jean-marc gavanon (avatar)

jean-marc gavanon

Dissident

Abonné·e de Mediapart

122 Billets

2 Éditions

Billet de blog 1 avril 2011

jean-marc gavanon (avatar)

jean-marc gavanon

Dissident

Abonné·e de Mediapart

La République de Cyrénaïque

A l'est de la Libye, les régions contrôlées par les insurgés s'organisent. Depuis quelques semaines et l'émancipation vis à vis du Guide, les populations, notament à Tobrouk et à Benghazi, apprennent à vivre dans l'après-Kadhafi. Les journalistes présents et assez nombreux désormais circulent librement dans ces zones. Une anarchie joyeuse s'en dégage parfois, malgré l'angoisse de la guerre non terminée et les retombées directes du conflit: combattants blessés, civils qui fuient la ligne de front.

jean-marc gavanon (avatar)

jean-marc gavanon

Dissident

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

A l'est de la Libye, les régions contrôlées par les insurgés s'organisent. Depuis quelques semaines et l'émancipation vis à vis du Guide, les populations, notament à Tobrouk et à Benghazi, apprennent à vivre dans l'après-Kadhafi. Les journalistes présents et assez nombreux désormais circulent librement dans ces zones. Une anarchie joyeuse s'en dégage parfois, malgré l'angoisse de la guerre non terminée et les retombées directes du conflit: combattants blessés, civils qui fuient la ligne de front.

A Tobrouk, on avait prévu des tentes pour accueillir plus de 300 familles venues de la villes d'Ajdabyia, ville au coeur des combats entre rebelles et fidèles à Kadhafi. Les tentes sont restées vides : l'appel de la municipalité pour loger les réfugiés a été entendu et les habitants de Tobrouk ont préféré les inviter chez eux. Beaucoup de fils de familles sont partis vers Benghazi pour ensuite rallier le front, empruntant parfois le pick-up familial et emmenenant des cosins et des amis vers la guerre.

A Benghazi, une manifestation de femmes a été organisée en soutien à Aisha Ahmed, la jeune fille de 26 ans originaire de la ville et qui a fait irruption dans l'hôtel des journalistes de Tripoli pour témoigner de son viol par des soldats (lien). Les Officiels du régime n'ont pas accepté que les journalistes puissent la rencontrer et la famille prétend qu'on lui propose de l'argent pour changer sa version des faits. La propagande la fait également passer pour une prostituée, alors qu'elle est étudiante en droit.

Les journalistes occidentaux dans la ville n'ont vu aucune scène dépuration, pas de massacre. Mais une détermination sans faille des habitants de Cyrénaïque. Comment désormais envisager de revenir sous l'autorité de Kadhafi? Comment ne pas craindre la vengeance du Guide qui a toujours maintenu les régions de l'est sous surveillance, comme ancien fief des rois Senoussi? Benghazi et Tobrouk sont sous la menace d'une vengeance impitoyable, promise par Kadhafi lui-même. Certains en occident les disent manipulés par les services secrets, Al-Qaeda, les Frères musulmans, l'ancienne famille royale, les mafias qui se livrent aux trafics de clandestins... Est-ce donc le prélude nécessaire pour préparer l'opoinion internationale à les abandonner. On commence aussi à parler du coût de cette intervention, l'économique reprendle dessus. Pourtant les rebelles se sont engagés à livrer le pétrole, comme Kadhafi.

Ils respectent le droit, permettant aux membres du CICR de visiter les prisonniers de l'armée loyaliste, ce qui n'est pas le cas dans l'autre camp. DE l'autre côté de la Libye, la chape de plomb est retombée. Les villes révoltées de Mistrata et de Zenten sont assiégées ou investies, Tripoli est quadrillé par les forces de sécurité. Les quartiers de la capitale d'où étaient partis la révolte doivent être investis par les agents du régime. Personne ne peut en témoigner, bien sûr, mais comment pourrait-il en être autrement. Eux qui manifestaient à Tripoli seraient aujourd'hui redevunus des Kadhafistes?

Si la République de Cyrénaïque a peur d'être abandonnée, la Tripolitaine l'est assurément. La Libye est d'abord divisée par Kadhafi.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.