Par Jacques Chastaing
Le soulèvement paysan avait appelé à bloquer le 6 février les autoroutes, routes nationales, routes d'Etat, pour exiger la libération des paysans, journalistes et militants arrêtés par l'Etat le 26 janvier et les jours qui ont suivi.
L'appel a été largement suivi puisqu'il y a eu des blocages par les paysans sur des milliers de routes et autoroutes, dans quasiment tous les Etats (malgré les mensonges du gouvernement et de la presse mainstream qui continuent à dire que le mouvement se limite aux Etats du Pendjab et l'Haryana et un peu de l'Uttar Pradesh) soutenus partout par des ouvriers, syndicalistes, militants de partis d'opposition, des étudiants, des femmes, des jeunes, des chauffeurs routiers, des employées des crèches et garderies, des services de santé, des intouchables, des enseignants, des électriciens, des employés de banques et d'assurances, des citoyens...
Dans les Etats les moins mobilisés comme l'Andrha Pradesh dans le sud (où la presse ose écrire qu'il n'y a eu aucune mobilisation), on a compté pas moins de 100 blocages, 150 dans le Tamil Nadu, 150 dans le Madhya Pradesh et même dans l'Assam (des Etats éloignés) où le régime est pourtant celui de la loi martiale qui interdit quasi toute mobilisation... et beaucoup plus dans le Pendjab, l'Haryana. Les paysans n'avaient pas appelé au blocage des routes à Delhi (qui l'est déjà partiellement et où la police avait mobilisé pour cette journée 50 000 hommes, des drones et avait arrêté préventivement une cinquantaine de militants syndicalistes) ni dans l'Uttar Pradesh ou l'Uttarakand où ils craignaient des provocations du type de celle du Fort Rouge le 26 janvier.
Après la confusion provoquée par les manœuvres du pouvoir du 26 janvier essayant avec la presse de faire passer le soulèvement paysan comme le cache sexe d'une insurrection violente sikh pour imposer leur religion aux hindous, les paysans ont repris l'initiative par cette démonstration de force pacifique, montrant que leur mouvement était à l'échelle de tout le pays et qu'ils avaient le soutien du peuple entier. Une grande partie des Chakka Jaam ont été transformés en meetings interprofessionnels contribuant à la convergence... que le soulèvement paysan contribue à mettre en route car la révolte gagne également les rangs ouvriers.
Par exemple, dans l'Etat du Tamil Nadu en ébullition, en plus du soulèvement paysan, cette semaine il y a eu des grèves massives de dimension nationale des fonctionnaires d'Etat, des employés des crèches et garderies rurales, des employés des compagnies d'assurance, des banques, des cheminots, des étudiants, des électriciens...et l'AIADMK, le parti qui dirige l'Etat, allié du BJP, tremble...
Enfin, comme symbole de la transformation du soulèvement paysan en quelque chose de plus large et de la conscience de ses responsabilités élargies dans la situation, dans la conférence de presse quotidienne du 6 février que tiennent les dirigeants du SKM (coordination qui anime le soulèvement), les animateurs du mouvement ont tenu à donner une place importante à leur dénonciation de l'arrestation de Nodeep Kaur, une militante Dalit (Intouchable) qui militait dans une organisation ouvrière dénonçant les violences que subissent les ouvriers au travail, licenciée de son travail pour avoir rejoint la lutte des paysans avec son organisation, puis arrêtée par la police et violentée sexuellement par des policiers.
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"Chakka Jaam" massif ('confiture de roues" ou dit autrement, blocage de routes) à Gurdaspur dans l'Etat du Pendjab ; Chakka Jaam dans le Pendjab ; Chakka Jaam à Ropar dans le Pendjab ; au Chakka Jaam de Ludhiana dans le Pendjab un Lungar ou repas communautaire offert par les paysans mangé à même l'autoroute ; Chakka Jam à Monak dans le Pendjab ; caricature indienne montrant la police de Delhi partant pour la Suède pour arrêter Greta Thunberg après qu'elle ait soutenu le soulèvement paysan et que la Justice indienne ait décidé de la poursuivre ; meeting de soutien aux paysans et contre les hausses de prix à Siliguri Bengale Occidentale ; Chakka Jaam à Dhundalwadi dans le Maharastra ; même dans les petits villages, on bloquait les routes, ici à Kaluwas dans l'Haryana ; Lungar (repas communautaire gratuit) au Chakka Jaam de Kurukshetra Pipli dans l'Haryana ; aussi dans l'Etat du Chhattisgarh ; Chakka Jaam à Titra dans l'Haryana ; Chakka Jaam à Harda dans la Madhya Pradesh ; Chakka Jaam dans l'Ett du Rajasthan ; Chakka Jaam dans l'Etat de l'Himachal Pradesh ; Chakka Jaam dans l'Etat de l'Odisha ; Chakka Pradesh au détour d'un bois dans l'Etat de l'Uttar Pradesh ; Chakka Jaam à Bengalore dans l'Etat du Karnataka ; Chakka Jaam dans l'Etat du Tamil Nadu ; Chakka Jaam dans l'Etat d'Assam ; Chakka Jaam dans l'Etat du Jammu et Kashmir ; Chakka Jaam dans l'Etat du Bihar ; Chakka Jaam dans l'Etat du Bengale occidentale ou les les ouvriers des minoteries se sont associés au blocage des routes ; les chauffeurs routiers se sont associés au Chakka Jaam dans le Madhya Pradesh ; même dans le plus petit des villages on faisait son Chakka Jaam, ici à Adilabad dans l'Etat du Telangana ; l'Etat du Tamil Nadu en ébullition, en plus du soulèvement paysan, cette semaine il y a eu des grèves massives des fonctionnaires d'Etat, des employés des crèches et garderies rurales, des employés des compagnies d'assurance, des banques, des cheminots, des étudiants, des électriciens... l'AIADMK, le parti qui dirige l'Etat, allié du BJP, tremble... ; le journal quotidien des paysans du 6 février ; Chakka Jaam à Madena dans l'Haryana ; Chakka Jaam dans l'Haryana à Nervana avec la présence de nombreuses employées des crèches rurales ; Chakka Jaam au péage de Khatkad dans l'Haryana ; un e des manifestations des employés de banques publiques en grève nationale le 4 février contre leur privatisation





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