
Au moment où tous les regards son tournés vers la situation dramatique du peuple ukrainien sous les bombes, il ne faut pas oublier la guerre au Yémen.
La guerre a commencé en 2014 et oppose au travers de forces yéménites locales, l'Arabie Saoudite et l'Iran. Les impérialismes français, britanniques et américains portent une lourde responsabilité dans cette guerre, eux qui financent et arment l'Arabie Saoudite, l'instigateur et l'acteur le plus important de cette guerre. Une guerre qui est la lointaine conséquence de la volonté des puissances de punir le peuple yéménite qui avait tenté de se soulever contre toutes les oppressions au moment des révolutions arabes.
La guerre aurait fait jusque là 400 000 morts et détruit entièrement le pays.
Mais la compagnie pétrolière française Total est aussi fortement impliquée dans la guerre au Yémen. Alors qu'elle pompe une première fois l'argent des automobilistes par la hausse de ses marges sur le prix de l'essence et qu'elle les pompe une seconde fois en récupérant une bonne partie des taxes d'Etat sur le carburant en ne payant pas ses impôts et en bénéficiant des subventions de la CICE, le géant pétrolier français pompe également le sang du peuple yéménite en jouant un rôle considérable dans la guerre qui ensanglante le pays.
Le pétrole, le Yémen, la guerre et l'omerta en France sur le rôle de Total
La compagnie pétrolière française Total est le premier investisseur étranger au Yémen.
Total est le principal propriétaire de l'entreprise de liquéfaction du gaz LNG au Yémen. Des manifestations ont eu lieu à Sanaa capitale du Yémen pour exiger que Total en complicité avec l'Arabie Saoudite cesse de piller le pays en volant le pétrole du Yémen.
En effet, l'Arabie saoudite a construit à l'aide de Total un site pétrolier dans le sud de la province d'Al Kharikhar, un district de Najran, juste sur les frontières avec le Yémen. C'est à partir de ce site pétrolier que Saoudiens et Français pompent 63% du pétrole yéménite. C'est un site construit secrètement et sous supervision d'Aramco (compagnie pétrolière saoudienne).
La politique de Total au Yémen relève de la pure hypocrisie. Total a annoncé le 29 septembre 2015 la fin de ses travaux à Hadramaout et a dit avoir remis le tout au ministère yéménite du Pétrole et des Mines. Mais quelques heures après cette annonce, Total a signé un contrat avec Riyad pour construire le site pétrolier précité et détourner le pétrole du sud du Yémen.
Du fait de la guerre, la production pétrolière au Yémen a été stoppée de 2015 à août 2018. Étant donné les risques, Total a demandé a ce moment à ses employés de quitter le pays.
La production pétrolière a repris en août 2018 dans la région contrôlée par le gouvernement lié à l'Arabie Saoudite avec la compagnie autrichienne OMV et la compagnie des pétroles des Emirats Arabes Unis avec lesquels Total est lié dans de nombreuses opérations de la Lybie à la Norvège en passant par Abou Dhabi. Les autorités yéménites espèrent reprendre leur pleine production début 2019. Bref le vol du pétrole yéménite de concert entre Total et l'Arabie Saoudite est en train de se remettre en route, partiellement pour le moment, mais probablement en vue d'une pleine production dans l'après guerre.
Cependant la situation militaire du pouvoir au Yémen est instable.
Les opposants Houthistes pourraient très bien reprendre les zones pétrolières. Cela fait durer la guerre d'une part pour assurer ces positions sur les régions pétrolifères, d'autre part pour savoir comment vont se faire les répartitions des intérêts à la fin de la guerre pour la reconstruction du pays qui vont se faire en fonction des rapports de force et des positions acquises à ce moment.
D'après des experts, le Yémen a plus de réserves pétrolières que toute la région du golfe Persique. L'Arabie Saoudite multiplie ainsi les guerres contre le Yémen depuis les années 1930 pour tenter de récupérer les zones pétrolifères. Cette guerre n'en est qu'une parmi bien d'autres. Et à chaque fois les compagnies pétrolières y sont mêlées.
