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Billet de blog 7 décembre 2021

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La dictature du capital a forcé un retour aux inégalités du XIXème siècle

Le Rapport sur les Inégalités Mondiales montre que le capitalisme est dans sans phase clinique. Les luttes sociales avaient permis de réduire les intégalités au XXème siècle, mais elles explosent. Ce capitalisme sénile ne survit que par toujours plus d'exploitation des êtres humains et de la nature. Sa réforme est illusoire. La survie de l'humanité exige une révolution sociale et de civilisation.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le rapport sur les inégalités mondiales, associant des centaines de chercheurs, sous la direction entre autres de Thomas Piketty, et publié par le PNUD, mérite lecture, analyse et débat. Voici des extraits de la synthèse.  Le rapport intégral est disponible ici, mais actuellement seulement en anglais

Les inégalités de revenus et de patrimoine sont aujourd’hui très fortes

En 2021, un adulte gagne en moyenne 16 700 euros par an (23 380 dollars) et possède en- moyenne 72 900 euros de patrimoine (102 600 dollars).1 Mais ces moyennes masquent des disparités considérables, à la fois à l’intérieur des pays et entre eux. Actuellement, les 10 % les plus riches de la planète captent 52 % du revenu mondial, tandis que la moitié la plus pauvre n’en gagne que 8 %. Et un individu appartenant aux 10 % des plus hauts revenus gagne en moyenne 87200 euros par an (122 100 dollars), tandis que celui qui appar- tient aux 50 % des revenus les plus bas en gagne 2 800 euros (3 920 dollars)

Illustration 1

Les inégalités de richesse sont encore plus prononcées que les inégalités de revenus. La moitié la plus pauvre de la population mondiale est pratiquement dépourvue de patrimoine, puisqu’elle ne possède que 2 % du total. À l’inverse, les 10 % les plus riches en détiennent 76%. Le patrimoine moyen de la moitié la plus pauvre se monte à 2 900 euros par adulte (soit 4 100 dollars), celui des 10 % les plus riches à 550 900 euros par adulte (771 300 dollars).

Illustration 2

L’inégalité est un choix politique et non une fatalité

Depuis les années 1980, les inégalités de revenus et de patrimoine sont en augmentation presque partout, à la suite de programmes de dérégulation et de libéralisation qui ont pris des formes différentes d’un pays à l’autre. Cette augmentation n’a pas été uniforme: spectaculaire dans certains pays (notamment aux États-Unis, en Russie ou en Inde), elle a été plus modérée dans d’autres (en Europe, en Chine). Ces différences de trajectoire, dont nous avons longuement traité dans la précédente édition de ce rapport, viennent confirmer que l’inégalité n’est pas une fatalité, mais bien un choix politique.

Les inégalités mondiales sont proches du niveau qui était le leur au XIXe siècle, à l’apogée de l’impérialisme occidental

Si les inégalités se sont creusées dans la plupart des pays, les inégalités entre pays se sont quant à elles amoindries au cours des deux dernières décennies. Au niveau mondial, il en résulte que que le revenu moyen des 10 % des individus les plus riches était environ 50 fois plus élevé que celui des 50 % des pays les plus pauvres en 1980 et il est désormais un peu moins de 40 fois plus élevé (graphique 5). Dans le même temps, les inégalités se sont accrues de manière significative à l’intérieur des pays : le rapport entre le revenu moyen des 10 % des individus les plus aisés et celui des 50 % les plus pauvres au sein des pays presque doublé, passant de 8,5 à 15 (voir chapitre 2). Du fait de cette montée en flèche des inégalités intérieures, le monde reste aujourd’hui particulièrement inégalitaire, et ce malgré le rattrapage économique et la forte croissante des pays émergents. Cela signifie en outre que les inégalités intérieures pèsent aujourd’hui davantage que les inégalités entre pays, pourtant déjà considérables .

Illustration 3

Les inégalités mondiales semblent aussi fortes aujourd’hui qu’au début du XXe siècle, à l’apogée de l’impérialisme occidental. Ainsi, la part de revenu perçue par la moitié la plus pauvre de la population mondiale représente environ la moitié de ce qu’elle était en 1820, avant la grande divergence entre les pays occidentaux et leurs colonies). En d’autres termes, la route sera encore longue avant d’effacer les inégalités léguées par l’organisation très inégalitaire de la production mondiale entre le milieu du XIXe siècle et le milieu du XXe.

En complément tous les jours la rubrique Politique de la Revue de Presse Emancipation!

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