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Billet de blog 25 avril 2021

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Inde: tension accrue entre le soulèvement paysan et Modi au service du privé

D'un coté, le soulèvement paysan se met au service de la population contre l'epidemie et cherche que celle-ci prenne en main la lutte contre le covid. De l'autre, le pouvoir qui défend avant tout les intérêts privés contre la population et contre la sante publique.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

par Jacques Chastaing

Des affrontements se sont intensifiés aujourd'hui entre d'une part le soulèvement paysan qui occupe les péages autoroutiers pour en faciliter la libre circulation et notamment des ambulances et camions de matériel médical et d'autre part la police qui tente d'évacuer les paysans pour que les gens payent au péage quitte à ralentir la circulation au détriment de la santé de tous.

Par ailleurs, des affrontements ont commencé entre les guerriers Nyangs du côté paysan et la police pour que celle-ci démolisse les barrages monstrueux qu'elle a construit sur les autoroutes autour des campements paysans qui gênent là aussi la circulation des personnels et matériel médical.

Par ailleurs les syndicats étudiants comme les paysans ont ouvert des centres pour aider à la vaccination et ont appelé à une journée de manifestation nationale le 30 avril, contre Modi, pour mobiliser le maximum de monde pour faire front ensemble contre l'épidémie et pour que les vaccins soient gratuits.

Enfin, face à la menace de Modi d'évacuer par la force les campements paysans de Delhi, de plus en plus de monde arrive, paysans ou ouvriers et jeunes et étudiants, pour faire face à cette menace de coup de force.

Il faut savoir que les gouvernements indiens ont dépensé de très faibles montants pour la santé - 3,5% du PIB en 2018, un chiffre qui est resté le même depuis des décennies. Les dépenses de santé courantes de l'Inde par habitant, par parité de pouvoir d'achat, étaient de 275,13 en 2018, soit environ les chiffres de Kiribati, du Myanmar et de la Sierra Leone. C'est un chiffre très faible pour un pays avec le type de capacité industrielle et de richesse de l'Inde.

À la fin de 2020, le gouvernement indien a admis qu'il avait 0,8 médecin pour 1000 Indiens et 1,7 infirmière pour 1000 Indiens. Aucun pays de la taille et de la richesse de l’Inde ne dispose d’un personnel médical aussi bas. Ça s'empire. L'Inde ne compte que 5,3 lits pour 10 000 habitants, tandis que la Chine, par exemple, en a 43,1 pour le même nombre. L'Inde ne dispose que de 2,3 lits de soins intensifs pour 100 000 personnes (contre 3,6 en Chine) et elle ne dispose que de 48 000 ventilateurs (la Chine en comptait 70 000 à Wuhan seulement).

La faiblesse de l'infrastructure médicale est entièrement due à la privatisation, où les hôpitaux du secteur privé gèrent leur système sur le principe de la capacité maximale et n'ont pas la capacité de gérer les pics de charge. La théorie de l'optimisation ne permet pas au système de faire face aux surtensions, car en temps normal, cela signifierait que les hôpitaux auraient une capacité excédentaire. Aucun secteur privé ne développera volontairement des lits excédentaires ou des ventilateurs excédentaires.

C'est cela qui provoque inévitablement la crise d'une pandémie. Par ailleurs, l’Inde est connue depuis longtemps comme la «pharmacie du monde», car le secteur de l’industrie pharmaceutique indien est habile à procéder à la rétro-ingénierie d’une gamme de médicaments génériques. C'est le troisième plus grand fabricant de l'industrie pharmaceutique. L'Inde représente 60 pour cent de la production mondiale de vaccins, dont 90 pour cent de l'utilisation du vaccin antirougeoleux par l'OMS, et l'Inde est devenue le plus grand producteur de pilules pour le marché américain.

Mais rien de tout cela n'a aidé pendant la crise, le gouvernement de Modi n'ayant comme seul but, non pas la santé de la population, mais les profits des groupes capitalistes qui en retour, le financent.

PHOTOS

Les paysans et leurs soutiens continuent à arriver aux portes de Delhi prêts à réagir à un éventuel coup de force de Modi, réunis ici au campement Tikrit de Delhi ; les ouvrières et ouvriers du syndicat CITU sont venus porter main forte aux paysans au campement de Singhu de Delhi ; lieux d'enregistrement des vaccinations organisé par les syndicats étudiants tentant de suppléer à l'incapacité du gouvernement ; prévoyant l'arrivée de nouveaux paysans et des travailleurs "migrants" de Delhi qui ont perdu, travail, revenus et logement du fait du confinement, les paysans agrandissent les structures de leurs campements ; affrontements entre paysans et policiers au péage autoroutier de Brindoli sur le périphérique ouest de Dehli. Comme hier, où ils avaient déjà fait fuir les flics, les paysans ne lâcheront pas ; les guerriers Nyangs qui sont aux côtés des paysans ont prévenu la police que s'ils n'enlevaient pas leurs barrages qui bloquent les routes autour des campements paysans et qui empêchent le passage des ambulances et des camions de matériel médical, notamment à Singhu, qu'ils prendraient le barrage d'assaut, qu'ils chasseraient les flics et ouvriraient le passage pour défendre la santé de tous : message des paysans aux travailleurs migrants qui fuient Delhi qu'ils peuvent trouver des repas (gratuits) au campement paysan de Tikrit a Delhi ; manifestation commune ouvriers paysans à Hisar dans l'Haryana ; la marche des jeunes avec le héros de la jeunesse Lakha Sidhana est en train d'arriver au campement paysan de Sindhu à Dehli

ici 4 photos de plus

En complément tous les jours le dossier Soulèvement en Inde et la rubrique Asie/Océanie de la Revue de Presse Emancipation!

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