Par ailleurs, le journal américain "L'independent" indiquait que lorsque le prince héritier d'Arabie saoudite, Mohammed Ben Salman, est venu voir Macron en avril 2018, Total et Aramco ont décidé de construire un complexe pétrolier géant en Arabie Saoudite. (https://www.independent.co.uk/.../saudi-arabia-mohammed...)
Début octobre 2018, après le meurtre du journaliste Kashoggi, l'agence de presse UPI expliquait que Total était intervenu pour qu'il n'y ait pas de sanctions contre l'Arabie Saoudite en déclarant que "la politique de la chaise vide est une mauvaise chose" au Moyen Orient étant donné le rôle qu'on peut y jouer (https://www.upi.com/Khashoggis-death-leads.../4101540302770/).
La France, les armes et la guerre.
L'Arabie Saoudite est un des principaux acheteur d'armes françaises au monde, contrairement à ce que dit Macron qui essaie d'en minimiser la portée, avec 11 milliards d'euros d'achats, dont 1,5 milliards pour la seule année 2017.
Tony Fortin, chargé d’études à l’Observatoire des armements, affirme que la France vend des armes à l’Arabie Saoudite en connaissance de cause : «Les frégates que l’on a vendues à l’Arabie Saoudite servent sûrement aujourd’hui au blocus du port d’Hodeida et cela a des conséquences terribles sur la population.» Il ajoute : «Le gouvernement a lui-même préparé cette guerre : les transferts d’armes ont explosé peu avant et pendant le conflit, et il faut savoir que les contrats d’armements sont préparés cinq ans à l’avance pour un conflit.» La France a en effet conclu, en 2013 et 2014, des contrats de modernisation de frégates saoudiennes.
Or le gouvernement français fait tout cela en s'asseyant tranquillement sur le droit international.
En novembre 217, le Parlement européen vote une nouvelle résolution pour demander l’arrêt des ventes d’armes à l’Arabie saoudite. Passant outre la volonté des députés européens, la France continue pourtant de livrer du matériel militaire à Riyad avec le risque qu'il soit utilisé dans al guerre au Yémen.
C'est une violation du traité sur le commerce des armes, qui interdit d’exporter ce type de matériel quand il existe un risque de crime de guerre.
Depuis le printemps 2015, 70 à 80 chars Leclerc ont été déployés par l’armée émiratie, alliée de l’Arabie Saoudite, sur le champ de bataille yéménite afin de combattre la rébellion des Houthis.
Dassault, qui fournit des Mirages 2000-9 à l'armée des Émirats Arabes Unis, et vient de signer un contrat de modernisation de leur flotte écrit dans un communiqué : « L’excellence de l’avion et le succès du programme ont été démontrés avec brio par la grande disponibilité du Mirage 2000-9 et la qualité de sa participation à des opérations menées en coalition internationale ». Or ces opérations sont les frappes aériennes de la coalition arabe au Yémen dont certaines, selon l’ONU et des organisations non-gouvernementales, pourraient constituer des crimes de guerre." (Bastamag 02.2018).
Depuis le second semestre de l’année 2014, la France a accordé pas moins de 1989 licences d’exportation de matériel militaire aux différents pays engagés dans la coalition menée par Riyad ! Depuis 2007, l’Arabie Saoudite, le Qatar et l’Égypte engagés dans le conflit sont les trois principaux clients de la France après l’Inde.
Dès lors, il n’est pas étonnant de retrouver des armes françaises sur le champ de bataille yéménite : des corvettes Baynunah du constructeur français CMN (Constructions mécaniques de Normandie) pour assurer le blocus, des canons Caesar pour pilonner le Yémen depuis sa frontière… Pour l’Observatoire des armements, la coalition profite ainsi d’un matériel français « dernier cri ».
Les conséquences dramatiques de cette guerre
La guerre, la famine et la pauvreté ravagent le Yémen.
