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Billet de blog 8 juillet 2021

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Haïti: l'hypothèse d'un réglement de compte entre milices

Les jours qui suivent permettront d'enquêter sur cette piste et hypothèse. Une chose sûre en attendant, dénoncée depuis des années par les organisations démocratiques haïtiennes: le régime avait ses tontons macoutes. Jovenel ne tenait depuis le soulèvement de juillet 2018 que par la violence, celle des bandes armées de l'Etat et des milices privées.

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 Le chef de la police prétend avoir éliminé 4 suspects et en avoir arrêté deux, dont un haitiano-américain. Mais personne ne répond à la question: à qui profite l'assassinat de Jovenel Moïse ? 

On apprend seulement ce soir que la situatation profitera au moins aux petites affaires du premier ministre Claude Joseph. En effet, le ministre haïtien chargé des élections, Mathias Pierre, a déclaré que les élections présidentielle et législatives et le référendum constitutionnel auraient lieu comme prévu le 26 septembre prochain. Il a ajouté que l'actuel Premier ministre intérimaire, Claude Joseph, resterait au pouvoir jusqu'à ce qu'un nouveau président soit élu, après l'assassinat cette semaine du président Jovenel Moïse. Le vainqueur sera nécessairement le candidat que l'oligarchie choisira. Il sera "élu" comme convenu par la grâce des bandes armées, peut-être même celle des Etats impérialistes.

La presse, en Haiti et à l'extérieur s'est contenté hier et ce jour de rendre compte, comme indique cette 'dépêche de Alterpresse:

P-au-P., 09 juil. 2021 [AlterPresse] --- Haïti est plongée dans le chaos et l’incertitude après l’assassinat du président de facto Jovenel Moïse, dans la nuit du 6 au 7 février à Pèlerin en périphérie de la capitale, selon un relevé effectué par AlterPresse.

• Le président d’Haïti vient d’être assassiné. Qui dirige le pays maintenant ? se demande le Miami Herald.

L’assassinat de mercredi du président haïtien Jovenel Moïse devrait plonger Haïti dans un plus grand désarroi politique.

Une des complications : on ne sait pas qui succédera à Moïse.

Le président Joe Biden a condamné mercredi le meurtre « odieux » du président haïtien Jovenel Moïse, affirmant que cet assassinat était un signe « inquiétant » pour la nation des Caraïbes, souligne Miami Herald.

• Le président haïtien Jovenel Moïse est assassiné, choquant la nation instable, titre pour sa part NPR.

Jovenel Moïse, le président assiégé d’Haïti qui a plongé le pays dans une agitation politique plus profonde au cours de son mandat tumultueux, a été assassiné dans la nuit à sa résidence privée, selon le Premier ministre par intérim du pays.

Le Premier ministre Claude Joseph a déclaré qu’un groupe de personnes avait attaqué la résidence privée du président et l’avait tué, le qualifiant d’acte "odieux et barbare", rappelle NPR.

• Comment l’assassinat du président haïtien fait-il suite à des années de conflit et d’impasse ? s’interroge New York Times.

• Et Reuters de titrer : Des hommes armés assassinent le président haïtien à son domicile, chasse aux tueurs lancée.

Le président haïtien Jovenel Moise a été abattu par des hommes armés avec des armes de gros calibre dans sa résidence privée dans la nuit de mercredi, déclenchant un tollé international au milieu des craintes d’une descente dans le chaos dans la nation caribéenne appauvrie.

L’assassinat, qui a attiré la condamnation de Washington et des pays d’Amérique latine voisins, a coïncidé avec une vague de violences entre gangs à Port-au-Prince ces derniers mois, alimentée par une crise humanitaire croissante et des troubles politiques. Le désordre a transformé de nombreux quartiers de la capitale en zones interdites, écrit Reuters.

• L’attachée de presse de la Maison Blanche, Jen Psaki, adresse les condoléances de la Maison Blanche au peuple haïtien après l’assassinat du président haïtien, Jovenel Moïse, informe CNN.

Le président haïtien Jovenel Moise a été assassiné tôt mercredi, plongeant le pays dans une nouvelle tourmente à une époque d’instabilité politique et d’escalade de la violence.

Les frontières et l’aéroport international d’Haïti sont fermés et la loi martiale a été imposée après que le Premier ministre par intérim d’Haïti a déclaré « l’état de siège », indique CNN.

• Le président d’Haïti, Jovenel Moïse, assassiné ; le premier ministre déclare l’« état de siège », titre Le Monde.

Les rues de la capitale, Port-au-Prince, étaient calmes mercredi matin, sans présence renforcée de la police ou des forces de sécurité, selon des témoins.

Le premier ministre haïtien a déclaré mercredi l’« état de siège », octroyant des pouvoirs renforcés à l’exécutif quelques heures après l’assassinat du président, Jovenel Moïse. « Dans la stricte application de l’article 149 de la Constitution, je viens de présider un conseil des ministres extraordinaire et nous avons décidé de déclarer l’état de siège sur tout le pays », a-t-il déclaré, selon Le Monde.

