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Billet de blog 14 novembre 2021

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Trois semaines de montée des luttes sociales vers la perspective de la grève générale

Quand le désir de contrôle de la société se met à germer en même temps dans de nombreux esprits en lutte dans différents secteurs de la société et dans différents domaines, alors on se débarrasse peu à peu des oripeaux des luttes catégorielles émiettées de la période de « dialogue social » et la grève générale politique devient la solution qui s'impose peu à peu.

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par Jacques Chastaing le 14/11/2021

Le mouvement anti-pass qui dure toujours de manière significative à son 18e samedi a véritablement été le symptôme et le prologue d'un nouvel essor du mouvement social. Il a révélé, réveillé et donné le sens général des mouvements qui se sont enclenchés dans son sillage.

Le renouveau du mouvement des gilets jaunes contre la hausse des prix dans la foulée du mouvement anti-pass n'est pas un feu de paille mais s'affirme toujours un peu plus chaque semaine dans des actions diverses de blocage et prend ainsi confiance en lui etdans son essor qui s'avère durable. Il pourrait bien prendre une nouvelle extension et visibilité avec la journée du samedi 20 novembre pour le 3e anniversaire du mouvement.

Le mouvement de reprise de confiance dans la lutte dans certains milieux syndicaux de base qui s'est enclenché dans la journée de grève nationale syndicale du 5 octobre, conçue pourtant par les directions syndicales pour faire contre-feu au mouvement anti-pass, a croisé une montée de grèves pour les salaires face à la hausse des prix et se traduit aujourd'hui par une foule de journées nationales de grève pour des hausses de salaires dans les semaines qui viennent dans de nombreux secteurs professionnels, sur un fond de mécontentement croissant dans de nombreux domaines, agriculteurs, étudiants, routiers, sages-femmes, infirmiers anesthésistes, jeunes pour le climat et on voit poindre à nouveau les avocats.... Comme la journée sans suite du 5 octobre, elle sont conçues par les appareils syndicaux dans les vieilles habitudes du dialogue social et de l'émiettement des luttes de la période passée, mais dans les circonstances actuelle la simple addition de ces journées, une tous les jours dans la semaine du 15 au 20 novembre dans les plus importants secteurs professionnels, cheminots, énergie, chimie, pétrole, pharmacie, santé et quelquesautres, puis ensuite sur quasiment trois semaines au moins jusqu'au 7 décembre, en font dans les faits un mouvement général dont l'accumulation concentrée en peu de temps de luttes ne peut manquer d'être visible et de marquer les consciences tout à la fois par sa puissance et en même temps sa division. A partir de là, cette situation ne peut que renforcer l'idée, l'envie mais surtout la possibilité d'unifier ces luttes pour en faire, tous ensemble, une seule massive et plus efficace, une grève générale.

Et cela paraîtra d'autant plus dans l'air du temps, que cette grève générale illimitée sera une réalité à partir des 15, 22 et 26 novembre en Guadeloupe, Martinique et Polynésie contre le pass sanitaire mais aussi pour des hausses de salaires dans ce dernier cas, tandis que la tension sociale et politique monte en Nouvelle Calédonie et qu'elle n'est pas éteinte en Guyane où elle peut resurgir à tout moment.

Les luttes dans les Dom-Tom ont bien souvent été les signes avant-coureurs des tremblement de terre sociaux à venir dans l'hexagone en étant l'interface entre les mouvements dans les pays pauvres sur la planète et ce qui se passe ici avec la pauvreté montante.

Dans les Dom-Tom, le malaise politique et social est profond, inhérent aux réalités économiques, sociales et culturelles de plus d’un demi-siècle de politique d’assimilation répétée aux relents de colonialisme paternaliste peu avouable. Cela donne aux combats dans ces ex-colonies un fond social de lutte de classe plus radicale et un fond culturel permanent plus visible et revendiqué de libérationpolitique, de prise en main de leur destin par eux-mêmes. Cette dimension est moins visible ici mais elle germe quand la dégradation générale de la situation sociale comme maintenant nous rapproche de celle des Dom-Tom et qu'on sent alors ici également le désir de prise contrôle de notre vie aussi bien dans le mouvement anti-pass qui veut contrôler l'expertise médicale soumise jusque là aux labos pharmaceutiques que dans les luttes des Gilets Jaunes qui veulent le contrôle d'une démocratie représentative déficiente ou encore dans les luttes des salariés pour des hausses de salaires qui veulent le contrôle des conseils d'administration et des dividendes extravagants donnés aux actionnaires.

C'est quand ce désir de contrôle de la société se met à germer en même temps dans de nombreux esprits en lutte dans différents secteurs de la société et dans différents domaines, qu'on se débarrasse peu à peu des oripeaux des luttes catégorielles émiettées de la période de « dialogue social » et que la grève générale politique devient la solution qui s'impose peu à peu à tous les esprits pour pouvoir aboutir aux objectifs que fait germer la période.

Loin de s'amoindrir, la lutte de classe va franchir un nouveau cap dans les semaines à venir. Soyons en les acteurs conscients.

En complément tous les jours la rubrique Politiquede la Revue de Presse Emancipation!

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