La BBC, présente, estime la participation à 500 000 personnes, certains parlent du million, quoi qu'il en soit, ils étaient des centaines de milliers à être présents ce dimanche 5 septembre à Muzaffarnagar dans l'Uttar Pradesh pour ce Mahapanchayat (AG de démocratie directe) à vocation nationale.
Bien que des milliers de paysans et soutiens ainsi que des délégations aient été empêchés d'arriver par la police qui bloquait de nombreux trains et bus, il y avait des représentants de 22 États du pays, 300 organisations de paysans et ouvriers agricoles, aussi bien que des organisations d'ouvriers, d'employés, d'artisans et commerçants, de femmes, de jeunes, etc...
Selon certains, il n'y aurait pas eu de rassemblement de ce type et d'une telle importance dans toute l'histoire de l'Inde.
Pour accueillir tout ce monde, le SKM (coordination qui anime le soulèvement paysan) avait organisé 500 cantines et 100 campements médicaux.
La commune de Muzaffarnagar avait été choisie symboliquement comme un défi à la politique de division religieuse du pouvoir, car c'est dans ce même endroit où le BJP (parti au pouvoir) avait essayé de diviser la société en suscitant des émeutes entre hindous et musulmans.
Les dirigeants du SKM ont déclaré que leur objectif était de faire tomber Modi (1er ministre BJP) et Yogi (idéologue du BJP, président ultra réactionnaire de l'Uttar Pradesh, un Etat de 210 millions d'habitants, cœur du pouvoir national du BJP) tout en mettant fin à la vente du pays aux capitalistes, en stoppant la destruction du service public, en se battant aux côtés des jeunes pour leur embauche par millions et bien sûr en éradiquant toutes les lois anti-paysans et anti-ouvriers.
Pour cela, le SKM a prévu d'organiser des Mahapanchayats de ce type partout dans le pays ainsi que des parlements paysans dans les différents États tout en élargissant leur politique de bannissement social des dirigeants du BJP et leurs alliés, qui existe maintenant en Haryana, Pendjab, Uttar Pradesh, Rajasthan et Himachal Pradesh.
Pour commencer la campagne de Mahapanchayats qu'ouvre celui de Muzaffarnagar, ils ont annoncé un Mahapanchayat à Karnal dans l'Haryana le 7 septembre, un meeting général les 9 et 10 septembre à Lucknow, la capitale de l'Uttar Pradesh, des actions de reprise du butin des capitalistes dans l'Himachal Pradesh le 13 septembre, un parlement paysan dans le Rajasthan le 15 septembre et enfin un blocage général du pays (Bharat Bandh) le 27 septembre.
Ce rassemblement de Muzaffarnagar confirme l'émergence d'une coalition des mouvements sociaux autour du soulèvement paysan qui s'est formée au cours de l'année écoulée.
Tout en étant une démonstration de force pacifique nationale, il est aussi la preuve du poids politique grandissant que prend le soulèvement paysan dans un pays où plus de 30% de la population est en insécurité alimentaire ou sous-alimentée, où plus de la moitié des enfants souffrent d'un retard de croissance et d'une insuffisance alimentaire, où la classe moyenne est économiquement épuisée par les confinements imposés pour ralentir la propagation du Covid-19, où les coûts des soins de santé grimpent en flèche, où enfin tout le monde se souvient de famines provoquées par les entreprises agro-alimentaires.
Le soulèvement paysan a toujours refusé de se transformer en parti politique mais il est très politique, de plus en plus, mais hors du jeu institutionnel traditionnel, en affirmant par la mobilisation de rue des pauvres et au moyen d'un système de démocratie directe, le projet d'une autre société, plus solidaire, sans les oppressions de religions, de castes ou de sexes.





En complément tous les jours le dossier Soulèvement en Inde et la rubrique Asie/Océanie de la Revue de Presse Emancipation!
