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Billet de blog 13 mars 2012

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La France du NON

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

C'est la nouvelle cible électorale de Sarkozy. La France majoritaire qui a voté non au referendum sur le Traité Constitutionnel Européen en 2005. Il oppose ce clivage référendaire ouiouistes et nonistes pour dépasser le clivage gauche-droite. Il dénonce "l'Europe passoire", il l'accuse de libéralité en matière d'immigration, de protéger l'évasion fiscale... il reprend l'antienne anti-européenne à la mode et qui fait mouche. La France du non, peu importe s'il a toujours soutenu le TCE et son ersatz de Lisbonne, Nicolas Sarkozy se l'approprie. Il a sans doute raison : les Français, à gauche comme à droite, sont devenus anti-européens. On dénonce les scandales de la technocratie, on en appelle à la "souveraineté nationale", on se pose en populiste qui parle au nom du peule. C'est le lot de la présidentialisation à outrance des institutions.

Ce qui a été fait par Sarkozy à Villepinte, l'a aussi été, et depuis plus longtemps, par Jean-Marie Le Pen, puis aujourd'hui par se fille. L'Europe, l'Euro, les banquiers... les autres, les étrangers, notre "souveraineté nationale". Peu importe la réalité, peu importe le bouclier européen qui empêche encore les économies de ne pas exploser davnat la pression des fonds spéculatifs mondiaux, peu importe également si toute solution sérieuse aux défis organisationnels et environnementaux ne peut venir que de l'Union, d'un renforcement de la coopération et de la démocratie entre les peuples...

Les accents souverainistes, balayés autrefois, sont revenus au nom de la pêche aux voies du FN. Cet anti-européisme de Droite, virulent et sectaire, ne doit pas s'assimiler aux critiques de gauche de l'Europe. La simplification du discours, entre oui et non, pour et contre, mène à un dangereux amalgame. A gauche, beaucoup ont voté non au TCE pour plus d'Europe, plus de démocratie en Europe, plus de solidarité entre les Etats, plus de transparence dans les décisions, plus de pouvoir au Parlement et moins aux commissions et conseils qui émanent des Etats... leur "non" de 2005 a produit l'inverse : ce sont des chefs d'Etat isolés qui tirent, chacun vers lui, la couverture européenne, le Parlement ne fait que de la figuration, les commissions sont plus opaques que jamais, la solidarité en temps de crise devient conditionelle, l'Europe est le bouc-émissaire de gouvernements qui échouent, comme celui de la France. On dénonce la rigueur allemande, le laxisme grec, l'impéritie espagnole, la spéculation irlandaise, les Roms roumains... à chaque discours, les autres sont montrés du doigt, selon l'idée qu'il s'agit de défendre.

La gauche ne doit pas tomber dans ce piège. C'est un faux débat. Plus d'Europe, mais une Europe meilleure, démocratique et ouverte, coopérative et progressiste, sociale et solidaire. Qui, à gauche, est contre cela? Laissons donc là les débats institutionnels, les traités alambiqués, les procès d'intention : parlons de l'Europe que nous voulons et que nous aurons, pas de celle qu'ils nous laissent.

La seule France du NON, c'est celle du NON à Sarkozy.

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