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Billet de blog 17 février 2022

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Cauchemar russe -Jean Casanova

Même si lointaine, l'angoisse en est toujours aussi brûlante. Cette invasion évitée de justesse au lendemain de Mai 1981 et de l'arrivée de 4 ministres communistes dans les fourgons mitterrandiens, les chars russes devaient débouler place de la Concorde, cette malédiction ne va-t-elle pas se reproduire ?

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Février 2022 après Mars 1814 !

Allons-nous revivre les dramatiques journées de la fin Mars 1814 ? Les Cosaques à Paris. L'ennemi aux portes de la capitale, les rues encombrées de bestiaux et de charrettes de paysans des campagnes environnantes fuyant la soldatesque coalisée. Funèbre 30 Mars 1814, Napoléon défait, les Cosaques entraient dans Paris.

Le saviez-vous, c'est une parenthèse, il faudrait voir là l'origine du mot bistrot, ce terme désignant un petit café ou restaurant sans prétention, que certains prétendent encore issu du poitevin bistraud (marchand de vin), ou de l'argotique bistingro (cabaret). Non, chers amis, bistrot nous vient en droite ligne du proto-slave obictpo, signifiant « vite ».

C'était le cri des Cosaques apostrophant les cafetiers parisiens, injonction d'avoir à les servir, en terrasse et rapidement, sous peine d'être sabrés.

200 ans plus tard, l'affaire fut tellement cuisante, elle est encore dans nos esprits. Des Cosaques à Paris !
Toujours enfouie au plus profond de notre rhinencéphale limbique, cette partie de notre cerveau que les spécialistes désignent comme le siège des émotions.

Même si lointaine, l'angoisse en est toujours aussi brûlante. Cette invasion évitée de justesse au lendemain de Mai 1981 et de l'arrivée de 4 ministres communistes dans les fourgons mitterrandiens, les chars russes devaient débouler place de la Concorde, cette malédiction ne va-t-elle pas se reproduire ? À la simple raison de ce grand désarmement moral qui progresse à pas de géant, donnons-lui son nom, la vladimiromania, présentée habituellement sous le terme benoît et patelin de russophilie.

Les Cosaques à Paris ! Certains se rassurent à bon compte, signe déjà de ce désarmement : « La Russie, ce n'est pas la porte à côté. Polonais, Tchèques, Ukrainiens ou Hongrois, nous comprendrions ! » Il est vrai que la proximité frontalière n'est jamais tout à fait rassurante. Tchèques et Hongrois l'ont appris à leurs dépens. L'ancien Président du Mexique, le Général Porfirio Diaz lui-même, réputé pour son courage, son patriotisme et sa lucidité, ne disait-il pas : « Pauvre Mexique ! Si loin de Dieu et si près des États-Unis. »

Porfirio Diaz

Halte-là ! Pas de faux semblants ! Aujourd'hui, la révolution informationnelle et la cyberguerre font fi des distances et des frontières. L'ordinateur a remplacé la kalashnikov. Et l'habileté manœuvrière dans ce domaine du maître du Kremlin apparaît sans limites.

Après la sanction méritée, le rappel par les États-Unis de leurs diplomates et de leurs ressortissants à Kiev menacée par l’invasion imminente de l’Ukraine, l'Ours russe a sorti sa balalaïka et entamé le mouvement de retrait de ses troupes menaçantes à la frontière de l’Ukraine.

Kiev n’est pas si loin de Paris

Certains estiment que c’est finalement beaucoup d’irénisme que de penser que l’on peut négocier avec Vladimir Poutine, qu’il ne s’agit de sa part que d’une perte de temps, un recul, bref une preuve de faiblesse. Un mot tout d'abord, c'est important, pour dire notre compréhension et toute notre sympathie aux autorités US, si soucieuses de préserver l’indépendance et leur droit à des élections régulières et démocratiques dans tous les pays du monde.

Où en serions-nous si, comme il y a déjà si longtemps, en 1973, au Chili, des gouvernements pourtant démocratiquement élus étaient déstabilisés et renversés avec la complicité étrangère ? Si de gigantesques systèmes satellitaires d'écoute et de renseignements espionnaient tous les gouvernements de la planète ?

Et quand bien même cela serait pour la noble cause de la défense de la démocratie, il y aurait matière à le condamner de façon très nette. Vladimir ne s'en sortira pas par cette hypocrite pirouette.

Fasse que nos autorités à venir, celles des deux rives de l'Atlantique – n'ont-elles pas été trop complaisantes jusqu'à maintenant – fasse qu'elles montrent la même fermeté et la même grandeur d'âme que celles du Président Biden.

Non, nous ne voulons pas revivre ce cauchemar : les Russes en Ukraine, à seulement quelques centaines de kilomètres de Paris.

En complément tous les jours la rubrique Europe de la Revue de Presse Emancipation!

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