Un bilan de janvier 2017 faisait état de 10 000 morts, 30 000 blessés et plus de 2 millions et demi de déplacés. Aujourd’hui, ce bilan déjà dramatique est passé à 400 000 morts.
Pire, selon le secrétaire général adjoint de l’ONU pour les Affaires humanitaires, Mark Lowcock, le Yémen fait face à «un danger clair et présent d’une famine imminente et géante», estimée à 14 millions le nombre de personnes qui pourraient en être victimes.
«L’apport de nourriture est en grosse partie bloqué par l’Arabie Saoudite au port d’Hodeida. Les aides financières mensuelles apportées aux populations pour l'alimentation tiennent à peine deux semaines. La moitié des Yéménites ne savent pas comment ils obtiendront leur prochain repas.» Les routes sont bloquées par les conflits, les écoles et les hôpitaux détruits, le manque d’eau et l’absence d’électricité est généralisé. L’Unicef estime qu’un enfant y meurt toutes les dix minutes, qu’1,8 million d’entre-eux souffrent de malnutrition aiguë et que près de 400 000 enfants yéménites sont atteints de malnutrition sévère et luttent pour survivre. Une épidémie de choléra menace, un désastre dans un pays dont le système de santé est exsangue et où les organisations humanitaires sont elles aussi victimes des bombardements. Plusieurs hôpitaux de Médecins sans frontières (MSF) ont ainsi été visés.
Le Yémen traverse peut-être actuellement « la pire crise humanitaire depuis la fin de la Seconde guerre mondiale », alertent les Nations-unies,
Total finance la guerre, les sociétés d'armement françaises engrangent les bénéfices et permettent de conquérir des champs pétrolifères pour Total
Riyad achète des armes et des munitions avec les pétrodollars volés avec Total au peuple yéménite. Bref, Total fait acheter des armes françaises à l'Arabie Saoudite. La boucle est bouclée.
Alors que la plupart des pays qui vendent des armes à l'Arabie Saoudite et à leurs alliés ont cessé ces ventes ou ont posé un moratoire devant le drame qui se joue, la France continue et empêche toute enquête sérieuse sur le sujet.
On en peut que lier cette "omerta" sur les ventes d'armes aux intérêts de Total au Yémen et en Arabie saoudite.
La France continue à alimenter la guerre comme l'ont confirmé les journalistes Disclose d'une part parce que ça rapporte et d'autre part afin que l'Arabie Saoudite et ses alliés gagnent le plus de positions possibles dans le pays de telle manière que la reconstruction de l'après guerre profite aux intérêts économiques des entreprises françaises et en premier lieu de Total au moment où les USA semblent pour leur part prendre quelques distances avec leur allié saoudien embourbé dans une guerre qui ne finit pas.
Jacques Chastaing,
Sources :
https://www.lemonde.fr/.../un-rapport-classe-secret...
https://orientxxi.info/.../tous-ceux-qui-veulent-que-la...
https://defence.pk/.../saudi-arabia-uae-and-french-total.../
https://oilprice.com/.../Yemeni-Oil-Reserves-Under...
https://oilprice.com/.../War-Torn-Yemen-Restarts-Oil...
https://www.nytimes.com/2009/02/22/business/worldbusiness/22
https://www.upi.com/Khashoggis-death-leads.../4101540302770/
https://www.independent.co.uk/.../saudi-arabia-mohammed...
https://www.liberation.fr/.../yemen-l-opacite-des-ventes...
https://www.bastamag.net/En-savoir-plus-sur-les-ventes-d...
https://www.bastamag.net/Mirages-2000-chars-Leclerc...
https://blogs.mediapart.fr/.../les-yemenites-en-perdition...
https://www.amnesty.fr/.../la-france-continue-dalimenter...
https://www.amnesty.fr/.../la-france-continue-dalimenter...
En complément tous les jours la rubrique Proche et Moyen Orient de la Revue de Presse Emancipation!
