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Billet de blog 6 janvier 2022

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Pourquoi M. Gervais-Lambony et ses soutiens refusent-ils d'inscrire les sans-facs ?

Adresse des sans-facs de Nanterre et leurs soutiens à M. Gervais-Lambony pour cette rentrée 2022. L'inscription de 21 dossiers dans une université de 32 000 étudiants et étudiantes n'est pas un problème de capacité d’accueil ! Le refus d'inscrire est la volonté de casser le mouvement étudiant qui entend, contre la sélection sociale, faire enfin respecter le droit d'étudier, à Nanterre et au delà.

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Pourquoi M. Gervais-Lambony et ses soutiens refusent-ils d'inscrire les sans-facs ? 

Illustration 1
© Nnoman

Source: AG des sans facs de Nanterre

L’argument phare asséné par la présidence de Nanterre et ses soutiens les plus “ultras” pour refuser d’inscrire est celui-là : « Nous n’avons que déjà trop inscrit ! Les capacités d’accueil sont atteintes, à d’autres universités de supporter les efforts ! »

Pas besoin d’être sorti de la NASA pour comprendre qu’avec le nouveau compromis proposé, ce ne sont pas aujourd’hui 21 dossiers de sans-facs dans une université de 32 000 étudiant et étudiantes qui vont faire exploser les capacités d’accueil de la fac de Nanterre !

Alors pourquoi refuser d’inscrire ? Avant d’essayer de se mettre dans la peau de cette présidence, il faut comprendre, nous et nos soutiens, que ce qui motive ce refus est bien politique.

Totalement politique même, car refuser d’inscrire - alors que c’est possible et tenable par l’université - est bien une décision consciente, délibérée. Un choix politique donc, celui de la fermeté contre une action collective étudiante.

Qui pourrait croire ou vouloir nous faire croire qu’il s’agisse d’une décision politique contre le  rectorat et le  ministère ? Ou d’un signe de fermeté vis-à-vis du gouvernement ?

Ce n’est évidemment pas le cas. Tout le monde peut le constater maintenant.

C’est par contre un signe de fermeté politique contre des étudiants et des étudiantes qui ont fait le choix à leur échelle de se battre contre la sélection et d’obtenir des inscriptions.

La coupure du chauffage , de l’électricité , de l’eau chaude, les fenêtres vissées, les propos misogynes et homophobes ,  les violences des vigiles ici,  ou ici, ou encore ici , les chaînes sur les portes des bâtiments permettant d’accéder aux amphis, les représentantes et élues syndicales suivies jusqu’à dans leurs partiels, les menaces à peine voilées, les entraves à la liberté de circulation des syndicalistes étudiants , l’entrave à la liberté d’expression jusque dans l’enceinte de l'université et jusque dans les amphis, le mensonge érigé en arme à l’encontre des soutiens et de leurs actions…toute cette violence, toute cette énergie destructrice, toutes ces centaines de milliers d’euros dépensées ne sont pas dirigées à l’encontre du ministère et de sa politique mais bien contre ceux et celles qui refusent en actes la sélection. Là encore c’est un choix très politique. Même le honni Balaudé n’avait pas osé aller aussi loin dans des mobilisations de sans-facs. À l'inverse, M. Gervais-Lambony a-t-il levé le petit doigt contre le Ministère depuis le début de la lutte ? Nous n'avons rien vu de tel.

Qu’est-ce qui permet à M. Gervais-Lambony de continuer à mener cette politique ? C'est surtout le soutien maintenu de l’intersyndicale (SNESUP/SNASUB-FSU, CGT FERC-SUP, SNPTES, SGEN-CFDT) de l’Université et cela malgré l’usage des méthodes citées plus haut, qui sont étrangères au syndicalisme. Aucune forme de désolidarisation publique malgré des méthodes ouvertement réactionnaires. La seule condamnation publique qui reste de ces forces : c’est la condamnation de l’occupation !

Le seul rubicon qui n’a pas encore été franchi est celui de l’intervention policière. Mais on sait que la présidence y travaille.

Mais comment cette intersyndicale, coquille en grande partie vide, tient-elle ? Ça ne serait possible sans le soutien passif ou parfois très actif de ces mêmes organisations et différentes tendances auxquelles ils et elles appartiennent au niveau départemental et national. Ils et elles portent au niveau local et national une lourde responsabilité dans le fait que M. Gervais-Lambony refuse encore d’entendre raison et de négocier et tente d’infliger au final une défaite contre les syndicalistes et les sans-facs qui refusent la sélection.

