Jacques Chastaing
Après la grève générale du 28 avril qui avait déjà été un succès total bloquant tout le pays, l'appel à une nouvelle grève générale ce 6 mai 2022 pour chasser le président et le gouvernement a monté d'un cran avec un appel au "Hartal", c'est-à-dire à la grève générale mais aussi en plus au blocage des institutions, financières, patronales, étatiques...
En ce sens, en plus des nombreuses grèves et luttes depuis plusieurs mois, en plus de la présidence qui est déjà bloquée depuis le 9 avril, les étudiants, dés hier 5 mai, ont bloqué les accès au Parlement. Les policiers ont tenté de les chasser avec gaz lacrymogènes et charges durant toute la nuit, mais rien n'y a fait, les étudiants bloquent toujours le Parlement ce 6 mai où plus d'une centaine de députés seraient bloqués et ont installé un campement "Huru" comme celui devant la présidence à "Galle Face".
Aujourd'hui 6 mai, tout était à nouveau arrêté, la grève était totale, transports, entreprises, écoles, santé, électriciens, ports, commerce, plantations, paysans... manifestant l'immense force de la classe ouvrière. Par ailleurs, les ouvriers manifestaient devant leurs usines en levant le drapeau noir, comme partout dans les villes et villages, symbole comme en Inde du rejet total des autorités, qu'on ne veut plus d'eux, qu'ils ont failli.
La suite est le 11 mai où les directions syndicales ont appelé à la grève illimitée jusqu'à la chute du régime. Le dirigeant du syndicat des enseignants, Joseph Stalin (!), a appelé pour sa part à construire un gouvernement des travailleurs, comme le fait le JVP, principal parti d'opposition de gauche et se réclamant du marxisme, qui parle de gouvernement du peuple mais sans plus de détails tout en même temps précisant au parlement en accord avec le SJB (principal parti d'opposition bourgeois) qu'il est pour la chute du pouvoir et un gouvernement intérimaire, sans préciser comment serait nommé ce gouvernement, jusqu'à de nouvelles élections. Le JVP et le SJB n'avancent pas de programme économique, ni même la satisfaction des revendications des ouvriers qui n'ont plus suffisamment à manger,ni de médicaments, ni d'essence, avec une hausse des prix considérable, des coupures d'électricité, des gens qui meurent de faim, etc...
Par ailleurs l'appel à la grève illimitée du 11 mai est conditionnée par le fait que le gouvernement ne renonce pas d'ici là. Or, ce soir, des rumeurs laissaient entendre que le président pourrait limoger le premier ministre (son frère). On verra si cela suffit à annuler ou reporter la grève générale illimitée. Quoi qu'il en soit, on assiste à une course de vitesse entre les partis bourgeois de droite ou de gauche et le mouvement ouvrier de base, entre le changement par en haut, c'est-à-dire tout changer pour que rien ne change, ou le changement par en bas, c'est-à-dire la révolution, pas seulement abattre les têtes qui dirigent le système mais tout le système capitaliste lui-même.
Jacques Chastaing, 6 mai 2022




