11 déc 2017- Anti-K
LR: En effet, le secteur de la grande distribution autrefois triomphant est bien plus à la peine, la baisse du pouvoir d’achat consécutif à la crise, l’a conduit à organiser sa propre concurrence avec les magasins à prix réduits, les « hard discounters » et les sites de ventes en lignes. Ces gens là ont pourtant su s’adapter, crédits à la consommation, assurances, voyages, etc. Carrefour est le premier site de vente de produits bios sur Internet ??? La concurrence entre les requins de la grand distribution s’est exacerbée, en dépit de la fusion de leurs centrales d’achat, réaliser le profit escompté devient plus difficile. Pourtant, les quatre premières centrales d’achat françaises concentrent 92,2% des ventes des produits de grande consommation et frais libres services, selon un rapport de Kantar Worldpanel (janvier 2016). Dans le détail, la répartition (en valeur) est la suivante:
- Plus d’un quart (25,9%) pour Casino et Intermarché
- 24,8% pour Provera et le groupe Carrefour
- 21,4% pour Système U et le Groupe Auchan
- 20,3% pour E.Leclerc
Toutes les enseignes souffrent, Carrefour qui sort de la tourmente de 2004 souffre davantage, c’est un mastodonte aux pieds d’argile et sans tête.À fin 2016, le groupe Carrefour est présent dans 30 pays à travers 11935 magasins, il emploie 380 000 personnes, une purge annoncée de 5000 salariés, au yeux de ses actionnaires, ce n’est rien. Le nombre de magasins sous enseigne (c’est-à-dire détenu en direct par le groupe plus les magasins détenus par des franchisés et les partenariats) est le suivant :
- Hypermarchés: 1 462 magasins, principalement sous les enseignes Carrefour et Atacadao
- Supermarchés : 3 227 magasins, principalement sous les enseignes Carrefour Bairro, Carrefour Market et Supeco
- Magasins de proximité : 7 075 magasins (Carrefour City, Carrefour Express, Carrefour Contact, Carrefour Montagne, Carrefour Bio, 8 à Huit, Proxi, Carrefour City)
- Cash and carry : 171 magasins (Promocash, Docks Market et Grossiper)
- E-commerce : avec les sites Carrefour Ooshop, Carrefour.fr, Carrefour.es, Carrefour.eu, Carrefour.pl, Carrefour.ro, Carrefour.com.cn, Carrefour.com.tw, Rue du Commerce, Greenweez.
Depuis le 23 janvier 2017, le Groupe Arnault détient directement et indirectement 8,74 % du capital. Bernard Arnault a acheté avec des associés, en mars 2017 des actions représentant environs 10% du capital de Carrefour, quand elles valaient en décembre autour de 53 euros. Tout le monde sait qu’il veut vendre, mais aujourd’hui en 2017, ses actions ne valent plus que 17 euros, la perte à assumer se chiffrerait en milliards. Bernard Arnaux a échoué dans sa tentative de séparer le capital immobilier du groupe du fonds de commerce commercial, pour garantir son patrimoine. Le risque d’une OPA par son concurrent Tesco ou Walmart, ou un distributeur chinois n’est pas impossible car le capital de Carrefour est éclaté. Ces considérations capitalistiques permettent de comprendre que le logiciel avec lequel ces gens là pensent, est très éloigné des préoccupations concernant, le bon fonctionnement d’une entreprise, la qualité du service proposé, le respect des fournisseurs et du personnel. Tout cet échafaudage n’a qu’un but, valoriser du capital, en dehors de toute autreS considérations. Aucun partenariat social n’y peut trouver sa place, ces gens là sont juste nuisibles à tout leur environnement- salariés et fournisseurs- et leurs machineries doivent être démantelées.
SÉBASTIEN CRÉPEL VENDREDI, 8 DÉCEMBRE, 2017 – L’HUMANITÉ
Distribution. Le syndicat appelait jeudi à un rassemblement devant le siège du groupe, qui a touché 1,2 milliard d’euros de fonds publics en trois ans. Il dénonce les projets « destructeurs » de la direction, dont l’annonce a été différée après les fêtes.
