25 novembre 2017
Invitée de Sud Radio vendredi 24 novembre, la députée LFI Danièle Obono a défendu le concept de stage avec des moments de non-mixité. "C'est une pratique qui existe dans beaucoup de mouvements, les mouvements féministes par exemple, les mouvements LGBT. À un moment, de quels outils on se dote pour pouvoir organiser des débats, pour pouvoir échanger et discuter ?"
Elle poursuit :"La pratique de la non-mixité n'est pas dangereuse dans le sens où c'est une pratique qui répond, à un moment donné, à des besoins d'une catégorie. Je reviens à l'exemple des mouvements féministes. Les personnes qui sont victimes de violence sur un certain nombre de questions vont avoir besoin de dire qu'il va falloir qu'on puisse discuter en se sentant en confiance. Du coup, il faut le faire avec des personnes avec lesquelles on s'identifie, comme partageant le même type de problèmes. Dans ce cas-là, c'est plus un outil pédagogique pour pouvoir libérer la parole plus facilement."
Et Danièle Obono d'estimer que, selon elle, Jean-Michel Blanquer a tort de s'en prendre au syndicat Sud-Éducation. "Malheureusement, peut-être que le ministre devrait se renseigner un peu plus. Dans les mouvements sociaux, dans l'histoire, ce sont des formes qui existent pour répondre à des besoins".
Danièle Obono, femme et noire de peau, parle de ce qu'elle connait dans sa vie quotidienne. Comme nous allons le voir, ce n'est pas du tout le cas des dirigeants de La France insoumise....
Mercredi 22 novembre, Alexis Corbière a exprimé son opposition aux réunions de ce type: "Moi je suis un universaliste, un républicain, je pense que, ce qu’il y a de formidable dans notre pays, c’est qu’il est basé sur la déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droit. Et si on rentre dans un système, fût-ce au nom du fait qu’il y a des discriminations qu’il faut combattre, où des réunions sont ouvertes à certains et pas à d’autres, je crois que nous avons perdu."
Il a raison: si les opprimés se donnent la possibilité de discuter entre eux, sa République, qu'il prétend "universaliste", c'est à dire en fait de discrimination de classe, sexiste et raciste, est perdue. Mais la République sociale, celle de l'émancipation a toujours avancé avec l'auto-organisation, dans certains moments, des exploités et opprimés, que ce soient les ouvriers, les femmes ou les racisés (victimes du racisme).
Mais la cerise sur le gateau néocolonial arrive ensuite. Accrochez vous bien.. Alexis Corbière est tellement à l'Ouest, cad loin et étranger aux questions d'oppression qu'il a osé plaisanter en disant que de toute façon, l'été, il est "plus bronzé parfois que quelqu’un qui est né de l’autre côté de la Méditerranée"...Voilà le degré de soumission de ce dirigeant de la FI au racisme qui structure leur république, qui ne sera jamais la mienne, celle de l'émancipation de toutes et tous. Nous attendons que JLM dénonce ces propos indignes.
Evidemment, son compère politicien Adrien Quatennens tient le même discours sur RTL: "Clairement, le fait de tenir des réunions syndicales qui font le tri de manière raciale me pose un problème évident. Moi je suis pour que les réunions soient ouvertes à tous."
Quatennens et les autres ignorants de la FI sont des affabulateurs. Il n'a jamais été question de tri, mais de moments, dans un séminaire pour former à lutter contre le racisme, où les racisés peuvent échanger entre eux. Le tri est un terme odieux qui mérite qu'on leur rappelle que le tri, c'est le grand ami et protégé de leur modèle Mitterrand, le criminel Bousquet, qui l'a fait pour le Vel d'Hiv.
Rappelons que le concept de non-mixité a toujours été pratiqué à un moment donné par les mouvements d'émancipation. Concrètement, il s'agit de ce que le mouvement des femmes a toujours fait, et heureusement. Et déjà, à l'époque, les républicains qui se prétendaient universalistes parlaient de "tri". En fait ils défendaient, consciemment ou non, la domination masculine, comme les fascistes de Fdsouche, Valls et les politiciens de la FI défendent la domination néo coloniale.
Danièle Obono a 100 fois raison. Voici ce que Simone de Beauvoir disait des réunions non mixtes : « C’est un stade. Je pense que, pour l’instant, c’est une bonne chose. Pour plusieurs raisons : d’abord, si l’on admettait des hommes dans ces groupes, ils ne pourraient pas s’empêcher d’avoir le réflexe masculin de vouloir commander, s’imposer. D’autre part, beaucoup de femmes ont encore — quoi qu’elles en disent et même quelquefois, d’ailleurs, elles le savent — un certain sentiment d’infériorité, de timidité ; il y en aurait beaucoup qui n’oseraient pas s’exprimer librement devant des hommes. […] Pour l’instant, ni la mentalité des hommes ni celle des femmes ne permettraient que la discussion d’un groupe mixte soit vraiment tout à fait sincère. » (Entretiens avec Simone de Beauvoir, Alice Schwarzer, Mercure de France, 1984).