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Billet de blog 18 mars 2011

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Vive la Libye! Feu sur Kadhafi!

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La décision du Conseil de Sécurité de l'ONU, quoique tardive, redonne espoir à la Libye. La foule de Benghazi ne s'y trompe pas, hier résignée, aujourd'hui en liesse. La clique de Kadhafi non plus, hier arrogante, aujourd'hui conciliante.

Les frappes aériennes vont commencer dès ce matin. Courage aux pilotes des pays engagés : vous combattez pour la liberté. La place de la France dans cette décision doit être une fierté pour nous. Sur ce dossier, indépendament de nos opoinions politiques à droite ou à gauche, le positionnement de la France a été clair et moteur dans le déclenchement de cette action internationale. Il appartiendra à des gouvernements comme celui de l'Allemagne de justifier leur position devant les électeurs.

Nicolas Sarkozy, malgré ses errements passés et ses compromissions, d'ailleurs à fouiller, avec Kadhafi, a tout de même su prendre, le premier, la décision de soutenir les révoltés et le gouvernement de transition de Benghazi. Ces déclarations non concertées ont peut-être manqué de diplomatie et ont cambré dans leur immobilisme certains pays, mais elles ont eu le mérite de lancer le vrai sujet : une intervention militaire. Le conditionnement de cette intervention à une décision onusienne n'a pas été très heureux, il a failli avoir raison de l'initiative franco-anglaise.

La diplomatie française, à New-York et à Bruxelles, mais aussi dans les pays arabes a su reprendre la main et a tenu à racheter l'image déplorable étalée par l'ambassadeur Boillon et l'ancienne ministre Michèle Alliot-Marie en Tunisie. Son activité, dirigée par Alain Juppé s'est révélée efficace et professionnelle, discrète et convaincante : les diplomates français, comme ils l'avaient prouvé lors du déclenchement de la guerre d'Irak, sont capables de mener des négociations et de faire entendre la voix de la France au plus haut niveau.

Cela met aussi en lumière, par contraste, les fautes qui ont été commises en Tunisie. Le Quai d'Orsay ne doit pas être négligé par l'Elysée, il doit être un service qui fait autorité et dont les avis sont suivis. Il n'y a pas de place pour un cabinet occulte à l'Elysée, pour des carrières diplomatiques de copinage, pour les Sarko-boys. Il faut rendre à la fonction de ministre des affaires étrangères toute son importance... Alain Juppé l'a bien compris en arrivant au ministère : les temps de l'inaction (Kouchner) et de la compromission (Alliot-Marie) sont révolus. Claude Guéant a été recasé à l'Intérieur, plus qu'un symbole, une garantie de son éviction des affaires internationales. Ses déclarartions proches de l'islamophobie et dignes de son prédeccesseur, arrivent d'ailleurs à contre-courant de ce qui se passe de l'autre côté de la Mediterranée.

Les Français, sur le sujet de la Libye, peuvent être fiers de l'action de leurs diplomates. Ils doivent maintenant soutenir les soldats engagés et surveiller qu'ils n'outrepassent pas l'aide attendue par les insurgés de Benghazi. La vigilance citoyenne doit garantir que la Libye ne se transforme pas en Irak ou en Afghanistan. La création d'une Union de la Méditerranée prend désormais tout son sens, puisque les pays de la rive sud s'engagent dans la voie de la démocratie et du respect des droits de l'homme.

On peut regretter que la voix de la Gauche, à l'occasion de cette affaire, soit restée, une fois de plus, inaudible. La peur d'être sur la même ligne que Sarkozy l'a emporté sur les convictions. C'est bien regrettable et pas très responsable. A leur décharge, le Sarkozisme traîne tellement de casseroles, y compris dans ses relations avec la Libye, qu'il est dur de soutenir la moindre de ses positions. Dans ce cas, il fallait pourtant le faire, le devancer même, et réclamer que les promesses faites très tôt soient tenues au plus vite.

De 1789 à 2011, voilà le meilleur produit exporté par la France : la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen. C'est un savoir-faire, en matière de sécurité, qui a fait ses preuves et qui garantit mieux la stabilité des régimes que toutes les grenades que voulait vendre MAM aux dictateurs en perdition. Cette date doit être un tournant dans notre politique étrangère : fini le temps des contrats, retour à celui du Droit.

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