La crainte du buzz médiatique. Une candidature de témoignage qui porte des idées écologistes, au demeurant sympathiques, mais incapables de rallier une majorité d'électeurs de Gauche. C'est toujours mieux qu'une candidature d'Eva Joly à 5%, mais bon, si c'est pour faire un second tour FN-UMP, quel est l'intérêt d'avoir Nicolas Hulot à 12% en 2012?
La solution anti-Hulot est pourtant simple : pas de candidat EELV en 2012. Mais vous n'y pensez pas! C'est priver l'écologie politique d'une juste tribune, d'un moyen d'agiter les consciences, d'arracher des futures concessions à ses futurs partenaires de gauche sur les sujets qui fâchent, comme le nucléaire ou la réduction de la croissance à tout prix. On voit déjà les reculades poindre, quand on parle "d'objectifs pour 25 ans". Tout le monde sera encore déçu, EELV éclatera entre les européistes Cohn-bendistes, les politistes de Placé et les intransigeants de Lipietz.
L'alliance avec les Socialistes ne se fera d'ailleurs qu'à une condition, non négiciable, non discutable... qu'ils gagnent en 2012. Le meilleur moyen de les y aider est de les assurer d'être présents au second tour. En effet, Sarkozy n'a aucune chance d'être réélu contre un candidat de gauche, il n'y a également aucun espoir pour Marine Le Pen de l'emporter face à un candidat républicain (même Sarkozy la battrait!). Par contre, l'incertitude d'un premier tour reste entière dans cette élection s'il y a une dispersion de voix entrainant 3 candidats autour du score de 20%, flanqués de quelques second couteaux menant une belle campagne inutile autour des 10%.
Le Parti Socialiste et EELV doivent donc prendre leurs responsabilités et négocier à l'avance une répartition des rôles. Il faut qu'il y aie un candidat unique de la gauche aux présidentielles, sûr de se qualifier au second tour avec un score le mettant largement en tête, au-delà des 35%. Ce candidat sera nécessairement socialiste, il serait en effet impensable que Solférino, et on peut le regretter, renonce à son rôle de centre de gravité de la gauche de gouvernement. Mais il faut également des garanties claires de respect des positions politiques des alliés des socialistes, en particulier EELV.
Comment garantir un tel respect? La solution est mathématiqu. Il faut permettre aux électeurs de désigner également des candidats uniques de cette gauche de gouvernement lors des élections législatives. En cas de victoire à la présidentielle, une part importante des députés de la future majorité qui vont être élus doivent être issus des partis alliés des socialistes. A un point, d'ailleurs, où les socialistes ne doivent pas être majoritaires seuls dans l'Assemblée nationale. EELV doit disposer d'un nombre de députés suffisant pour constituer une minorité de blocage.
Cela est d'autant plus nécessaire que les Socialistes et les Radicaux risquent de gagner prochainement la majorité au Sénat, et qu'un pouvoir sans partage ne serait sans doute pas bien vu par beaucoup de Français critiques au regard de ce que les socialistes ont fait de leur hégémonie passée. L'idéal serait d'ailleurs que le Front de gauche réussisse à s'intégrer à cette dynamique et que Jean-luc Mélenchon choisisse de sacrifier son parcours personnel pour faire élire une centaine de députés du Parti de Gauche et du Parti Communiste afin que que la nouvelle gauche s'appuie véritablement sur une coalition des forces de gauche du pays.
Le NPA a malheureusement rejetté par avance toute proposition de gouvernement associée au PS, son isolement semble inconciliable avec les nécessaires compromis d'un gouvernement uni. Il reste à établir les bases d'un programme commun et de décider des sujets que les Français pourraient arbitrer par réferendum, en cas de désaccord entre les partis de gouvernement : PS, Radicaux de gauche, EELV, PG et PCF.
Les maroquins ministériels ne seraient plus alors distribués en fonction des scores obtenus, du pouvoir de nuisance ou de quelconques arrangements, mais chaque grande composante aurait le pouvoir de se faire respecter par la force de sa députation. L'abandon par les socialistes de leur pouvoir sans partage, qui risque de toutes façons de leur échapper, serait le préalable à une ère politique nouvelle à gauche. Le choix de candidats communs nécessite la cession de bastions et la fin du clientélisme, de la chasse aux mandats dans ce parti qui a trop eu tendance, au fil du temps, à se transformer en parti d'élus.
C'est un choix stratégique et politique majeur qui se pose au PS et à EELV, je l'espère aussi au front de Gauche, celui de se rassembler et créer une nouvelle dynamique, fondée sur une véritable pluralité d'appartenance au service d'un programme commun. Abandonner les ambitions présidentielles pour les uns, lidée de l'hégémonie à l'Assemblée pour les autres, l'indépendance de posture pour d'autres. L'essentiel reste peut-être que les électeurs veulent des gages de crédibilité, vos électeurs sont les mêmes.