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Billet de blog 23 octobre 2017

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Catalunya: l'heure de la remobilisation a sonné !

Face au coup d'Etat du 155, Puigdemont s'apprêterait à opposer la déclaration unilatérale d'indépendance et des élections anticipées.

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23 octobre 2017 - Site NPA 34

22 octobre - Minuit

Coup de poker de Puigdemont ?

Le site El Confidencial, très nettement défavorable aux indépendantistes mais d'habitude bien informé, affirme que Puigdemont, appuyé par Junts pel Sí et la CUP, jouerait coup double, vendredi, lors de la session du Parlament qui se tiendra au même moment que la séance du Sénat qui doit donner son approbation au "155" gouvernemental : proposition que les député-es votent la DUI (Déclaration Unilatérale de l'Indépendance) et, décision, contre ce qui jusqu'ici était dit par des sources de la Généralité, d'une date pour des électionsanticipées à l'Autonomie catalane que les indépendantistes qualifieraient de "constituantes". 

Cette perspective semble prendre de court le site en question et, selon ce qu'il rapporte, le gouvernement central lui-même. L'objectif de Puigdemont et de ses soutiens serait de bloquer, par cette décision de convoquer des élections, l'application du "155" que la DUI rendrait pourtant encore plus nécessaire aux yeux de Rajoy. Le trouble gagnerait aussi les constitutionnalistes qui, à cette heure, s'interrogeaient sur l'instance qui primerait sur l'autre dans ce cas de figure : un President jouissant, avant la ratification du "155" par le Sénat, de ses pleins droits et pouvoirs et dont apparemment la décision de convoquer des élections serait frappée du sceau de la légalité, serait donc inattaquable et ainsi rendrait inconstitutionnelle toute application du "155" ? Ou le Sénat, où le PP a la majorité absolue, qui, étant la Chambre Haute dans la cartographie institutionnelle, pourrait dérouler, comme prévu, la procédure de mise en route du "155".

La monarchie parlementaire espagnole, jouant à fond des ressorts autoritaires, jusque là placés en réserve, que la bien nommée Transition avec le franquisme a su placer au sein de la Constitution, vient de prouver qu'elle pouvait déroger à ses propres règles constitutionnelles, par exemple, en promouvant un "155" de fait, avant l'heure, contre la Catalogne dans les jours précédents le référendum et pendant le référendum. Et il ne serait pas étonnant qu'elle tranche dans le même sens le dilemme auquel la confronterait la carte que s'apprêterait à sortir Puigdemont ! Au risque, selon El Confidencial, d'indisposer, pour la première fois de ce conflit, une Union Européenne qui serait attachée, nous dit-on, au respect de la légalité.

Des limites et incertitudes des manoeuvres sur le terrain miné des institutions tenues par des "démocrates" jamais bien émancipés de leurs prémices franquistes (voir leur refus que soit fait le procès de la dictature et que soient annulées les condamnations prononcées par les tribunaux de celle-ci). A suivre. L'article de El Confidencial

22h30

"Le PP, un parti qui représente 8,5% des votes en Catalunya et compte 11 sièges sur 135 au Parlament, gouvernera l'autonomie catalane. Et il le fera grâce à l'appui du PSOE, soit 12,7% des voix et 16 sièges, et de Ciudadanos, 17,9% et 25 sièges. En résumé nous avons 39,1% des voix et 52 sièges contre le total Junts pel Sí et la CUP qui représentent 47,8% des voix et comptent 72 sièges." et qui, majoritaires, ont fait le choix du référendum d'autodétermination. Tiré de El 155 y el sentido común de época: Carl Schmitt va ganando a Antonio Gramsci

12h40

Le Parti Socialiste des Iles Baléares se prononce contre l'utilisation du "155" en Catalogne et se dit inquiet de voir la direction du PSOE appuyer cette mesure. Le PSC se trouve en position très instable (lire ci-dessous) car cet appui du PSOE met en danger les municipalités qu'il dirige en Catalogne, parfois avec l'appoint de partis qui rejettent totalement le recours au "155". Le maire de Terrasa, l'un des pétitionnaires contre le "155", envisage de démissionner du PSC. 

 Le pas a été franchi par Joan Majó, un ancien ministre de l'Industrie de Felipe González (1982-1996), qui, lui, est un furieux soutien de Rajoy !  Pas simple aujourd'hui d'être socialiste entre le marteau de la revendication nationale catalane et l'enclume de la politique extrémisée unioniste de Rajoy.

Lignes de fracture chez les socialistes

En signe de protestation contre l'approbation du "155" par ses camarades espagnols, la maire socialiste de Santa Coloma de Gramenet (située 8 km au nord de Barcelone, elle est la 9e ville la plus peuplée de Catalogne), Núria Parlon, démissionne de la Commission Exécutive du PSOE où elle y représentait le PSC (socialistes catalans). Elle signe également avec trois autres maires catalans un appel, cette fois au PSC, à refuser de soutenir le "155". 

La porte-parole de ce parti, tout en réitérant le rejet, par les socialistes catalans, de toute DUI (Déclaration Unilatérale d'Indépendance), a, en quelque sorte, répondu favorablement à cette demande derefuser de soutenir le "155" et a annoncé que donc le PSC ne donnera pas un chèque en blanc au parti frère, le PSOE, au Sénat, sur le vote de cet article. Le PSC ne voit comme porte de sortie de la crise que la poursuite des efforts en faveur du dialogue entre les parties en conflit et la convocation d'élections anticipées au Parlament. Rappelons que la maire de Barcelone, Ada Colau (Catalogne en Commun), qui ne fait majorité que grâce à l'appui du PSC, envisageait sérieusement de rompre l'accord avec son partenaire s'il appuyait le "155"... 

Les ondes (de choc) de la désobéissance civile et professionnelle...

Les travailleurs de la station publique catalane Catalunya Ràdio ont fait savoir, par communiqué commun du "conseil professionnel" (des salarié-es) et du comité d'entreprise que, si le gouvernement central "choisissait un nouveau directeur de la station, il ne pourraient que refuser de reconnaître son autorité". Le communiqué porte le titre "Sans médias publics il n'y a pas de démocratie". Par ailleurs les personnels de la chaîne publique TV3 dénoncent les mesures annoncées, attentatoires aux libertés d'expression, d'information et de presse. Sans aller aussi loin dans la désobéissance que leurs collègues de la radio, ils affirment qu'ils resteront fidèles aux mandats du Parlament élu démocratiquement en 2015. Lire l'info en espagnol

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