolution.

21 octobre 1789

La municipalité crée son propre Comité de recherches qui reçoit les dénonciations.

Le boulanger François est pendu à la lanterne par des Parisiens convaincus qu'il cachait du pain. A l'Assemblée, la peur du "peuple" culmine. Après l’assassinat du boulanger François, l'Assemblée Constituante décide de la loi martiale à Paris qui interdit les attroupements lorsqu'un drapeau rouge est exposé et qui autorise les gardes nationales, après sommation, à ramener l'ordre en riant sur la foule. Elle est signée par le roi. Robespierre s’y oppose avec véhémence. Cette loi va servir à la répression de nombreux mouvements populaires à Paris et dans tout le pays.

22 octobre 1789

Robespierre s'oppose au projet de réserver les droits politiques à une élite de citoyens : "chaque individu a le droit de concourir à la loi par laquelle il est obligé et à l'administration de la chose publique qui est la sienne". Dans ce débat, les partisans de Sieyès l'emportent. L’intransigeance démocratique de Robespierre commence à fixer l’attention du petit peuple parisien.

Novembre 1789

Le 2 novembre, les caisses de l'État sont vides, on est acculé à la banqueroute. Sur proposition de l’évêque d’Autun Talleyrand et du vicomte de Mirabeau, les biens ecclésiastiques sont mis à la disposition de la Nation (malgré l'opposition de l'abbé Maury) car la fortune de l’Eglise n’est qu’un dépôt fait entre ses mains pour lui permettre d’assurer sa tâche. L’Etat a donc le droit de se substituer à l'Église pour l’administration des biens du clergé, pourvu qu’il se charge lui-même des frais de culte, de l’entretien matériel du clergé et des œuvres assurées par l’Eglise. Les terres confisquées à l'Église deviennent des biens nationaux. Cette mesure est adoptée par une grosse majorité. Pour transformer en argent liquide cette immense fortune territoriale, on commence par émettre 400 millions d’assignats, sortes de bons du Trésor, portant un intérêt de 5 %. Les créanciers de l’Etat qui les reçoivent en paiement de leurs titres de créance pourront les échanger contre des biens nationaux, c'est-à-dire des terres confisquées au clergé. Mais cette opération ne fournit pas au Trésor l’argent liquide dont il a besoin.

L’assignat est à l’origine une sorte de bon du trésor établi à titre nominal et portant intérêt

Le 9 novembre l’Assemblée Constituante se tient dans la salle du Manège, au Jardins des Tuileries, transformée en salle de séances.

Le 17 novembre, Robespierre défend la liberté de parole du vicomte de Mirabeau qui n’use cependant pas d’une telle correction à son égard.

Décembre 1789

Le 8 décembre, Robespierre soutient les patriotes de Marseille.

Le 22 décembre, décret de création des départements, districts et communes dont les rouages administratifs sont uniformes. 83 départements sont créés.

Robespierre soutient les patriotes de Toulon.

Le député Stanislas de Clermont-Tonnerre déclare : Il faut tout refuser aux Juifs comme nation et tout accorder aux Juifs comme individus. Il faut qu’ils ne fassent dans l’Etat ni un corps politique, ni un ordre. Il faut qu’ils soient individuellement citoyens.

A la suite de la France, la plupart des Etats de l’Europe occidentale vont accorder l’égalité aux Juifs. Mais ce grand mouvement d’émancipation va attiser le sentiment anti-juif des Européens.

Le 23 décembre, Robespierre se prononce en faveur de l’accès des protestants, des comédiens et des Juifs aux droits de la citoyenneté.

Le 24 décembre, le statut des comédiens et des protestants est modifié.

Le 25 décembre, Olympe de Gouges est menacée de mort par les esclavagistes pour sa pièce Zamor et Mirza, l'esclave des nègres dénonçant l'esclavage et les colonies.


[1] Serge Aberdam et Malcolm Crook, Délibérer et voter : une passion durable in La révolution française, une histoire toujours vivante. Tallandier.

[2] Hervé Meuwers, Maximilen Robespierre, PUF

[3] Eric Hazan. Une histoire de la révolution française. Éditions La fabrique.

[4] Jean Bart, Les illusions de la nuit du 4 août, in La révolution française, une histoire toujours vivante. Tallandier.

[5] Eric Hazan. Une histoire de la révolution française. Éditions La fabrique.

En complément tous les jours la rubrique Politique de la Revue de Presse Emancipation!

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