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Suite a l’assassinat du Président Jovenel Moïse, Mathias Pierre, Ministre chargé des questions électorales et des relations avec les partis politiques a demandé l'envoi de troupes US et/ou de l'ONU, en expliquant: « Nous avons pensé que des mercenaires pourraient détruire quelques infrastructures afin de créer le chaos dans le pays."
Il a déjà essuyé hier 9 juillet un refus de Washington qui s’est engagé toutefois à coopérer à l’enquête. La proposition n'est surtout pas du goût de tous les haïtiens. Ils ont le souvenir amère de l'occupation américaine de près de deux décennies qui a suivi l'assassinat en 1915 du président Jean Vilbrun Guillaume Sam. Quant à la dernière intervention des Nations unies, elle n'a apporté aucun progrès démocratique. Par contre, elle est synonyme de viols et de milliers de personnes tuées par le choléra.
En attendant, la situation politique se complique. Le Sénat haïtien, malgré l'absence de quorum, puisqu'il est réduit à un tiers de ses membres en l'absence des élections qui devaient le renouveler, a désigné son président, Joseph Lambert, comme président du pays. Cela fait trois prétendants: Claude Joseph, qui se considère en exercice, malgré sa démission le 5 juillet, Ariel Henry, désigné par le président Moïse deux jours avant son assassinat, mais non investi par le Sénat, et Joseph Lambert. Il faut croire que la fonction a des avantages à la hauteur des risques. Après tout, il y a plus d'un siècle qu'un président n'avait pas été assassiné. C'est beaucoup mieux que chez le grand frère, qui a connu en quelques années le coup double avec Kennedy bien ajusté, puis Reagan presque liquidé...
Dernière nouvelle: des partis politiques diamétralement opposés comme le PHTH, la DIRPOD, la Fusion, l'AAA, le RDNP, En avant, INITE, FND, VERITE, Veye yo, se sont mis d'accord pour faire du sénateur Joseph Lambert le président provisoire de la République et du Dr Ariel Henry lePremier ministre.
Mais surtout, les politiciens de l'opposition et les médias en Haïti et en Colombie mettent désormais en doute la version des faits par Claude Joseph et le chef intérim de la Police.
L'ex sénateur d'opposition Steven Benoît a déclaré à la station de radio locale Magik9 : "Le président a été assassiné par ses propres gardes, pas par les Colombiens." Le chef du parquet de Port-au-Prince, Me Bed-Ford Claude, pose la question à un million de gourdes: « Je n’ai constaté aucun policier victime, sinon le président et son épouse. Si vous êtes responsables de la sécurité du président, où étiez-vous ? Qu’avez-vous fait pour éviter ce sort au président ? ». D'après CNN, le juge d'instruction du quartier, Carl Henri Destin, lorsqu'il est arrivé tôt le matin, aucun des gardes de sécurité n'était plus présent, et la guerrite de la police était vide.
Par contre, la veuve du président, dans une brève déclaration depuis Miami, a dénoncé des "mercenaires".
Le magazine colombien Semana, citant une source anonyme, suggère que les anciens soldats colombiens s'étaient rendus en Haïti après avoir été engagés en fait pour protéger Moïse, après qu'il ait reçu des menaces de mort.
Le journal colombien El Tiempo affirme que les vidéo de sécurité montrent que le commando est arrivé entre 2 h 30 et 2 h 40 du matin mercredi, soit une heure et demie après le crime...
L'épouse de l'un des Colombiens arrêtés a déclaré à la radio que son mari, Francisco Eladio Uribe, avait été engagé par une agence pour se rendre en République dominicaine afin d'assurer la sécurité de familles aisées.
Ici une vidéo qui visite une partie de la résidence de Moïse criblée de balles.
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