par Jacques Chastaing
La "longue marche" du PDM - groupement de dix partis d'opposition sur la capitale Islamabad, partie de différentes villes du Pakistan pour arriver dans la capitale Islamabad ce 27 mars a démarré de Karachi pour le PMLN et du Sindh pour le JUI, deux des composantes importantes du PDM, tandis que le PPP - principal parti d'opposition - devrait (peut-être) rejoindre la marche à Islamabad, pour s'opposer à la hausse des prix et tenter de renverser le gouvernement militaro-islamiste d'Imran Khan.
Cela fait depuis l'automne 2020, en même temps que le début du soulèvement paysan en Inde, que les classes populaires du Pakistan (220 millions d'habitants) tiennent la rue contre les attaques du gouvernement envers les travailleurs et les plus pauvres en cherchant à renverser le pouvoir tenu par une alliance de l'armée et du principal parti islamiste, le PTI.
Mais n'ayant pas de structures indépendantes pour mener le mouvement, ce sont les grands partis bourgeois d'opposition qui l'animent, dans une coalition appelée PDM (avec le PPP qui l'a quitté récemment), qui avaient déjà appelé à des "longues marches" pour renverser le gouvernement au printemps 2021 mais qui y avaient renoncé au dernier moment ayant pris peur de l'ampleur populaire que prenait la marche et son caractère révolutionnaire.
Le mouvement s'était alors un peu estompé, mais il a repris en ce début d'année avec la hausse des prix, et sous la pression populaire, l'opposition a à nouveau relancé des "longues marches" sur la capitale, qui à nouveau ont été suivies par un formidable élan populaire. Ainsi le PPP en a organisé une du 27 février au 9 mars, déplaçant des foules énormes, tandis que le PDM appelait - après de multiples reports - à partir le 26 pour aboutir à Islamabad le 27 mars.
Entre temps, ils avaient déposé une motion de censure pour faire tomber légalement le gouvernement qui devrait être soumise au vote le 27 (ou 28 au Parlement, si le PTI au pouvoir, le permet et ne tente pas un coup de force). Le but de la "longue marche" n'est donc plus de faire tomber directement le pouvoir par la rue, mais par l'intermédiaire du Parlement sous la pression de la rue.
Aussi, en riposte, le PTI au pouvoir a appelé ses propres partisans à se mobiliser également le 27 mars en se massant devant le Parlement pour faire pression sur les députés afin qu'ils ne votent pas la motion de censure, tandis que l'opposition sera aussi devant le Parlement pour protéger les députés et leur permettre de rentrer dans le Parlement tout en affirmant qu'ils resteront devant le Parlement le 28 et jusqu'à ce que le gouvernement mette la motion de censure au vote.
Ça va être chaud, d'autant qu'il semblerait que ça va se jouer à seulement quelques voix de députés.
Le JUI, par exemple qui n'est qu'une composante du PDM, l'alliance de l'opposition,, a prévu une service d'ordre de 40 000 militants, pour donner une idée de l'ampleur de ce qui pourrait se passer.
Et cela d'autant que quasi aux mêmes dates, une grève générale historique à l'appel des organisations paysannes et ouvrières aura lieu les 28 et 29 mars en Inde et qu'une manifestation annoncée comme gigantesque aura lieu également le 29 mars à Colombo pour tenter de renverser le pouvoir militaire au Sri Lanka. Bref quasi toute l'Asie du Sud - soit 1,8 milliards d'habitants - sera en ébullition à ces dates, avec les répercussions qu'on peut imaginer sur le monde.
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