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Billet de blog 30 avril 2021

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L’armée birmane semble dans un etat critique - Jacques Chastaing

Birmanie: les civils ripostent, les armées ethniques remportent des succès.

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Article inspiré de "Frontier Myanmar"

Alors que l'armée birmane a tué 6 civils depuis le sommet de l'Asean, en réponse et face aux mois de brutalité des Tatmadaw (armée birmane des généraux), le mouvement pro-démocratie semble diminuer ses manifestations pacifiques pour adopter de plus en plus une tactique de riposte violente et armée par des civils ou une riposte militaire par des alliances avec les armées ethniques, dont certaines, celles des peuples Kachin et Karen, viennent de remporter plusieurs victoires militaires, tandis que d'autres sortent de leur neutralité pour s'engager à leur tour dans la bataille, ce qui donne le sentiment général que l'armée birmane est de plus en plus en difficulté, battue sur le terrain ou en proie à des dissensions internes.

Le canton de Mindat, dans l'État de Chin, a été au cœur de la résistance armée cette semaine, les habitants affirmant avoir tué au moins 30 soldats de Tatmadaw dans des affrontements depuis samedi dernier. Il est difficile de savoir à quel point ces chiffres sont précis, mais la junte a reconnu quelques victimes et a finalement libéré une demi-douzaine d'organisateurs de manifestations dans le but d'apaiser la population de Mindat, ce qui montre qu'elle a donc clairement du mal à garder la zone sous contrôle.

Des violences plus horribles ont été signalées dans la région de Sagaing, qui a été à l'avant-garde de la résistance civile armée. Un soldat en désertion aurait été tué alors qu'il assurait la sécurité des manifestants dans le canton de Tamu, conduisant des civils armés à attaquer en riposte les troupes par l'arrière avec des explosifs, tuant trois soldats et en laissant deux dans un état critique.

Il y a également eu une série de fusillades entre des membres elles-mêmes des forces de sécurité du Myanmar ces derniers jours, bien que les motifs ne soient pas connus. Le dernier incident a vu un capitaine abattu à la suite d'une dispute d'ivrognes à Meiktila. Les habitants disent que le capitaine avait récemment tué un médecin et était responsable de l'arrestation de responsables électoraux, mais on ne sait pas ce qui a déclenché l'altercation.

La police et les soldats se seraient également mutuellement tirés dessus à Hakha, dans l'État de Chin, et à Kawkareik, dans l'État de Kayin, ce week-end, faisant deux morts à Hakha et un policier à Kawkareik. Les détails sur ce qui a déclenché ces différends restent rares, mais les récentes défections militaires sont très médiatisées, ce qui donne espoir à tous alors que la junte n'apprécie guère ces aveux de faiblesse dans ses rangs.

Le Tatmadaw est également toujours confronté à une escalade des conflits dans les zones ethniques, car certains groupes commencent à travailler avec les manifestants et d'autres cherchent une coalition armée plus large.

L'Union nationale Karen, qui a déclaré son soutien au NUG (gouvernement en exil), semble former de plus en plus de manifestants civils qui ont abandonné les manifestations pacifiques au profit de la révolution armée. «Nous formons des gens qui veulent être formés et qui veulent lutter contre le régime militaire», a déclaré le major-général de KNU Nerdah Bo Myah à VOA. Le KNU a également s'est également saisi cette semaine d'une base militaire des généraux dans le canton de Hpapun, dans l'État de Kayin, où opère sa puissante Brigade 5, ce qui n'est que la dernière d'une série de défaites humiliantes en plus de celles qu'on fait subir ces derniers jours, les forces armées KIO du peuple Kachin aux Tatmadaw.

En réponse, l'armée continue à mener des frappes aériennes dans la région, faisant craindre des victimes civiles mais alimentant aussi la haine de la population de ces ethnies. La junte aurait également mené des frappes aériennes dans le canton de Momauk, dans l'État de Kachin, ces derniers jours, déplaçant jusqu'à 5 000 personnes civiles lors des affrontements avec l'Armée de l'indépendance de Kachin, KIO. "La plupart de nos maisons ont été incendiées et détruites", a déclaré un villageois de Kone Law au journal l'Irrawaddy.

Au milieu de cette escalade du conflit, tant les Tatmadaw que certains groupes armés de la population et armées ethniques recherchent de nouveaux alliés.

La junte militaire a tenté d'approcher l'armée ethnique Karen démocratique et le Conseil de paix KNU / KNLA cette semaine, dans la tentative apparente d'en courtiser les signataires de l'accord de cessez-le-feu à l'échelle nationale.

Mais le NGU (gouvernement de l'opposition unie) essaie aussi pour sa part à toute force de travailler avec certaines armées ethniques soit en leur laissant une place à la tête du gouvernement NGU qui en fait un gouvernement multi-ethnique, soit directement, comme avec l'armée de l'État de Wa unie, l'Armée de libération nationale de Ta'ang, l'État progressiste de Shan Parti et armée d'Arakan, ce qui pourrait ouvrir dans l'immédiat un autre front militaire difficile pour le Tatmadaw dans l’État de Shan, à un moment où l'armée birmane semble déjà à bout de souffle.

En complément tous les jours la rubrique Asie/Océanie de la Revue de Presse Emancipation!

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