Après son succès en novembre 2021 où le soulèvement paysan a fait reculer le pouvoir de droite extrême de Modi en l'obligeant à renoncer à ses lois anti-paysans, le gouvernement n'a pas cessé de tenter de reprendre le terrain perdu en profitant de la dispersion des paysans rentrés chez eux.
Pour commencer, il n'a pas tenu plusieurs de ses promesses faites au mouvement paysan, par exemple celle de leur accorder le MSP (un prix d'achat minimum pour les produits agricoles) équivalent à une sorte de salaire minimum paysan, ce qui aurait été une révolution dans ce pays, où la grande majorité des travailleurs, de la ville comme de la campagne, n'ont pas de salaire minimum, pas plus que de protections contre la maladie, l'âge ou le chômage.
Par ailleurs, il tente de faire passer localement de manière détournée les lois auxquelles il a renoncé au niveau national comme par exemple dans l'Etat de l'Haryana que le BJP, le parti au pouvoir, dirige. Il augmente aussi de manière importante le prix des engrais, ce qui pousse à la ruine un certain nombre de paysans. Il supprime les droits de douane sur l'importation du coton, ce qui ruine les producteurs indiens. Il refuse ici ou là de bloquer les prix de l'électricité, ce qu'il avait pourtant promis au niveau confédéral, etc, etc.
En conséquence, la mobilisation paysanne a repris, pour le moment de manière encore dispersée, là où les attaques sont les plus virulentes, mais la quantité pourrait bien un jour ou l'autre se transformer en qualité, lorsque les provocations du gouvernement feront à nouveau resurgir la colère paysanne, surtout en cette période de forte inflation où déjà des manifestations se tiennent un peu partout dans le pays.
Ainsi, déjà le 23 avril, le SKM (Front Uni Paysan) la coordination qui avait conduit le soulèvement paysan, a appelé à une journée nationale où la population était invitée à bruler les effigies de Modi le Premier Ministre et Yogi, l'idéologue du BJP et premier ministre de l'Uttar Pradesh, ce qui a été pas mal suivi, tandis que des leaders paysans ont repris leurs bâtons de pèlerin et multiplient les rassemblements partout où la colère paysanne couve mais aussi aux côtés d'autres catégories sociales comme à Jaipur par exemple dans le Rajasthan avec les assistants de santé pour le covid dont 28 000 ont été licenciés.
Jacques Chastaing 27 avril 2022
Photos
Deux photos du rassemblement paysan à Nava Raipur dans l'Etat de Chhattisgarh ce 27 avril. Photo d'un des rassemblements de paysans avec les assistants de santé licenciés à Jaipur. Photo d'un manifestation ce 27 avril à Calcutta contre la politique de division religieuses, de sexe et de caste du BJP
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