
par Marie-Hélène Le Ny - 50-50 Magazine
Nous, féministes internationalistes et humanistes, nous appelons de nos vœux un grand remplacement. Après des siècles d’avidité pour le pouvoir, les territoires et leurs ressources et/ou l’argent, une caste d’hommes puissants a conduit les pays européens aux pires exactions depuis la colonisation des Amériques, puis des guerres coloniales au XIXe s. suivies par les deux guerres mondiales et celles qui ont éclaté de par le monde depuis, souvent comme conséquences des précédentes qui ont imposé des réorganisations géopolitiques pour le moins arbitraires et fragiles. Le patriarcat belliqueux et dominant a sacrifié des millions d’hommes « ordinaires » sur les champs de bataille au nom de « l’honneur », mais plus souvent du profit – en particulier celui des marchands d’armes et des grands industriels, pendant que des millions de femmes devaient faire face à toutes les tâches pour éviter l’effondrement des sociétés dans lesquelles elles vivaient – trop souvent en fabriquant des munitions pour que les combats qui allaient leur arracher un père, un frère, un fils, ou un mari puissent se poursuivre.
Après avoir dévasté la planète avec ses guerres et parachevé son œuvre « civilisatrice » avec Nagasaki et Hiroshima où des milliers de victimes furent à déplorer parmi les populations civiles, une poignée d’hommes a organisé la mise à sac de la planète – en particulier des pays dits alors du « Tiers Monde » dont ils s’accaparaient les ressources disponibles, sans respect aucun pour les populations locales et les générations à venir. Enfin à la fin du XXe siècle, en délocalisant le maximum de productions industrielles en Chine et dans les pays à bas coût de main d’œuvre, au mépris du respect des droits des travailleurs et du respect de l’environnement, ils ont fait entrer notre civilisation dans l’air de l’obsolescence programmée et du gaspillage généralisé qui génèrent des montagnes de déchets et d’innombrables pollutions.
Ce petit club très fermé de mâles dominants, le plus souvent blancs mais pas toujours et de moins en moins… a fait son temps. Ils ont atteint leur date de péremption et le temps est venu du grand remplacement. Il est temps que les femmes se lèvent pour refuser vigoureusement toutes ingérences masculines dans la conduite de leur vie et la maîtrise de leurs corps, mais aussi pour imposer des valeurs de collaboration opposables à celles de la compétition féroce qui gangrène aujourd’hui l’économie mondiale au nom du toujours plus. Partout les femmes ont le devoir de faire barrage à la haine et au fascisme qui se dressent sur des ergots profondément masculinistes et réactionnaires, souvent par dépit, au nom d’un passé mythique qui n’a jamais existé et qui n’a aucune légitimité ni pertinence à être ravivé. Le temps de Napoléon est passé, aucune femme sensée ne peut rêver d’une époque où ses semblables étaient infantilisées à vie en raison de leur sexe. Sous le joug d’abord d’un père puis d’un mari, ensuite parfois d’un fils, elles n’étaient pas considérées comme des citoyennes de plein droit et n’avaient pas voix au chapitre dans la conduite des affaires du monde, que ce soit économique ou politique. N’oublions pas que dans de trop nombreux pays, c’est encore le quotidien de beaucoup de femmes.
La mondialisation d’aujourd’hui, fruit de siècles d’échanges commerciaux, intellectuels, scientifiques et culturels entre les pays a certes des défauts, mais elle a produit des sociétés nouvelles, plus ouvertes, tolérantes et vivantes dans lesquelles nous nous enrichissons de nos différentes cultures tout en nous reconnaissant semblables en notre commune humanité qui n’a ni sexe, ni couleur, ni classe, ni religion. N’en déplaise à certains qui pensent que leur sexe, leur couleur, leur fortune ou leur religion leur donneraient plus de droits qu’aux autres ! Parce qu’ils se sentent « menacés » par l’émancipation toujours plus grande des femmes du monde entier et par les revendications légitimes de celles et ceux qu’ils ont relégués aux marches de la prospérité, que ce soit dans les campagnes ou les banlieues, des cohortes d’hommes frustrés se rassemblent dans des bains de testostérone nauséabonds pour tenter de relégitimer leur domination par la violence, la discrimination et la stigmatisation de celles et ceux qui ne leur « ressembleraient pas »
Parce que notre pays a besoin de réparer ses fondations sociales, de restaurer la liberté en cessant de criminaliser les pauvres, les contestataires ou les étrangèr·es, de revivifier l’égalité en assurant un avenir à tout enfant qui naît aujourd’hui en France et de rendre enfin effective une fraternité ou plutôt une solidarité entre toutes les citoyennes et les citoyennes, nous avons besoin d’un grand remplacement !
Nous avons besoin de remplacer le patriarcat et son sexisme endémique par des relations humaines basées sur l’égalité et la mixité à tous les niveaux de décision et d’organisation. Nous avons besoin de remplacer l’entre-soi de la classe dominante qui protège ses intérêts au mépris du bien commun et de l’intérêt général par une démocratie vivante et participative à tous les échelons de la vie locale et nationale. Nous avons besoin de remplacer l’avidité néolibérale destructrice de notre planète à court et moyen terme par une démocratie mondialisée qui protège le vivant, l’eau, la terre et l’air comme des biens communs inaliénables et inappropriables.
En complément tous les jours la rubrique Féminisme/LGBTI + de la Revue de Presse Emancipation!
