par Jacques Chastaing
L'opposition unifiée (PDM) au pouvoir militaro-islamiste de 11 partis a conduit en octobre, novembre et décembre 2020 d'immenses rassemblements populaires à caractère historique - jamais le Pakistan n'avait connu des rassemblements d'une telle ampleur - pour dégager le gouvernement en place. Elle lui a donné un ultimatum : s'il ne quittait pas le pouvoir avant le 31 janvier, elle irait le chercher dans ses palais de la capitale, Islamabad par une marche géante issue de tout le pays débouchant sur la capitale le 26 mars. La première étape de cette marche a été Hyderabad le 9 février qui a été un immense succès.
En même temps, une succession ininterrompue de grèves et manifestation de salariés de tous les secteurs traverse le pays, avec des marches régulières sur la capitale, ouvriers des aciéries, enseignants, personnels de santé, étudiants, fonctionnaires s'affrontant régulièrement avec la police et devant déboucher sur une grève générale fin mars. Par ailleurs les paysans qui ont commencé à manifester ces derniers jours ont également menacé le pouvoir d'une marche sur Islamabad fin mars.
Mais il y avait des élections, partielles le 19 février et sénatoriales le 3 mars !
Dans un premier temps l'opposition unifiée (PDM) avait déclaré qu'elle boycotterait ces élections pour ne se consacrer qu'à la marche. Puis que finalement elle participerait aux élections mais maintiendrait la marche par une série de rassemblements de masse, notamment les 9, 23 et 28 février. Puis il y a deux jours, elle a annoncé qu'elle renonçait aux rassemblements des 23 et 28 pour ne se consacrer qu'aux élections.... et qu'elle préparerait la marche seulement après le 3 mars.
Et comme le dirigeant de l'armée qui soutient l'actuel gouvernement a fait savoir il y a deux jours qu'il était prêt à soutenir l'opposition (c'est-à-dire gouverner avec elle) si elle gagnait les élections, on sent beaucoup d'intérêt pour cette proposition dans l'opposition unie !
Mais c'était sans compter sur la mobilisation populaire.
A deux meetings électoraux pour les élections partielles du 19 février, à Wazirabad le 15 février puis à Nowshera le 18 février, la foule était immense, tellement importante que les meetings se sont transformés en manifestation de masse et qu'une des représentantes les plus populaires de l'opposition unifiée, Maryam Nawaz s'est sentie obligée de dire sous la pression et les applaudissements qu'elle n'était pas là pour le vote (!) mais pour mener à bien la marche sur Islamabad. Bref, les meetings électoraux se sont transformés en étape de cette marche par la volonté populaire
PHOTOS : LES RASSEMBLEMENTS DE NOWSHERA ET WAZIRABAD
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