Créer 60 000 postes dans l'éducation nationale en cinq ans. C'est décidément la mesure phare de François Hollande, la seule «grosse dépense» que s'autorise le candidat dans un programme à l'orthodoxie bugétaire assumée. La priorité à l'éducation, habilement mise en parallèle avec les places de prison promises par Sarkozy, est assurément un choix d'avenir. Personne ne peut le contester. Martine Aubry a d'ailleurs sans doute tort de ne pas faire sienne cette proposition... mais elle a insisté, lors des deux derniers débats pour poser des questions sur le financement. La première fois, François Hollande lui a rétorqué que c'était à peine le coût des redoublements.
Lors du dernier débat, elle a reposé la question du coût en mettant en avant la contradiction entre la réduction nécessaire des déficits impliquée par les objectifs de François Hollande et de telles promesses d'embauche. L'idée des redoublements est à nouveau timidement évoquée... mais les supprimer reviendrait à dégager des postes... et donc en fait de création, il s'agirait de redéploiements.
Soyons clairs, si les redoublements coûtent 2,5 milliards d'Euros... c'est en terme de salaires de professeurs essentiellement. Economiser ces 2,5 milliards reviendrait donc à supprimer des emplois de professeurs...ce qui annulerait, à quelque chose près, les 60 000 créations qui coûtent aussi 2,5 milliards. S'il s'agir de lutter contre les redoublements inutiles afin de mieux utiliser les moyens existants, tout le monde est d'accord, bien qu'il faille s'assurer que ces moyens seront bien affectés au service des élèves les plus faibles (classes à effectifs restreints, programmes de dédoublements et de soutien, aide personalisé).
S'il s'agit par contre de supprimer des postes en prétextant que les redoublements sont inutiles, c'est un drôle de tout de passe-passe qui fait diminuer la masse des élèves pour faire évoluer le ratio profs/élèves et ainsi ne pas avoir à réellement financer la réforme phare de François Hollande, l'annonce publique de la création de 60 000 postes à laquelle on doit assortir la clause de sauvegarde suivante : "sans suppression des postes existants".
Dans tous les cas, relier le problème de redoublement au problème de la création des postes est assez maladroit, si ce n'est pas malhonnête.
Si un soutien de François Hollande, qui tomberait sur ces lignes, pouvait nous éclairer sur ces calculs ou ses calculs... cela permettrait de lever un peu du flou qui hypothèque cette proposition emblématique de leur candidat.
