Octave Mirbeau (1848 -1917) critique d'art réputé et auteur à grand succès, avec par exemple le “Journal d’une femme de chambre”, fut aussi un intellectuel lucide et «irrécupérable», selon l’expression de Jean-Paul Sartre dans “Les Mains sales”. Et puisque nous sommes encore une fois prisonniers des farces et cages électorales, c'est le moment de lire son texte “La grève des électeurs”.

Quelques extraits:
“Les moutons vont à l’abattoir, ils ne disent rien, eux, et ils n’espèrent rien. Mais au moins ils ne votent pas pour le boucher qui les tuera, et pour le petit bourgeois qui les mangera.”
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“Surtout, souviens-toi que l’homme qui sollicite tes suffrages est, de ce fait, un malhonnête homme, parce qu’en échange de la situation et de la fortune où tu le pousses, il te promet un tas de choses merveilleuses qu’il ne te donnera pas et qu’il n’est pas d’ailleurs, en son pouvoir de te donner. L’homme que tu élèves ne représente ni ta misère, ni tes aspirations, ni rien de toi ; il ne représente que ses propres passions et ses propres intérêts, lesquels sont contraires aux tiens.“
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“Voilà pourtant de longs siècles que le monde dure, que les sociétés se déroulent et se succèdent, pareilles les unes aux autres, qu’un fait unique domine toutes les histoires : la protection aux grands, l’écrasement aux petits. Il ne peut arriver à comprendre qu’il n’a qu’une raison d’être historique, c’est de payer pour un tas de choses dont il ne jouira jamais, et de mourir pour des combinaisons politiques qui ne le regardent point.”
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