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Billet de blog 7 juillet 2013

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Les SDF ont du tact

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Il y a dans l’étude de l’INSEE « L’hébergement des sans-domicile en 2012 » diffusée le 2 juillet 2013 une donnée intrigante, celle qui pointe que « La moitié des sans-abri (48 %) n’ont pas souhaité se rendre dans un centre d’hébergement la veille de l’enquête ; les principales raisons invoquées sont le manque d’hygiène (29 %) et l’insécurité (26 %) ». Or, si on se mêle aux conversations des sans abri, par exemple ceux qui fréquentent le parc de Choisy dans le XIII ème arrondissement de Paris qui est situé à proximité de nombreux centres d’hébergement, ce n’est pas cela qu’on entend. Les conditions d’hygiène et de sécurité sont rarement abordées.

On y parle d’abord de bouffe : de la meilleure soupe de Paris, du jus du matin ; également d’horaires d’ouverture et de fermeture, du coup de balai dont il faut ou non s’acquitter. Mais les discussions tournent surtout sur la « qualité de l’accueil ». Les sans abri savent bien distinguer les accueillants qui n’hésitent pas à tremper la soupe avec eux de ceux qui distribuent le pain avec des tartines de morale ; ils reconnaissent d’instinct la table ou l’on se serre pour te faire ta place ; ils repèrent d’emblée l’âme de flic qui se tapit dans tel ou tel professionnel de la profession sociale. Ils apprécient le sourire (et surtout la silhouette) de telle ou telle. Voila ce qu’on entend sur les bancs des parcs et des squares de Paris de ces experts en relations humaines.

Alors pourquoi une bonne partie des sans abri invoquent ils, aux enquêteurs de l’INSEE, les raisons d’hygiène et de sécurité à leur refus de se rendre dans les centres d’hébergement, au grand dam d’ailleurs des responsables de ces établissements ? Car les centres d’hébergement ont fait l’objet ces dernières années de programmes de travaux « d’humanisation » et que les conditions matérielles d’accueil se sont bien améliorées. Alors également que les conditions de (sur)vie dans la rue ne sont ni propices à l’hygiène, ni sûre: « Un quart d’entre eux ont pu accéder nuit et jour à des toilettes près du lieu où ils dorment ». On ne peut pas invoquer leur ignorance des améliorations matérielles, la plupart d’entre eux connaissent parfaitement les différents lieux.

Il faut sans doute chercher ailleurs l’explication de ces réponses. Les sans abri ont peut être le tact de ne pas avancer les véritables raisons, celles qui fâchent, c'est-à-dire celles relatives aux conditions d’accueil que les chargés de l’accueil leur réservent. Alors, par politesse, ils répondent avec les raisons classiques de l’hygiène et de la sécurité qui vont rapidement clore l’interrogation.

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