Les citer tous et toutes serait aujourd’hui fastidieux et inutile, mais c'est cette “gauche” de droite, qui a renoncé, s’est adaptée docilement à l’argument des capacités d’accueil pour justifier la sélection. Ils ont des noms et prénoms, occupent des fonctions syndicales et politiques et s’expriment parfois publiquement contre la lutte des sans-facs et leur syndicat. Quelle est leur solution pour les sans-facs ? Leur plan de bataille contre la sélection ? Rien depuis deux mois !

Combien d’heures passées publiquement et en coulisses à dénigrer les syndicalistes de l’UNEF et leurs soutiens, à décrédibiliser les sans-facs auprès de leurs collègues et des instances locales, départementales et nationales de leurs syndicats ou partis. Misère de cette “gauche”… qui passe plus de temps à juger et commenter ceux et celles qui luttent qu’à lutter elle-même !

Dernier exemple de cet alignement sans fin, l'acceptation sans sourciller des modalités d’examens en janvier sous COVID. L’attitude des directions d’UFR fait froid dans le dos et laisse voir ce que veut dire le pouvoir sans bornes des UFR ! 

M. Gervais-Lambony tient également car il s’appuie sur l’opposition des personnels contre les étudiants et les étudiantes. Il mise sur la division. Donner des miettes aux premiers pour les opposer aux seconds. Pour cela, il renforce le sentiment corporatiste et réactionnaire selon lequel les étudiants et étudiantes ne seraient que les usagers et pas aussi des actrices et acteurs d’un service public au sein duquel ils ne seraient pas les égaux du reste de la communauté universitaire. Mais surtout, lui et ses soutiens ne se donnent jamais les moyens de s’appuyer sur les revendications, les luttes des personnels et des étudiants pour frapper ensemble et s’opposer à la sélection et aux manques de moyens. 

C’est pour tout cela et malgré les nouveaux compromis proposés, que la présidence méprise la négociation. Elle est dans le rapport de force pour lui permettre d’imposer son refus d’inscrire, d’infliger une défaite aux sans-facs.

Et de grâce, les soutiens de M. Gervais-Lambony, arrêtez avec le pipeau sur la prérogative faite aux commissions pédagogiques ! En LCE, la commission a dit "ok" sur un dossier d'inscription et c'est la direction de l'UFR qui a refusé. Là encore un choix politique assumé par cette direction d’UFR et surtout l’épouvantail des commissions pédagogiques sert de diversion au refus politique d’inscrire ! Elle permet de masquer l'acceptation du critère des capacités d’accueil pour justifier la sélection.

Pour rappel, aucun refus ne se base sur des critères pédagogiques, mais sur les capacités d’accueil. D’ailleurs, plusieurs entretiens sont toujours restés sans réponse…ou n’ont même pas eu lieu. 

Donc la présidence, forte de ses soutiens, pense pouvoir  infliger une défaite. Elle fait pourtant une erreur si elle pense que le bras de fer s’achève avec les partiels de janvier. Les sans-facs ont bien compris que la possibilité d'un jour pouvoir être inscrits et poursuivre leurs études se joue dans la lutte qu'il mène actuellement ! Que s'ils n'obtiennent pas une inscription maintenant ils n’obtiendront pas plus une inscription l’année prochaine. 

Nous avons proposé un nouveau compromis. Rejeté et méprisé. Nous n’avons pas de réunion de prévue. Les termes du dernier mail sont éloquents : “Concernant votre demande d’une rencontre, nous devons voir s’il est possible et utile de vous proposer une date pour la semaine prochaine, ce en fonction, en effet, des nombreux autres sujets urgents.”.

En ce qui nous concerne, cette proposition est sur la table et nous attendons de signer le nouveau protocole d’ici vendredi. Si la présidence refuse cette main tendue, nous n'aurons pas d’autres choix : augmenter le rapport de forces et infliger à notre tour une défaite. Ce n’est ni  notre but, ni la  proposition que nous faisons. Mais nous assumerons ce choix si la présidence ne nous donne pas d’autres options. L’occupation va durer, s’amplifier, se tourner vers l’extérieur et cela jusqu’à ce que le compromis actuel soit acté. Cela prendra un jour, des semaines ou des mois mais il n’y aura pas d’autres issues. Dans tous les cas, on ne pourra pas nous reprocher de ne pas avoir proposé plusieurs solutions négociées et de se rencontrer. Plusieurs propositions de rencontres, comme encore une ce vendredi 7 janvier. Refuser de nous rencontrer, de négocier depuis des semaines, c’est vouloir nous infliger une défaite. L’histoire tranchera, vous pouvez visser toutes les fenêtres de cette université, mettre des vigiles derrière chaque étudiant, nous saurons trouver les échelles, les actions et les mots capables de faire bloc à l'intérieur et l’extérieur de l’université et finir par gagner !
Le 6 janvier 2022,
L'Assemblée générale des sans-facs de Nanterre et les élus UNEF.

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