Chez Carrefour, premier employeur privé de France, des restructurations d’ampleur se préparent. L’occasion de leur annonce pourrait être la présentation du plan stratégique en janvier par le nouveau PDG qui a pris les rênes du groupe cet été, Alexandre Bompard. C’est en tout cas la conviction de la CGT, qui appelait les salariés à un rassemblement, jeudi, devant le siège de Massy (Essonne). « Alexandre Bompard s’apprête à dire des choses qui ne vont pas faire plaisir aux salariés, explique Franck Gaulin, délégué syndical national CGT des hypermarchés Carrefour. C’est pour cela qu’il a reculé la date de présentation de son plan après les congés de Noël, pour éviter tout risque de mouvement social pendant les fêtes. »
Carrefour s’était en effet engagé en octobre à annoncer un « plan de transformation du groupe » d’ici à la fin de l’année, avant de différer l’échéance à l’an prochain. Pour la CGT, ce report vise à cacher le projet de supprimer de 3 000 à 5 000 emplois sur les quelque 60 000 que compte le groupe dans l’Hexagone par le passage en location-gérance d’hypermarchés, la cession de magasins jugés non rentables, la robotisation des entrepôts et des stations de carburant, l’abandon de rayons non alimentaires remplacés par des enseignes spécialisées, ou encore une vaste restructuration du siège.
« Ce n’est pas le problème des salariés de satisfaire les actionnaires »
La direction de Carrefour espère ainsi enrayer la tendance à la baisse de ses profits (environ 900 millions d’euros de bénéfice net en 2016 contre 1,1 milliard en 2015) en dépit d’un chiffre d’affaires qui se maintient (– 0,4 % en 2016), voire progresse (+ 6 % au premier semestre 2017). En France, le groupe met en avant « un contexte concurrentiel très disputé » malgré, là aussi, des ventes en hausse (+ 0,8 % au premier semestre). Carrefour entend ainsi centrer son action « sur l’amélioration de la performance du groupe et sur son adaptation aux évolutions rapides et profondes en cours dans le secteur ».
Pour la CGT, aucune de ces raisons, et surtout pas celle d’engranger davantage de profits, ne peut justifier un plan de suppressions d’emplois massif chez Carrefour. « Ce n’est pas le problème des salariés de satisfaire les actionnaires », rétorque Franck Gaulin. Ces derniers ont d’ailleurs été bien servis ces dernières années, captant de 16 à 18 % du résultat net en 2013 et 2015, et même jusqu’à 36 % en 2014, soit 200 à 500 millions d’euros par an. Un examen attentif des comptes fait aussi apparaître le poids des coûts de restructuration, à hauteur de 150 millions d’euros en 2016. Et, surtout, le groupe a touché 1,2 milliard d’euros de fonds publics de 2013 à 2015 en Cice et exonérations de cotisations sociales.
Les « efforts » demandés continuent pourtant, avec l’ouverture prévue tous les dimanches à partir de 2018 d’une trentaine d’hypermarchés dans un premier temps. Après une bataille animée par la CGT pour empêcher la signature de l’accord, FO, la CGC et la CFDT se sont finalement laissé convaincre par une direction qui « a bombardé le personnel de sa propagande catastrophiste sur le devenir des magasins », explique Franck Gaulin. L’élu CGT dénonce des garanties octroyées qui ne sont que de la poudre aux yeux, comme celle du respect du « volontariat » : « Quand tu es payé à peine le Smic ou que tu es en CDD en attente d’un CDI, le travail du dimanche n’est plus une question de volontariat. » Quant à l’embauche promise de salariés, « la direction nous a déjà fait le coup par le passé : elle pose des objectifs qu’elle ne songe pas du tout à atteindre par la suite… ».
Autre motif de mécontentement : l’annonce, officialisée celle-là, du passage en location-gérance de nombreux hypermarchés devrait se traduire pour le personnel qui sera repris par la perte des primes et avantages contenus dans l’accord d’entreprise en vigueur chez Carrefour. « La direction parle de “seulement” 1,17 mois de salaire perdu par an pour chaque salarié, mais ce sera bien plus », dénonce Franck Gaulin. Les syndicats se sont cette fois unis pour dénoncer le saccage social. De quoi justifier, pour la CGT, outre « l’arrêt immédiat de tous les projets destructeurs d’emplois », l’ouverture de « négociations au niveau du groupe pour mettre en place un statut collectif unique » qui inclut les salariés des franchises et des locations-gérances.