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Billet de blog 2 juin 2011

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La fin du communisme

Cela faisait longtemps qu'on le savait condamné. Même à Cuba, Raoul n'est pas Fidel et les premières brèches apparaissent dans le monopole du Parti. Bientôt, il ne sera plus qu'un chapitre difficile du programme d'Histoire.

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Cela faisait longtemps qu'on le savait condamné. Même à Cuba, Raoul n'est pas Fidel et les premières brèches apparaissent dans le monopole du Parti. Bientôt, il ne sera plus qu'un chapitre difficile du programme d'Histoire. En France, le lent déclin du PCF depuis 1945 arrive à son terme avec la disparition annoncée du Parti de la scène des présidentielles. les militants ont beau clamer leur méfiance et parfois même meur désespoir, les faits sont têtus. Ils n'ont plus d'électeurs. Une nouvelle candidature de témoignage à 2% serait fatale aux finances et aux survivants du PCF. Il choisit donc la respiration assistée avec la candidature de Mélenchon, leader qui a si peu de militants, mais qui capitalise (c'est un comble) sa médiatisation et permet aux communistes d'espérer se maintenir dans l'appareil électoral encore quelques législatures. Pas plus. Etant donné la moyenne d'âge des militants du PC, la mort de beuacoup de cellules est de toutes façons impossible à enrayer.

Exit donc le mot "communisme" du paysage politique français, ceci correspondant à une réalité mondiale. La dissidence troskyste est plus vivace, car elle a su dissimuler sous d'autres appellations (NPA en France) son fondement idéologique de départ. Mais ce n'est qu'une question de maquillage qui permet encore d'attirer quelques jeunes idéalistes nostalgiques de l'époque libertaires et rebutés par l'anarcho-syndicalisme trop radical. On y retrouve aussi des profs en mal de reconnaissance sociale et des gens têtus, qui ne changent jamais d'avis.

Même là où la gauche gagne, comme au Brésil, les partis qui arrivent au pouvoir comme le PT (au départ marxiste) de l'ancien président Lula, choisissent de ne plus préconiser de réformes "communistes". Plutôt que la guerre et le dogmatisme, ils optent pour des avancées sociales progressives, acceptées par une majorité et permettant une amélioration tangible des conditions de vie de nombreux habitants. Le succès électoral du PT au Brésil est d'ailleurs une réussite de ce réformisme affiché que la popularité de l'ancien président confirme.

Le monde est trop complexe pour être régi par des dogmes définis par l'Homme. Celui qui prétendrait définir, dans un système complet, les rapports économiques, politiques et sociaux serait forcément à l'origine d'un Etat totalitaire et anti-démocratique. Comme le disait Kennedy à Berlin-Ouest : "notre démocratie est imparfaite mais nous n'avons pas besoin d'ériger un mur pour empêcher notre peuple de fuir". On pourrait transposer la citation aujourd'hui et rappeler que la Chine ne laisse aucune liberté d'expression à son peuple, toujours au nom du communisme.

On pourrait rappeller que cette idée qui défend au départ de louables principes, au même titre que certains aspects du christiannisme par exemple, a été pervertie parce qu'il ne peut pas en être autrement. On peut constater que les Révolutions d'aujord'hui, dans le monde arabe, mais aussi en Espagne, se font au nom de la liberté individuelle (lien). On doit également prendre en compte la facilité d'organisation et de réaction que représente internet pour repenser cette idée de Révolution, autrfois nécessairement pilotée, désormais autonome.

La fin du communisme dans le paysage politique Français, c'est d'abord la chance d'un renouveau du débat à gauche. La fin des procès en gauchitude, la fin de la quête de la pureté, la fin des chapelles maoistes, léninistes, trotskystes, badiouiste, polpotiens et autres guevaristes. Guevara, justement, c'est d'abord l'affirmation de l'humanité et du caractère nécessairement individuel de l'idée de Révolution culturelle. C'est pour cela que beaucoup en restent souvent à l'idée du guerillero marxiste, c'est plus simple. Guevara, c'était d'abord la reconnaissance du droit à la différence, à l'auto-détermination et la nécessaire évolution de chaque conscience pour la construction d'une société socialiste.

Les derniers dignitaires de toutes ces chapelles du marxisme ou du communisme s'accrochent à des luttes du temps passé pour revendiquer une supériorité morale et juger à l'aune des erreurs des gouvernements passés les prétendants politiques actuels. Elles se drapent dans l'idéologie du XIX° siècle pour revendiquer une originelle pureté, pas plus crédible que la société idéale des phalanstères. Ils subsistent, comme le FN, en capitalisant des voix sur les scandales, la corruption et l'incompétance de certains. Leur programme politique, toujours en débat et jamais affiché, se limite à des slogans populistes ou des effets de com : "pour la retraite à 60 ans", "nos vies valent mieux que leurs profits"...

La fin du communisme est annoncée. Il est temps de réfléchir aux problèmes de notre temps et de recréer un cadre conceptuel capable d'apréhender les difficultés du monde actuel sans s'enfermer dans des doctrines du temps jadis.

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