Aux élections de 1931, le parti national socialiste obtient en Allemagne 6 millions de voix ; ce qui le fait passer de 12 à 107 sièges au Reichstag. Dans un court essai intitulé « révolte contre la lenteur », Stefan Zweig examine l’événement avec son sens pénétrant de la psychologie. Sa thèse est de constater que la lenteur et le manque de courage de la classe politique aux commandes de la République de Weimar est le creuset de la progression du parti d’extrême droite.
Osons un parallèle avec la situation politique présente en France. Au début des années 1980, le Front National était un groupuscule drainant quelques hurluberlus dans des meetings souterrains et il comptabilisait quelques dixièmes de points aux élections. J.M. Le Pen faisait alors figure de grand guignol avec son bandeau sur l’œil ! Aux élections présidentielles de 2012 : près de 18% des voix avec 6,4 millions de voix au premier tour. A l’élection législative partielle de mars 2013 dans l’Oise il obtient 48,4 % des suffrages ; 46,2 % dans celle de juin à Villeneuve sur Lot. Fini de rire.
Dans le même temps, quel est le discours de la majorité aux commandes depuis mai 2012 ? «Tous les outils sont là » nous dit F. Hollande dans sa conférence de presse du 16 mai 2013. Le « attendez, ça va s’arranger !, tout va pas si mal », c’est la seule politique dont est capable ce gouvernement. C’est dans cette politique misérable qu’il sera sans doute balayé dans les mois à venir.
Car, ce qu’oublie ce gouvernement d’énarques et de fonctionnaires, c’est que la société n’est pas une mécanique, elle ne se construit ni se répare ou se démonte comme une machine. Elle est vivante ! Le bricolage, le rafistolage, c'est-à-dire « faire du neuf avec du vieux » ne suffit pas ! Nos ministres disent : « attendez, demain ce sera mieux ! », ils vivent sans s’apercevoir de rien, ils hochent la tête en disant qu’il ne faut pas exagérer, qu’on a toujours connu de bonnes et de mauvaises périodes, qu’il n’y a pas de quoi s’affoler, que c’est supportable. Eux en tout cas, ils peuvent le supporter.