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Billet de blog 27 mars 2021

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Pandémie Covid-19 : Comment Macron nous envoie dans le mur – par Olivier Berruyer

Cette semaine, nous constatons la poursuite de la très forte hausse des contaminations, conjuguée à une inquiétante hausse des entrées en réanimation, notamment en Île-de-France. Comme il était annoncé pour la mi-mars, l’épidémie s’emballe et les variants progressent toujours, nouveau signe de la gestion plus que calamiteuse du gouvernement.

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Cliquez sur les tableaux pour les immobiliser...

Source: Les Crises

Plan du billet :

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N.B. : comme on m’a posé la question, je rappelle que ma formation est actuaire-statisticien spécialisé en mortalité ; elle conduit donc à faire ce genre d’analyses.

I. Incidence en France

1-1 La situation au niveau national

Voici l’évolution du nombre de nouveaux cas dépistés en France depuis début mai :

On constate donc qu’après avoir été nettement atténuée par le deuxième confinement, l’épidémie a repris sa croissance dès début décembre.

Alors que l’épidémie fait l’objet d’analyses non-stop sur les « chaines de commentariat continu » par des experts généralement peu compétents, on observe que la mise en place du couvre-feu il y a 100 jours avait fait passer la croissance de l’épidémie d’exponentielle à grossièrement linéaire. Jusqu’à début mars.

Elle repart depuis lors en exponentielle.

On note bien ceci sur ce graphique représentant la croissance du nombre de cas (c’est-à-dire la fonction dérivée du nombre de cas) :

Lecture : quand la courbe bleue est sur fond rouge, l’épidémie est en croissance ; quand elle est sur fond vert, elle est en décroissance. Quand la courbe monte, l’épidémie accélère, quand elle descend, elle décélère.

Il semble manifeste que la fin des vacances scolaires ait relancé l’épidémie, ce qui a conduit au confinement régional actuel.

Il est difficile d’en mesurer l’impact, mais il semble clair qu’il sera, au mieux, faible. Nous verrons la semaine prochaine.

Précision : au vu des caractéristiques du virus et de la volonté de lutter contre lui, il n’est pas possible de réaliser une anticipation robuste de l’évolution du nombre de cas à court terme.

1-2 Les tests

On observe que le nombre de tests et le taux de positivité repartent fortement à la hausse :

On observe bien ceci au niveau de la croissance du nombre de tests (le gros pic correspond aux vacances de Noël) :

Rappelons que nous testons environ 4 % de la population adulte chaque semaine.

1-3 L’épidémie « réelle »

Comme on ne teste que les personnes qui se présentent, on oublie donc de tester les personnes symptomatiques qui ne le désirent pas, et les asymptomatiques qui n’ont pas été identifiés comme étant des cas contacts. Selon l’Inserm, on n’identifie pas entre la moitié et les deux tiers des personnes réellement contaminées.

Nous vous proposons donc une estimation de l’épidémie réelle afin d’obtenir le nombre de nouvelles contaminations chaque jour :

On note qu’au printemps, l’activité de test (le petit trait en vert) était presque invisible, tant elle était marginale.

La veille des deux confinements, on devait approcher les 125 000 contaminations par jour ; nous sommes probablement autour de 80 000 actuellement, soit seulement un tiers de moins.

1-4 Situation départementale

Voici le taux de reproduction moyen par région :

L’épidémie s’emballe presque partout, ce qui est particulièrement inquiétant.

Il est surtout intéressant d’observer le nombre total de nouveaux cas chaque jour par département :

Il y a seulement une dizaine de départements qui connaissent très peu de cas chaque jour. Pour plus de détails, nous vous renvoyons vers les analyses de @gforestier

Après avoir observé le niveau absolu, il est intéressant d’observer son évolution :

Nous vous proposons désormais les cartes des variants. Voici tout d’abord l’évolution du dramatique variant anglais, qui a colonisé notre pays en un trimestre :

Le grave variant Sud-Africain a pour sa part colonisé en partie la Moselle. Espérons qu’il y restera contenu. Au vu de son danger quant à l’efficacité des vaccins, on ne comprend pas pourquoi la Moselle n’est toujours pas strictement confinée !

Dès lors, l’ancien variant « souche Wuhan » est en forte diminution, et est désormais minoritaire partout, et marginal presque partout :

Voici donc l’évolution en graphique pour les départements les plus touchés :

Le département de Paris est désormais le plus touché de la métropole ; la situation se dégrade.

Voici le détail pour l’Île-de-France :

On voit que l’épidémie progresse nettement, sous la pression des nouveaux variants qui y sont très présents.

1-5 Situation par âge

Enfin, point très important, voici le taux de positivité selon l’âge des contaminés :

On constate que la positivité diminue sur la plupart des classes d’âge, et plus fortement chez les plus de 80 ans : à l’évidence, l’effet du vaccin commence à se faire sentir.

