
165: c’est le chiffre, révélé ce matin sur France Infos par Bayou, patron de EELV , des circonscriptions que LFI et EELV espèrent gagnables en Juin et dont ils négocient l’investiture par la nouvelle union de la gauche. Or pour avoir une majorité à l’Assemblée, qui ratifierait un gouvernement Mélenchon, il faut au minimum 289 députés, dont pas un seul ne se ferait acheter par un autre parti, ce qui n’a sans doute jamais existé…
De plus, si contre toutes les expertises électorales mobilisées par EELV et LFI, le nombre passait par miracle de 165 à 289, et que Mélenchon se trouvait premier ministre, le déchainement du mur de l’argent et des bandes armées de l’Etat, les uns comme les autres liés à la droite et à l’extrême droite, créerait un tel chaos que le président userait de son droit de dissolution de l’Assemblée et emplirait facilement le Palais Bourbon avec un nouveau parterre de playmobiles surveillés par quelques dizaines de fascistes.

On peut faire confiance à EELV comme à la LFI pour avoir mené les études sérieuses qui concluent à l’impossibilité de voir Mélenchon premier ministre. Alors pourquoi Mélenchon vient de faire imprimer l’affiche ci-contre césarienne, avec un premir tirage de 200 000 exemplaires, plus 2 millions de tract avec le même message du César de la Canebière ? L’affiche met Bayou en pétard, car pour préparer la place du plus grand nombre de ses politiciens dans un siège de député, EELV réclame dès maintenant une campagne « Union populaire écologiste», et non pas ce coup de force. Mélenchon les a pris de court. "Dans le dos, comme toujours", dit-un autre ecologarque.
Mais que vise alors Mélenchon, puisque il est évident qu’il ne sera jamais Premier ministre ? Mélenchon a déclaré qu’il ne serait pas candidat dans 4 ans et pour la quatrième fois. On le comprend. Sans aucun doute, la campagne « Premier ministre » consiste, pour un des plus anciens politiciens de l’hexagone, et qui ne peut se consacrer à une autre carrière, de finir dans un combat, sur la scène..."Personne n'y croit, mais c'est une stratégie de mobilisation" explique Remi Lefèbvre, politologue de référence partisan LFI à France Info.
Et pourquoi les politiciens en herbe ou de retour de la LFI le suivraitent dans cette galère? La raison en est simple: la "mobilisation" dont parle Rémi Lefebvre, c'est pour eux. Il s’agit, pour quelques dizaines d’entre eux, non pas bien sûr de viser un ministère dans un gouvernement Mélenchon, mais là aussi, comme pour les politiciens de EELV, de poursuivre ou commencer une carrière riche des pouvoirs et/ou des mangeoires de la démocratriche. Mélenchon a du coeur, ce n'est pas un ingrat.
Autrement dit, la seule bataille des législatives qui a commencé et va se poursuivre encore quelques semaines, c’est celle des investitures. La vision, le programme, tous cela, est secondaire. De toute façon, le programme c'est avant les élections...Mais que resterait-il pour d’autres qui veulent être de la fête de la nouvelle gauche caviar ? Sandra Regol a précisé lors de la conférence de presse EELV que les écologarques en demandaient une trentaine de sinécures, parmi les cent les plus gagnables, mais que les insoumis en proposaient seize, d'où le recul sur 20 et LFI ne marchandant que juste qu'à 14..
Pour donner plus d’illusion d’unité, les stratèges des deux formations ne manqueront pas de tenter de faire quelques prises de carriéristes en plus, côté PS, PCF, NPA, tout ce qui se présente... y compris et surtout de vieux chevaux de retour, complices de toutes les trahisons, comme Chevènement et sa petite troupe, ou Montebourge qui viennent de demander sa part du beurre.
LFI a même déclaré que « pas de point de discussion qui paraissait insurmontable » avec le PS, le parti qui depuis 40 ans a le mieux servi le capital et matraqué le travail, au point de renvoyer des millions de travailleurs dans les bras des fascistes. Une petite partie de ces profiteurs et égarés de la nouvelle union de la gauche arriveront à la gamelle, heureux de la démocratriche, et soumis de toujours ou à nouveau au capital. Une révolution sociale et de civilistation ? Ils n'en veulent surtout pas. Ils finiront par la prendre en plein visage.
Aucune exception en 2022 à un siècle et demi de république contre le peuple. Les carriéristes ne manqueront pas de mordre à l'hameçon, leur formation politique étant aussi alléchée par la subvention associée à la prestation. Ce sont 1,42 euro par votant chaque année que reçoit le candidat, même pas élu du moment qu'il monte sur les planches. Et chaque député rapporte 37 280 euros par an à son parti. Il suffit que sa formation ait récolté au moins 1% des suffrages exprimés dans au moins 50 circonscriptions. Fastoche. Même le parti animaliste l'a fait. Aux législatives de 2017, la LREM, nouvelle troupe amateur, a obtenu plus de six millions de voix, soit une rente de 10 millions d'euros tous les ans. La démocratriche est riche.
La mascarade électorale continue. Elle est essentielle au clan bourgeois, puisqu’elle contribue à détourner les luttes sociales vers le mouroir des urnes. Un troisième tour en comédie de boulevard, art suprême de la fraude électorale, si bien décrite récemment par F. Lordon, et surtout pas un bras de fer par le camp du travail, qui renverrait les acteurs dans leurs loges. Mais même la ficelle la plus grosse finit par s’user.
L’alternative à toujours plus de recul et de rejet des travailleurs dans les bras des fascistes existe. C’est dans les mobilisations, jusqu’à la grève générale, comme en 36 ou en 68 que l’on peut faire reculer la barbarie économique, sociale, écologique, raciste, bref capitaliste. Et si possible, par un soulèvement, y mettre fin.
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