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Billet de blog 11 mars 2011

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Le sauve qui peut de la Marine

Les députés UMP mettraient-ils leurs derniers espoirs dans la montée du FN pour sauver leurs mandats?

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Les députés UMP mettraient-ils leurs derniers espoirs dans la montée du FN pour sauver leurs mandats?

C'est une question que l'on est en droit de se poser, lorsque l'on observe le violent anathème que Nicolas Sarkozy promet de prononcer contre ceux qui feront alliance avec le Front National. Comme ces alliances risquent d'avoir lieu, c'est déjà promettre l'UMP exangue à une scission sur la droite assez dangereuse pour la domination du clan Sarkoziste sur le parti. En tous cas, les politiques ont bien intégré la stratégie à 3 tours des élections de 2012.

Alors que l'opinion se focalise sur la Présidentielle, chaque député sortant est focalisé sur la Législative qui suit dans sa circonscription. Comme le parti présidentiel est carbonnisé dans les consciences et dans les sondages, à tel point que les sortants UMP des cantonnales préfèrent en masquer le logo, les députés en fin de mandat s'inquiètent de leur future éviction de la Chambre. Pour sauver les meubles, la stratégie du FN peut sembler, machiavélisme mis à part, assez porteuse. Les sondages vont dans ce sens, et on le comprend quand on voit les thèmes inlassablement mis en avant par les membres du parti présidentiel : insécurité, immigration, islam.

En effet, si Marine Le Pen est au second tour face à Nicolas Sarkozy, l'habituel front républicain donnera certainement la victoire au président sortant. Certainement avec un score moindre que celui de Chirac en pareil cas, mais il y a encore assez de marge pour miser sur élection nette et entraîner la réélection de Sarkozy. Et celle de nombre de députés UMP dans la foulée. Mais il ne faut pas en être sûr, car, chez Marine Le Pen, le discours "national" qui recrute à Droite est associé à un discours "socialiste" qui peut lui permettre de profiter de l'anti-sarkozisme pour apparaître comme la candidate hors-système et attirer les électeurs de Gauche, en particulier de la gauche du PS.

Ce scénario du quitte ou double ne serait pas pour déplaire à Nicolas Sarkozy lui-même, tant sa réelection semble aujourd'hui compromise face à n'importe quel candidat de Gauche. Mais il reste hypothétique si sa cote de populaité reste aussi faible qu'aujourd'hui : il risque d'être l'éliminé du premier tour. Un président sortant qui ne participe pas au second tour... du jamais vu dans la V° République. Marine Le Pen prétendrait alors représenter toute la Droite face au candidat socialiste. Le réflexe de front républicain aurait beaucoup plus de mal à fonctionner, car l'acceptation des thèses du FN a été de longue date préparée pour l'électorat UMP par les discours "décomplexés" de Sarkozy, Hortefeux ou Estrosi. Les appels à la division venus de la gauche du PS risqueraient également de ne pas permettre un report des voix efficace.

L'élection à la présidence de Marine Le Pen ne voudrait cependant pas dire que la population lui donne un blanc-seing absolu. Les candidats FN dans les circonscriptions sont parfois infréquentables, souvent inconnus et non implantés localement. Ce n'est pas un hasard si le FN n'a pas été capable de faire élire un seul député dans la moindre circonscription du territoire français. En cas de victoire à la présidentielle, il y a aura des députés frontistes. Mais pas 300. Cela risque de permettre à de nombreux élus de l'UMP de conserver leur mandat, la Gauche apparaissant comme laminée puisqu'incapable de s'imposer face à Marine Le Pen.

L'UMP, se trouvant en position centrale à la Chambre, formerait forcément le gouvernement. La Gauche ne pourrait le censurer par crainte de laisser filer le pouvoir à l'extrême-droite, et la présidence de Marine Le Pen permettrait à l'UMP de maintenir nombre de députés et de conserver les ministères, tout en passant pour les pompiers de la République qui annihilent l'erreur de l'élection présidentielle. Cette stratégie est honnie par le clan Sarkozy, car elle le fait sortir du jeu politique en le tenant pour responsable de l'échec à la Présidentielle dont les députés UMP, réélus dans leur circoncription souvent avec l'appui de la Gauche, peuvent s'affranchir.

Le virage à droite serait clair, nul besoin de soigner les apparences avec Marine Le Pen à la présidence, il faudra reconquérir l'électorat FN avec de plus en plus de mesures démagogiques et nationalistes. La partie souverainiste de l'UMP peut y trouver son compte, continuer la destruction entamée de l'édifice européen et fermer le France au commerce mondial. Cette politique qui place aujourd'hui notre pays dans les derniers de l'économie en Europe va être développée et conduire à des déboires économiques qui ne feront que renforcer le vote extrême.

Comme l'extrême-gauche reste sectaire et incapable de s'organiser politiquement, le pouvoir risque en 2017 de revenir, quoiqu'il se passe en 2012 au Front National, n'en déplaise à Copé. La chasse aux mandats des députés UMP les pousse inexorablement à souhaiter une montée du FN. Sarkozy, analysant cela, promet des exclusions. Etre exclu de l'UMP aujourd'hui... c'est peut-être aussi un bon moyen de conserver son précieux siège.

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