Cela ne se fait pas de parler de soi, mais cet article ne sera pas lu par grand monde, il n'est pas fait pour. Je me suis inscrit sur Mediapart cet été parce que je pensais que c'était le seul média à ne rien lâcher sur l'affaire Woerth-Bettencourt, pour soutenir cette entreprise journalistique, aussi. Un comme donner de l'argent à RSF ou acheter feu Siné-hebdo. Durant quelques mois, je n'ai fait que lire, et seulement les articles des journalistes. Comme je ne lis jamais le "courrier des lecteurs" dans les magazines, il ne me serait jamais venu à l'idée de lire les blogs des Médiapartiens.
J'avais toutefois conscience, de par la forme du journal, que la partie "part" du média m'échappait complètement. Un dimanche après-midi de désoeuvrement, j'ai donc posté un article ironique sur ma pseudo-sarkophilie ( ici ) qui s'est retrouvé à la Une. Puis d'autres, puis une édidtion : Sarkopédia. Pris au jeu, piqué d'intérêt, je me suis mis d'abord à publier régulièrement, puis à commenter, les billets de blog comme les articles des journalistes.
A ce petit jeu, on rencontre et on échange, c'est vieux comme Internet, on croise des gens ouverts et sympathiques, puis d'autres. Peu habitué à ce genre d'exercice, je n'ai pas souhaité changer mon nom pour un pseudo. C'est mon vrai nom qui apparaît systématiquement. Je trouve d'ailleurs que cela n'est pas très fun, le pseudo apportant une information poétique, alors qu'un vrai nom est bien souvent d'une neutralité anonyme. Je n'y pris pas garde, mais très peu conservent en fait leur nom.
En lisant certains billets, et surtout certains commentaires sur des articles des journalistes de Mediapart (comme celui-ci sur WikiLeaks), j'ai vu que les Mediapartiens réclamaient toujours plus de transparence et d'engagement politique et citoyen. Plusieurs articles d'Edwy Plenel ont d'ailleurs, au plus fort de l'été, poussé dans ce sens. Si je résume donc, nous avons des citoyens qui affichent des positions par ailleurs respectables avec courage... mais derrière un pseudo. Nous avons des militants de la Transparence masqués. Des commentateurs du travail journalistique et professionnel qui jugent, condamnent et invectivent... dans l'anonymat.
Il est dangereux (relativement, nous ne sommes pas encore en Chine) de donner des informations sur ses opinions sur Internet. Cela peut être discriminatoire dans de nombreux secteurs professionnels. Mais je pense tout de même qu'il est nécessaire de signer ses articles, ses commentaires, comme le font les journalistes, pour gagner en crédibilité. Eux, ne peuvent pas faire n'importe quoi, ils sont soumis à des règles de déontologie et il leur est interdit de calomnier, désinformer ou fabuler. Nous ne sommes pas des journalistes. Respectons leur travail.
Cela me désole de tomber sur des posts homophobes (ici) , des billets pétinophiles (là) ou des commentaires qui prétendent que le 11/09 est une machination, qu'on cache la secrète raison du crash de l'airbus Rio-Paris ou d'attentats à la bombe (encore ici, commentaires de "kamomil"). La liberté d'expression a des limites, définies par la loi. Je trouve Mediapart déjà bien tolérant de permettre la diffusion de certaines opinions indélicates et nauséabondes.
Si c'est comme citoyens que nous nous exprimons, alors affichons nos identités, assumons les conséquences de nos convictions. Acceptons de voir notre nom associé sur Internet à nos idées. Halte aux pseudos, donc.