Voici l’évolution pour celles les plus à risques :

Le taux reste toutefois à un niveau absolu élevé.

Voici en effet ce que cela donne en nombre de personnes testées positives :

En plus de cette représentation classique, nous vous proposons le même graphique, mais présenté ainsi, afin de bien voir l’évolution pour les plus de 60 ans, population à risque :

Et ici, voici un zoom sur les 50-70 ans et les plus de 70 ans :

Le réservoir de futurs décès reste hélas très important…

II. Hospitalisations en France

La tendance sur les admissions à l’hôpital pour Covid-19 est désormais également à la hausse autour de 1 500 hospitalisations par jour (soit quand même 500 000 par an à ce rythme) :

On peut l’observer en traçant la croissance des nouvelles hospitalisations, dont on constate l’évolution positive :

Cela donne ceci sur le nombre total de personnes hospitalisées :

Cela fait donc 3 mois que 25 000 à 30 000 personnes sont hospitalisées en permanence pour Covid-19.

Voici enfin la carte des nouvelles hospitalisations :

et celle du nombre total de personnes hospitalisées :

Les réanimations poursuivent leur forte hausse :

Et voici pour l’évolution :

Ce qui donne ceci pour le nombre total de personnes en réanimation :

Avec plus de 4 000 personnes en réanimation, l’épidémie atteint des niveaux critiques dans certains départements.

Voici enfin la carte des nouvelles entrées en réanimation :

et celle du nombre total de personnes hospitalisées en réanimation:

Et voici enfin la part des patients Covid-19 dans le total des personnes en réanimation (qui prennent donc la place des malades normalement reçus…) :

On voit bien que le variant anglais est bien plus virulent que son prédécesseur. Cela commence à bien s’observer au niveau national en faisant le ratio entre le nombre de cas en réanimation et celui des hospitalisations :

En Île-de-France, la situation est très grave, le niveau de la deuxième vague a été dépassé (mais il reste inférieur à celui de la première vague) :

La comparaison avec l’évolution des hospitalisations en Île-de-France est éloquente :

III. Décès en France

Voici enfin la situation au niveau des décès par Covid-19 en France :

Les effets de la vaccination se font enfin sentir, avec un retour à un niveau (effrayant) de plus de 300 morts par jour.

Nous venons donc de dépasser le bilan effroyable de 93 000 morts :

Nous atteindrons probablement 100 000 morts début mai.

Ceci confirme bien le potentiel de mortalité du Coronavirus que nous évoquions dès le début de l’épidémie : 200 000 à 300 000 morts, vu qu’en mai, environ 20 % de la population aura été touchée, et que des exemples brésiliens ou italiens ont montré qu’il pouvait monter à 50 ou 60 % de personnes contaminées.

Si nous rapprochons le nombre de décès de notre estimation des cas réels, on voit bien qu’il y a un décalage d’un mois entre les pics :

Voici pour conclure la carte des décès hebdomadaires :

IV. Conclusion pour la France

Comme nous l’avons expliqué il y a deux mois, nous sommes désormais dans une situation difficile.

Bien sûr, la situation est meilleure à ce jour que lors de la deuxième vague :

MAIS il va être bien plus dur de changer le cours de l’épidémie.

En effet, durant la phase croissante d’octobre : 1/ nous avions l’ancien variant, moins contagieux 2/ nous n’avions aucun confinement, les restaurants étaient ouverts, nous vivions presque normalement. Il y a donc eu un énorme changement avec le confinement, qui a très vite payé comme on le voit. C’est comme être dans une voiture qui roule à 120 km/h en roue libre dans une pente : si on freine fort, on s’arrête vite.

Mais la croissance actuelle a lieu avec le variant anglais, et sous couvre-feu. C’est comme être dans une voiture qui roule à 90 km/h dans une pente, avec un pied qui accélère fort (variant) et l’autre qui appuie aux 3/4 sur la pédale de frein (couvre-feu) : si on se contente de freiner à fond, tout en accélérant toujours, la voiture n’est pas prête de s’arrêter…

Autant vous dire que dans ces conditions, la probabilité de revenir à des niveaux faibles est limitée.

Car, si cela aurait peut-être suffi en janvier avec l’ancien variant, ce n’est probablement plus le cas avec le variant anglais.

Bien entendu, Épidémiologiste Ier est fier de lui – que pèsent 100 000 morts ?

