Elle avait annoncé qu'elle donnerait sa consigne à ses supporters. Sans attendre le débat public (à quelques heures près), Ségolène Royal appelle à voter François Hollande. Pas pour des idées donc (sinon pourquoi ne pas le faire après le débat) mais pourquoi alors? Si elle obtient un important ministère sous la présidence Hollande, une responsabilité quelconque, qu'elle mérite sans doute, on ne manquera pas de mettre cela sur le compte d'une négociation de couloir entre les deux anciens compagnons.
La leçon de transparence donnée par Montebourg n'a pas fait d'émules. 3 des 4 perdants des primaires ont "appellé à voter" pour François Hollande. Aucune contrepartie poltique publique n'a été exigée, il s'agit donc d'un positionnement stratégique, d'accointances idéologiques (pour Valls et baylet, d'accord, pour Royal c'est moins évident) ou d'un intérêt personnel à servir l'un plutôt que l'autre. Martine Aubry n'est peut-être pas beaucoup plus à gauche que François Hollande, mais il s'agissait dans cette primaire d'influencer au maximum les deux personalités pour obtenir des engagements programmatiques. En y renonçant et en ne motivant son soutien par rien d'autres que des tractations, Ségolène Royal fait figure de politicienne calculatrice, plus préoccupée de son avenir que de celui de la France.
La récation des électeurs et des soutiens officiels de Ségolène Royal devrait permettre de prendrela mesure d'un choix personnel ainsi assumé. La suivent-ils dans son ralliement ou reprennent-ils leur liberté. Le droit à la défection dans un tel cas de figure ne fait pas de doute. Combien d'électeurs réels à la primaire vont ainsi suivre sans réflexion personnelle, par réflexe, la présidente de la région Poitou-Charentes?
Sans doutes quelques milliers de voix qui peuvent faire pencher la balance. A quoi tient une élection, décidément...