par Jean Casanova
Dans un de ses récents billets, tous regroupés sous l'intitulé MA ChRONique de l'Extrème Centre, l'historien Pierre Serna écrit :
« Avant 1789, à la cour des Rois, au moins jusqu'à Louis XIV, existait un personnage redouté, caustique et grinçant : le Bouffon. À l'origine il pouvait faire rire et même être insolent avec le Roi. C'était là son rôle.
Puis, sous le Roi-Soleil, il devient un personnage sombre, délateur, capable par ses persiflages d'égratigner telle ou telle renommée, de faire exclure tel ou tel courtisan. Toutes proportions gardées, le temps des réseaux sociaux et de l'Extrême Centre est en train de construire aujourd'hui un personnage ayant commencé dans la provocation, mais désormais en passe de devenir néfaste pour l'ensemble du corps social.
L'Extrême Centre joue avec le feu du second tour à l'élection présidentielle. Un bouffon sordide à l'âme destructrice se dévoile de jour en jour. Déclinisme, phobie haineuse des musulmans, révisionnisme réhabilitant Vichy et Pétain... le bouffon médiatique est à la une. L'adversaire idéal. »
Et ce n'est semble-t-il qu'un début.
Vous l'avez reconnu. La singularité d’Éric Zemmour est qu'aucun interdit ne l'arrête. Pétain aurait sauvé des juifs, l'Islam serait incompatible avec la République. Reprenant la formule de l'écrivain Maurice Barrès, mort en 1923, mais déjà précurseur du fascisme en France, « Que Dreyfus est capable de trahir, je le conclus de sa race », il fait de même, plus que de façon subliminale, avec les musulmans.
Les mots aussi sont des pistolets chargés et peuvent travailler à la guerre civile.
À celui qui ne pourrait être qu'un pitre brun, nous voudrions aujourd'hui rappeler la formule lapidaire du Général De Gaulle en 1940 : « Je ne connais que deux catégories de Français : ceux qui font leur devoir et ceux qui ne le font pas ».
Instaurons un quota Zemmour, nous voulons dire par-là un pourcentage autorisé et imposé, dans la chronique médiatique de l'élection présidentielle. Elle va encore durer six mois.
Nous le craignons, comme le Roi tolérait son Bouffon, pire, s'en servait pour asseoir son autorité et son image de raison et de sens du juste milieu, l'Oracle élyséen se tait.
Éric Zemmour serait-il quelque part, même à son insu, en service commandé ?
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