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Billet de blog 1 mai 2011

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Etre de gauche sans l'être

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C'est sans doute parce que la gauche, dans son essence, s'attache à la défense des plus faibles, qu'elle garde une fascination pour la défaite. C'est sans doute cette fascination qui pousse beaucoup de gens de gauche à aliéner leur capacité d'analyse et de jugement en intégrant des groupuscules sectaires et politiquement inaudibles. La recherche d'un petit nombre d'élus, seuls lucides dans un monde aveugle et manipulé, devient alors la justification de leur échec, dont ils tirent une gloire mortifère, celle des martyrs.

Cette source d'aspiration des militants de gauche est finalement celle qui syphone les résultats électoraux mais aussi et surtout la composition des partis de gouvernement, PS et EELV, voir FdG. Il devient impossible d'être de gauche sans se positionner sur des problèmes idéologiques comme la dictature du prolétariat, les raisons de l'échec de la Commune de Paris, la révolution permanente depuis 1917 ou la place du syndicalisme révolutionnaire depuis le congrès de Tours. On ne compte plus non pmus les appels à l'abstention et au boycott du système, soit parce qu'il est présidentialiste, soit parce qu'il est parlementariste, soit parce qu'il est contraire à la libre organisation nécessaire d'une société anarchiste.

Peu importe donc de perdre toutes les élections, ce qui compte, c'est d'avoir raison. Plus que raison, conscience d'être détenteur de la vérité. La démocratie n'est qu'une fausse démocratie, vieil argument des démocraties populaires. Le véritable ennemi, dans cette lutte pour la Vérité, devient forcément le collaborateur de classe, incarné à merveille par le Parti Socialiste "qui n'a de socialiste que le nom", faut-il aussitôt rajouter. La possibilité de noyauter ce parti pour le faire pencher plus à gauche, sans sombrer dans l'ancien entrisme du monde de la conspiration trotskiste, est pourtant la seule possibilité réaliste de changer un peu les choses.

Sortir d'une politique raciste et xénophobe, d'une politique fiscalement injuste, socialement catastrophique, économiquement absurde et désastreuse pour l'environnement... que pèse cela en comparaison de l'attente du Grand Soir? Tout compromis ralentit la marche de la Révolution, il faut donc pousser à droite toutes pour faire évoluer les consciences du pauvre peuple. Le résultat est patent, c'est l'extrême droite qui monte sans cesse en reprenant au mot cet argumentaire de la gauche extrême : non aux délocalisation devient de la préférence nationale, non à l'Europe devient vive la France, protégeons nos emplois devient fermons nons frontières, non à l'Euro devient le retour au Franc...

Utiliser l'énegie déployée à le critiquer pour faire évoluer le PS, adhérer, voter pour faire avancer des propositions de gauche dans ce parti, participer à des réunions pour faire émerger des hommes dont les convictions sociales et progressistes soient indiscutables, où est le mal? Laisser le PS avec des effectifs squellettiques au vue de son poiids électoral actuel, c'est assurer le triomphe du clientélisme dans un parti d'élus. C'est une véritable incitation à la corruption que de le laisser à la merci de si peu de personnes, les récentes affaires électorales internes ne l'ont que trop démontré : on parle de barons, de fédérations puissantes, d'éléphants, de courants... si peu de socialisme.

Il faut que le PS redevienne, melgré lui, un parti de masse. Il faut qu'il utilise internet pour créer une nouvelle forme de militantisme et une pépinnière idéologique. Même les caciques le ressentent, sinon pourquoi ont-ils consenti aux primaires? Cette nouveauté dans le paysage politique comporte le risque de l'inconnu, mais elle porte aussi l'espoir d'une évolution.

- Baisser le prix des cotisations, les limiter au symboliques pour les faibles revenus

- Organiser des cyber-cellules où le débat se déroule d'abord sur internet en parallèle de l'existant.

- Accepter la créationde courants autonomes dans le PS sans discipline de vote mais qui respecte les choix majoritaires au parti

- Rénover l'image, les propositions et le projet du PS

- Condamner toutes les dérives passées autrefois tolérées par le parti

- Appeller à l'inclusion de toutes les formations politiques de gauche

- S'engager sur le chantier constitutionnel pour plus d'égalité en droit (transformation du Sénat en Assemblée à la proportionnelle, redéfinition du rôle présidentiel, interdiction du cumul des mandats...)

- S'engager dans une refonte totale de la fiscalité en France et démolir les arguments iniques de la droite sur ce sujet central

- etc!

On peut être de gauche sans l'être, les multiples sens de cette proposition sont en suspens.

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