Source: Aplutsoc
Nous avons donc le second tour Macron/Le Pen sur lequel l’un et l’autre comptaient. Par rapport aux tendances qui dominaient quelques semaines auparavant, nous avons un tassement de l’abstention qui demeure importante (25,14% des inscrits sur 97% des suffrages exprimés ce matin, plus 2,19% de blancs et nuls par rapport aux votants), et une progression de Macron, prévisible et confirmée, à 27,6% des exprimés. Macron, Le Pen et la V° République peuvent notamment dire merci à Poutine.
Malgré ces coups, la tendance lourde est confirmée, celle-là même qui avait motivé notre campagne pour le boycott : ce président et son régime restent et sont illégitimes pour la grande majorité. En effet, la progression significative de Macron (1,1 million de voix de plus qu’en 2017), ne saurait masquer le rejet dont il a été l’objet par les mouvements sociaux tout au long de son quinquennat, et qui s’exprime dans la quasi-totalité des autres votes et des abstentions.
J.L. Mélenchon, avec 550 000 voix de plus qu’en 2017, arrive au niveau élevé de 21,95%, derrière Le Pen à 23,41%. Sa présence au second tour, qu’il n’avait initialement pas envisagée, aurait donc été possible, mais, comme en 2017 pour le coup, elle l’aurait été par une autre orientation, d’unité ouvrière et sociale contre la V° République et non d’affirmation plébiscitaire du seul sauveur. Il y a écrasement des candidatures de partis issus du mouvement ouvrier (PCF 2,31%, PS 1,74%, NPA 0,77%, LO 0,57%), ce qui n’est pas une nouveauté (c’est seulement accentué, parachevé, pour le PS), et le tassement du vote écologiste (Jadot, 4,58%). Le « vote utile » n’aura donc eu d’autres fruits, tout en contribuant à légitimer le ou la future élue en faisant baisser le niveau d’abstention qui reste toutefois le plus élevé de l’histoire de la V° République après celui de 2002.
Ajoutons que dans ce que l’on appelle l’ « outremer », l’abstention est ultra-majoritaire, souvent à 70% ou plus de 80% comme en Kanaky. C’est bien là la question de l’autodétermination qui est posée. Parmi les suffrages exprimés, J.L. Mélenchon est en tête, mais le fait dominant ici est bien le boycott populaire majoritaire de fait du scrutin présidentiel français.
La crise de ce régime antidémocratique, illustrée puissamment par les scores catastrophiques de son parti fondateur, LR (4,8% !) et aussi par celui du PS tué de s’y être moulé et intégré (1,7 % !!!), est telle que la possibilité d’une victoire de Mme Le Pen le 24 avril prochain n’est pas nulle. Elle représente un courant profond, fondateur, de la V° République, qui aujourd’hui entend grouper des secteurs du capitalisme français autour d’une illusoire indépendance de celui-ci envers les impérialismes américain et allemand. Ce courant, qui provient des partisans de l’Algérie française et plonge ses racines idéologiques dans le colonialisme raciste s’apparentant au fascisme du XX° siècle, est anti-ouvrier, anti-démocratique, anti-jeunes, antisocial.
Macron entend être élu pour tenter de restaurer encore une fois la présidence toute-puissante face à la crise du régime, poursuivant la politique du démantèlement des services publics et des fonds publics au profit des cabinets à la Mc-Kinsey, de la vie chère et de la violence sociale, de la retraite à 65 ans et du travail sous-payé imposé aux titulaires du RSA, de la destruction de la Sécurité sociale, de l’école publique, de l’hôpital public, du tout nucléaire, et, en politique étrangère, il entend continuer à être celui qui discute tous les trois jours avec Poutine pendant des heures sans que rien n’en filtre !
Pas une voix pour ce régime, pas une voix pour Le Pen, pas une voix pour Macron : unité des travailleurs pour leurs revendications, partout, dans les grèves comme chez Amazon ou chez Dassault où viennent d’être arrachées des hausses de salaires de 110 à 160 euros net mensuel. Il ne s’agit pas seulement de « lutter », ce qui a lieu de toute façon : il s’agit de préparer l’affrontement social, la grève politique contre ce régime, pour réaliser la démocratie, celle pour laquelle la majorité sociale, des Gilets jaunes au mouvement de défense des retraites, a combattu sous le quinquennat qui vient de se terminer.
De la défensive, qui souvent, boite par boite, obtient déjà des victoires partielles, il s’agit de passer à l’offensive, et cette offensive sera sociale et politique : contre le patronat, Macron, Le Pen et la V° République ! Elle seule peut et doit ouvrir la voie à la démocratie. Voila la voie du réalisme !
Dans les combats qui s’annoncent, notre petit centre politique de proposition et d’action dit à toutes et à tous : associons-nous, unissons-nous, discutons, refaisons la représentation politique du monde du travail et de la jeunesse, par en bas, par la démocratie, par la confrontation pluraliste des courants et des tendances. C’est ainsi, et pas autrement, à l’encontre de la proclamation se voulant hégémonique d’un unique « pôle populaire » plébiscitaire et participant de la nature du régime de la V° République, que l’on ira de l’avant.
Préparons l’affrontement social, agissons pour l’unification des grèves, et pour une abstention délégitimant le scrutin du 24 avril prochain pour aller à cet affrontement : telle est la voie des opprimés qui ne peuvent pas attendre encore cinq ans car ils n’ont pas, eux, de sauveur suprême, César ou tribun.
Et, tout de suite, réussissons une manifestation de dimension nationale, contre Poutine et sa guerre, contre l’ordre mondial barbare des impérialismes, pour le soutien à la résistance ukrainienne armée et à la lutte défaitiste des opposants russes et bélarusses, le 23 avril prochain à Paris !
A bas Le Pen, Macron, et la V° République !
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