Le Macronisme résumé en un tweet…

Sociopathie : « Trouble de la personnalité caractérisé par le mépris des normes sociales, une difficulté à ressentir des émotions, un manque d’empathie et une grande impulsivité. » [Larousse]

V. Incidence en Europe

Voici la situation chez nos voisins européens :

Si l’épidémie semble désormais maîtrisée en Espagne et au Royaume-Uni, elle vient d’être maitrisée en Italie, qui vient de se reconfiner. On note que l’Angleterre a été très fortement frappée par le variant anglais johnsonien, variant que nous laissons donc prospérer chez nous, bien qu’il soit sans doute plus contagieux et plus mortel.

L’épidémie a bien diminué chez nos voisins, mais elle y reste néanmoins à des niveaux trop élevés pour espérer y mener une stratégie Zéro-Covid (une telle stratégie viserait à ramener l’épidémie à moins 5 000 cas par jour en France – et non pas 0…).

Voici d’ailleurs une carte plus précise de la situation régionale en Europe. :

Pratiquement aucune région n’est épargnée par la Covid…

Grâce à la vaccination, la situation s’améliore partout au niveau des décès :

Il va cependant falloir surveiller ceci dans les prochaines semaines.

VI. Incidence dans les pays les plus touchés

Voici enfin la situation dans les pays actuellement les plus touchés :

La situation aux États-Unis a connu une évolution spectaculaire, qui semble stabilisée, contrairement au Brésil, qui détient désormais le record mondial de contaminations quotidiennes.

Voici un zoom sur l’Amérique latine :

La situation y reste critique.

Voici pour les décès :

On voit que le nombre de décès reste à des niveaux dramatiques et stagnants dans les pays les plus touchés, avec 500 à 2 000 morts par jour. La situation est notamment dramatique au Brésil.

Voici enfin la situation des décès ailleurs en Amérique latine :

Par chance, beaucoup de pays ont pris des mesures de protection des plus âgés (ou bien ils disposent de systèmes sociaux particuliers, ne les regroupant pas dans des Ehpads).

VII. Situation mondiale

Voici pour commencer la carte mondiale de l’épidémie :

Voici pour le nombre de cas par continent :

On constate que l’épidémie se stabilise en Amérique, après un pic à 350 000 cas détectés par jour. L’Europe repart en croissance.

On a ceci en cumulant les zones pour arriver à la situation mondiale :

L’épidémie a cessé sa décroissance et repart vers 400 000 contaminations par jour.

Et on a ceci avec les cas cumulés depuis l’origine :

On constate que l’Amérique a été très fortement frappée, avec plus de 50 millions de cas détectés, et que l’Asie dépasse à peine 20 millions alors qu’elle est bien plus peuplée. L’Europe a également été durement frappée avec une trentaine de millions (en réalité bien plus, mais comme elle a moins testé au début, cela fausse quelque peu ce graphique).

Au final, près de 120 millions de personnes ont été testées positives à la Covid-19 – et beaucoup plus l’ont attrapée :


Voici la situation au niveau des décès :

On constate à quel point l’Occident a été durement frappé.

La situation semble se stabiliser à 8 000 décès par jour.

Au final, les courbes des décès cumulés ressemblent évidemment aux courbes des cas cumulés :

Désormais, près de 2 500 000 de personnes sont mortes de la Covid-19, 1 200 000 en Amérique, 800 000 en Europe et 400 000 en Asie.

VIII. La vaccination

8-1 En France

Voici un point sur la vaccination en France, avec enfin des bonnes nouvelles :

On constate que les injections viennent enfin de repartir fortement à la hausse. La semaine dernière a vu une baisse suite à la polémique Astra Zeneca.

Cela a permis d’injecter la première dose à près de 6 millions de Français. C’est encore bien insuffisant.

Voici pour les secondes doses :

Seulement 2,5 millions de personnes sont totalement protégées au bout de 2 mois et demi de campagne vaccinale. C’est faible comparé à d’autres pays.

Voici la situation au niveau national pour toutes les classes d’âge :

Il est bien triste d’en être seulement là au bout de trois mois de campagne de vaccination...

Voici les prévisions des livraisons de doses de vaccin :

8-2 Dans le monde

Voici la répartition des injections quotidiennes dans le monde, qui atteignent plus de 11 millions par jour :

soit environ 70 millions par semaine :

En cumulant, on constate que plus de 450 millions de personnes ont désormais été vaccinées :

et en cumulant chaque semaine :

Voici la situation actuelle, les États-Unis ont été très efficaces avec plus de 118 millions de doses de vaccin injectées :

Enfin, voici la situation en pourcentage de la population vaccinée :

Des nouvelles de « l’Europe puissance »…

Il y a une remarquable performance du Royaume-Uni, mais elle a hélas été obtenue en ayant différé l’injection de la seconde dose, et donc en réduisant l’efficacité du vaccin :

On voit ici tout l’intérêt de disposer de productions locales par des laboratoires nationaux…

En complément tous les jours la rubrique Santé de la nouvelle Revue de Presse Emancipation!

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