Jean-Marc B (avatar)

Jean-Marc B

Abonné·e de Mediapart

10961 Billets

0 Édition

Billet de blog 10 avril 2022

Jean-Marc B (avatar)

Jean-Marc B

Abonné·e de Mediapart

Sri Lanka : mouvement insurrectionnel en cours -J. Chastaing

Cela fait une douzaine de jours qu'il y a des manifestations partout et à tout moment au Sri Lanka, de jour comme de nuit, en ville ou à la campagne, des travailleurs, des femmes au foyer, des étudiants, des médecins, des avocats, des salariés de la santé, des fonctionnaires, des paysans, des cheminots... et toutes et tous exigent le départ immédiat du président.

Jean-Marc B (avatar)

Jean-Marc B

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Cela fait une douzaine de jours qu'il y a des manifestations partout et à tout moment au Sri Lanka, de jour comme de nuit, en ville ou à la campagne, des travailleurs, des femmes au foyer, des étudiants, des médecins, des avocats, des salariés de la santé, des fonctionnaires, des paysans, des cheminots... et toutes et tous exigent le départ immédiat du président et lieutenant-colonel Gotabaya Rajapaksa (dit Gota), de son frère 1er ministre et de leur régime soutenu par les militaires et composé en grande partie de militaires.

L'inflation est en moyenne de 20% et beaucoup plus pour les produits alimentaires de première nécessité. Il y a des pénuries d'aliments, de médicaments, de papier, d'encre, de gaz, de carburants et donc des écoles, des industries, des commerces, des services... ferment faute de pétrole, de gaz, d'électricité aggravant ainsi la crise.

Le gouvernement avait voulu baisser de manière importante les impôts des riches et de le faire payer par des coupes sombres sur les budgets des services publics et des salaires. Pour alimenter le budget de l'Etat sans les impôts sur les riches et l'industrie, il a fait tourner à fond la machine à billets et a provoqué une inflation considérable, qui, ajouté à la hausse des prix actuelle, a entraîné une quasi mise en faillite de l'économie et une détresse sans nom pour les plus pauvres, dont beaucoup meurent littéralement de faim.

Les grandes traditions de lutte et d'organisation du peuple sri lankais et de la classe ouvrière lui ont fait mener des luttes importantes en 2017 et 2018 avec une suspension de ces luttes à partir de fin 2018 et l'élection de Gotha, profitant du discrédit des partis de gauche qui l'ont précédé dans les attaques contre le monde ouvrier, pour mettre des militaires à tous les postes du gouvernement et également fortement augmenter la répression.

A partir de 2021 et surtout à la fin de l'année, les luttes et grèves ouvrières ont repris avec notamment un grand mouvement des enseignants et un autre des paysans, contre la hausse des prix, pour des hausses de salaires ou contre la politique agricole du gouvernement sur les engrais qui ruinait totalement la petite paysannerie du pays.

A côté des manifestations paysannes qui continuaient et ont appelé en mars 2022 à renverser le pouvoir, d'énormes manifestations appelées par les deux principaux partis d'opposition JVP (d'obédience marxiste) et SJB (bourgeois) ont émaillé ce début d'année 2022 et tout particulièrement le mois de mars. Mais c'est avec l'intervention directe du peuple dans la rue fin mars -malgré le couvre feu, la coupure d'internet, l'interdiction de manifester et l'armée dans les rues - tentant de prendre d'assaut les demeures du président et de plusieurs ministres, qu'a été mis le feu aux poudres d'une situation insurrectionnelle et ouvrant la porte à des manifestations continues dans tout le pays exigeant le départ immédiat du président et du régime.

Un moment dépassés par les événements, les deux grands partis d'opposition, ont dénoncé ces manifestations d'anonymes qui sortaient de tous côtés sans leur agrément. Puis voyant la puissance du mouvement, ils ont décidé de déposer une motion de censure parlementaire - comme au Pakistan - afin d'obliger légalement le président et le 1er ministre à démissionner et de détourner le peuple de la rue et d'une prise du pouvoir révolutionnaire.

En même temps, sous la pression populaire, le JVP appelait pour sa part à amplifier les manifestations tous azimuts (mais les syndicats qui lui sont souvent liés, eux, pour le moment n'appellent pas à grand chose alors que les travailleurs manifestent d'eux-mêmes) ainsi qu'à un gouvernement issu du peuple, tandis que de plus petits groupes appellent à un gouvernement ouvrier et paysan.

On en est là, la situation évoluant de jour en jour, la pression populaire s'élargissant et s'amplifiant chaque jour

Photos des manifestations du 9 avril à Gale face Green à Colombo

En complément tous les jours la rubrique Asie/Océanie de la Revue de Presse Emancipation!

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.