Comme le rappellent les notes de veille de Mediapart, le monde en change. Sans reprendre l'inventaire (déjà fait par E. Plenel, ici), des révolutions arabes au mouvement des Indignés, 2011 a été riche en mutations à l'échelle de la planète. La fin de l'année, avec les soubressauts chinois et russes laisse augurer de plus grands changements encore en 2012. Et nous dans tous ça?
On le répète, la France est figée dans l'attente des élections de 2012. Le Sarkozisme a réussi à détruire jusqu'à l'espoir du changement. On attend que cela soit moins pire, on prend son mal en patience. Et Mediapart? Mediapart rumine, comme l'ensemble de la presse (sauf peut-être le Figaro et les télévisions, mais j'avoue ne pas trop les cotoyer) une critique généralement admise d'un système dorénavant perçu comme en faillite (crise de l'Euro aidant).
On n'arrive plus à accepter que les certitudes n'en sont pas. On se cramponne aux vieux modèles. Et l'on nie tout ce qui pourrait les remettre en cause. Impossible aujourd'hui de participer à un fil de commentaires sans avoir à subir les imprécations des dénonciateurs du grand complot mondial. Les Révolutions arabes : des manipulations atlantistes! La Tunisie? Un lit d'islamistes! Kadhafi? Un héros de l'Afrique! Bachar El-Assad? Un héros anti-colonialiste! Les Syriens? Des agents de l'étranger! Les journalistes : tous des agents de la pensée dominante! Renseignez-vous, allez donc sur tel ou tel site internet, on y dit tout! Le reste, de la manipulation! Et peu importe si les dictatures der Poutine, Assad et Hu-Jintao musèlent journalistes et opinion. Mensonges de l'Occident!
Les fils de politique étrangère, après ceux sur la Palestine/Israël, sont désertés car ils ne peuvent plus être des lieux sereins du débat. La question de la fin du modèle participatif, posée par antoine Perraut, est légitime, dans son (mauvais) rapport personnel aux lecteurs, mais elle est depuis longtemps tranchée pour les journalistes chargés de l'international (P. Puchot, T. Cantaloube) insultés à tour de bras. C'est également le cas pour P. Riès ou M. Orange, accusés d'être des suppôts de satan car ils produisent des analyses économiques. Certains demandent le départ des journalistes s'ils professent des articles ou des opinions contraires à leurs dogmes!
Peu importe si acucun journaliste ne peut entrer en Syrie, peu importe que les Libyens aient eux-même manifesté contre leur dictateur, peu importe si la France, malgré des difficultés, reste un pays où la liberté d'expression est encore possible. Pour les tenants de la "lutte révolutionnaire", il s'agit d'utiliser ce media pour marteler leurs opinions. La peur et le dégoût se profile dans ce club, et beaucoup renoncent à s'y exprimer.
D'indépendant des publicitaires et groupes de média, Mediapart devienbt captif de ses lecteurs les plus virulents. Le choix de beaucoup revient à tisser un réseau de connaissances et à se contenter de billets sociaux, entre amis, d'entretenir d'agréables connivences entre gens sympathique, de discuter en vase clos avec quelques abonnés triés sur le volet et fort sympathiques. La stratégie de l'évitement prévaut et crée des clubs dans le club.
Mediapart touche sans doute aux limites de son système d'exploitation "tribal", passons donc à la démocratie et ne laissons plus celui qui crie le plus fort avoir raison.