• L’assassinat de son président plonge Haïti dans l’inconnu, selon Lapresse.ca et l’AFP.

Le président haïtien Jovenel Moïse a été assassiné par un commando armé mercredi en pleine nuit à son domicile, le premier ministre par intérim décrétant dans la foulée l’état de siège dans le pays des Caraïbes encore davantage plongé dans la crise.

• Pour Le Figaro, l’assassinat du président Jovenel Moïse ne fait que confirmer la situation dramatique de la nation la plus pauvre d’Amérique..

• France 24 titre : Mort du président haïtien : le président Jovenel Moïse assassiné par un commando.

Le président haïtien Jovenel Moïse a été assassiné dans la nuit de mardi à mercredi 7 juillet par des hommes armés dans sa résidence privée. Le Premier ministre a également appelé la population haïtienne au calme.

• L’éditrice et journaliste du journal Haitian Times, Vania Andre, a déclaré à CNN qu’elle était préoccupée par le potentiel de violence de rue à la suite de l’assassinat du président Jovenel Moise.

Haitian Times est considéré comme un journal influent pour les Haïtiens vivant aux États-Unis.

Dans une déclaration à CNN, André a déclaré :

La diaspora haïtienne est bouleversée et en quête de réponses. Bien que Jovenel Moise ait été extrêmement impopulaire avec plusieurs appels à sa démission, il y a toujours un sentiment de déception compte tenu de ce que cela indique pour l’état du pays. Les gens ont peur de ce qui va suivre et il y a des craintes très réelles quant à savoir si la violence dans les rues s’ensuivra ou non."

• Selon ApNews, l’assassinat de Jovenel Moïse a infligé plus de chaos à ce pays des Caraïbes qui subissait déjà la violence des gangs, la flambée de l’inflation et les protestations des partisans de l’opposition qui accusaient le leader d’un autoritarisme croissant.

Le Premier ministre par intérim Claude Joseph, qui a confirmé le meurtre, a déclaré que la police et l’armée contrôlaient la sécurité en Haïti, le pays le plus pauvre des Amériques où une histoire de dictature et de bouleversements politiques a longtemps entravé la consolidation du régime démocratique.

Malgré les assurances de Joseph que l’ordre prévaudrait, il y avait une confusion quant à qui devrait prendre le contrôle et une anxiété généralisée parmi les Haïtiens. Les autorités ont déclaré « l’état de siège » dans le pays et fermé l’aéroport international, rappelle ApNews. [apr 08/07/2021 09 :00]

Par contre, Libération donne la parole à un fin connaisseur et docteur en sciences politiques, Frédéric Thomas, chargé d’étude au Centre tricontinental (Cetri), basé en Belgique.

Par contre, Libération donne la parole à un fin connaisseur et docteur en sciences politiques, Frédéric Thomas, chargé d’étude au Centre tricontinental (Cetri), basé en Belgique. Il y affirme « l’assassinat est le marqueur d’un pourrissement de la situation, de l’effondrement des institutions étatiques, de la dérive mafieuse d’un Etat et de la montée en puissance des gangs armés. » et rappelle que la police ne fait rien contre eux.

Nous y sommes. La liste des massacres, viols et assassinats ciblés est interminable. Il y une semaine, un journaliste et une militante de l’opposition, féministe de surcroit, Antoinette Duclair, ont encore été assassinés. La police ne fait qu’une chose depuis le soulèvement populaire de juillet 2018: maintenir l’ordre par tous les moyens, avec l’appui des milices privées de l’oligarchie et des trafiquants en tout genre. 

Il faut rappeler que l’ancien policier Jimmy Cherizier, responsable du massacre de 71 personnes, en novembre 2018 à La Saline, quartier populaire de Port-au-Prince, non seulement court toujours mais s'affiche. Début avril 2020, le ministère des Affaires sociales lui confia une distribution de biens alimentaires, ce dont témoignent des vidéos. Puis le 22 janvier il est filmé en tête d’une manifestation. Son adjoint impliqué dans le massacre de La Saline est Fednel Monchéry, ancien directeur général du ministère de l’Intérieur. Arrêté pour problème de plaque de voiture, il a été immédiatement été relâché…La dictature actuelle, comme celle de Duvalier, au service de l’oligarchie, est usé jusqu’à l’os, mais tient justement par l’os de l’Etat, soit ses bandes armées. 

La gouvernements des pays impérialistes, Washington et Paris en tête, qui soutiennent depuis des décennies les dictateurs à Port-au-Prince, et ont organisé le coup d’Etat en 1990 contre le président élu massivement J-B Aristide, sont complices des massacres et de la misère en Haiti. 

En complément tous les jours la rubrique Amérique Latine et Caraïbesde la Revue de Presse Emancipation!

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