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Billet de blog 17 juin 2011

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A trop tourner à gauche, on tourne en rond

L'ancrage à gauche de l'immense majorité des Mediapartiens n'est pas à démontrer. La lecture d'un fil de commentaires choisi au hasard, quel que soit le sujet, suffit à le démontrer. Les derniers sujets qui font encore débat sont donc les sujets de société et les choix de stratégies politiques.

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L'ancrage à gauche de l'immense majorité des Mediapartiens n'est pas à démontrer. La lecture d'un fil de commentaires choisi au hasard, quel que soit le sujet, suffit à le démontrer. Les derniers sujets qui font encore débat sont donc les sujets de société et les choix de stratégies politiques.

"La gauche, la vraie". Ce genre de d'apostrophe, comme beaucoup d'autres ("le PS est-il encore à gauche?", "social-démocratie ultra-libérale", "ils n'ont de socialiste que le nom", "Mélenchon est de droite car il était au PS") que l'on peut croiser ici ou là n'est pas neutre. Cela vise en effet à mettre en avant dans le débat une artificielle cassure indépassable à gauche entre ceux qui ont participé à des gouvernements et ceux qui n'ont jamais obtenu la confiance des Français pour occuper des fonctions nationales.

Cette optique vise à obtenir du Front de Gauche en particulier, mais aussi d'EELV, une surrenchère permanente dans la dénonciation des turpitudes du PS. Cela est pourtant absurde, puisque Verts et Communistes (aujourd'hui rattachés à des mouvements plus larges) ont participé au gouvenement de Jospin tout comme Mélenchon. La vindicte de l'extrême-gauche contre les gouvernements socialistes tente d'associer à son isolationisme le reste de la gauche en ne visant que les électeurs déboussolés par le manque de cohérence du PS. Les électeurs de Droite, c'est certain, ne seront pas tentés par le vote trotskyste, il faut donc essayer de remuer le romantisme révolutionnaire chez les socialistes déçus pour espérer dépasser la barre des 5%. Voilà la stratégie qui handicape sérieusement la gauche actuelle.

Demander des gages tels que le refus de toute alliance, même sur un programme commun, au Front de Gauche et à EELV, c'est condamner le PS à faire cavalier seul et préparer la victoire de la Droite. Emietter sciemment la gauche dès le premier tour, c'est risquer un duel UMP-FN au second. Ils vous diront que l'UMPS, c'est égal, reprennant l'antienne de Marine Le Pen, le "tous pourris". On rabâchera que Jospin a privatisé et qu'il a accepté l'Europe. On fera peur avec des vilains sigles en les accusant de tous les maux : UE, FMI, OMC... sans même comprendre que ces outils internationaux ne sont que ce que nous en faisons.

La vraie question que doit donc se poser quiconque n'est pas aveuglé par la doctrine du purisme anticapitaliste, c'est "quel avenir je choisis?"

Deux réponse possibles : la Droite, encore, et un pourrissement de la question sociale, des cadeaux fiscaux aux riches, la fin de l'aide aux plus démunis, le renforcement de la société des inégalités, la destruction du code du travail et de l'humanisme. La Gauche de gouvernement avec des minsitres issus de toutes ses composantes (y-compris Clémentine Autain, Jean-Luc Mélenchon, Eva Joly, Pierre Laurent...) avec un nombre de députés assez conséquent pour éviter un PS omnipotent comme on l'a connu. La définition d'un programme commun et le choix du referendum pour les questions insolubles entre les composantes de cette union sont des étapes nécessaires. Une politique fiscale ambitieuse et une meilleure répartition des richesses et des droits, des progrès écologiques et des avancées sociales et sociétales sont possibles.

Cela fera bientôt vingt ans que la présidence est à droite, dix ans que le Parlement l'est aussi... le choix de s'isoler et de refuser l'union de la gauche n'a jamais permis aucune avancée sociale dans aucun pays. Aucune victoire électorale n'est possible sans rassemblement. Aucune avancée sociale n'est envisageable sans projet politique. Le mouvement social, si souvent évoqué, n'est que sur la défensive : défendre les retraites, le pouvoir d'achat, le code du travail... il faut avancer plutôt que de stagner dans un bras de fer stérile entre des élections qui donnent le pouvoir à la Droite et des manifestants de Gauche qui défilent sans fin jusqu'aux préfectures.

La surrenchère gauchisante est sans objet. Personne n'est apte à décerner des brevets de gauchitude. Il faut cesser toutes ces théories qui ne visent qu'à obtenir l'excommunication des socialistes par les intégristes du marxisme de tout ce qui ne rentre pas dans leurs cases préformatées. Il faut que le PS évolue, c'est une évidence. Il faut que le FdG affiche ses exigences et soit fort. Il faut qu' EELV porte sa différence et alimente le débat. Et après, ils faut qu'ils prennent leurs responsabilités et forment un gouvernement pour éviter de subir, encore Sarkozy et, à terme, Le Pen.

Cessons d'ostraciser, rassemblons. Sinon...

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