L'affaire DSK, puisque c'est ainsi qu'on en parle en France, entraine dans toute la population des réactions passionnées. Contrairement aux premiers jours, on ne prend plus vraiment la peine d'affirmer la présomption d'innocence. Si on le fait encore, on est accusé de complaisance.
Inversement, les attaques contre la femme de chambre du Sofitel, nous ne la connaissons que sous cette fonction, sont également inadmissibles. J'ai écrit que DSK était innocent jusq'à preuve du contraire, il en va évidement de même pour celle qui l'accuse. Cette jeune femme ne mérite en rien les accusations sans fondements qui fusent : du complot au traquenard, ce ne sont pour l'instant que de gratuites suppositions. Les attaques stupides qui peuvent être faite à son encontre sont donc à proscrire, comme le rapelle Mathieu Magdauneix (lien).
Rien ne permet de condamner DSK a priori, comme rien ne permet de nier le témoignage de la jeune femme a priori. Si DSK est un criminel, il faut absolument que le procès criminel aille au bout, et qu'il soit condamné aussi sévèrement que le prévoit la loi. S'il est victime d'une machination, il a les moyens de le démontrer car la justice américaine lui offre les garanties suffisantes du droit de se défendre, comme le rappellait le procureur qui commenatit sa remise en liberté surveillée sous caution. La pire des solutions, pour l'idée de justice, serait, comme le ralayait Thomas Cantaloube (lien), que le procès pénal soit éludé et qu'un procès civil marqué du secret aboutisse à un accord amiable sujet de toutes les spéculations et de toutes les suspicions. Pour l'instant, l'affirmation qu'il plaidera coupable semble montrer la détermination de DSK. De même, la jeune femme, par la voix de ses avocats, ne semble pas prête à négocier.
Un crime ne se prévoit pas à l'avance. Un complot ne peut pas être invoqué à la légère. Dans l'attente du procès, il serait donc plus avisé de cesser les procès d'intention et les condamnations préalables de l'un ou de l'autre. L'erreur judiciaire, toujours possible, ne doit pas être brandie avant le verdict, comme inéluctable. L'évocation de l'affaire Dreyfus, sous-entendant de l'antisémitisme, par Jean-Pierre Chevènement est, en particulier à New-York, totalement absurde. Comme il est stupide de condamner par avance DSK parce qu'il est riche et puissant, ou de remettre en cause le témoignage de la jeune femme parce qu'elle est humble.
Au niveau politique, les cafouillements du PS sont absurdes : ils essaient d'opter pour la com la mieux adaptée, alors qu'il s'agit de s'appuyer sur des principes clairs. C'est à dire que DSK, toujours innocent, est toujours membre du PS. S'il s'avère qu'il est condamné dans un procès équitable pour une agression, de quelque nature qu'elle soit, il n'est évidement plus digne de représenter un parti attaché à la défense du droit des femmes et des plus faibles, de par son histoire et sa culture.
Les attaques de la droite et de l'extrême-droite sur la question des moeurs doivent être combattues, au-delà de l'affaire, sur celui de la loi républicaine. Si les députés UMP veulent que la presse française, à l'instar de celle anglo-saxonne, aille déballer la vie intime de tous les personnages publics, c'est un débat qui peut être mené. Personnellement, je préfère que l'on choisisse les dirigeants sur leur compétence, plutôt que sur leur activité sexuelle, leur religion ou leur vie familiale.
L'idée du complot, visant à accuser DSK ou visant à le disculper par avance de tout, est tout aussi infondée dans les deux cas, tant qu'aucun élément d'enquête ne sera venu corroborer ces théories. La vraisemblance et la vérité sont parfois différentes, le respect de deux êtres humains mérite que leur parole ne soit pas galvaudée par avance.